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Can 2006 : Comment les Lions sont tombés (06.02.2006)
Un Cameroun méconnaissable désillusionné en quarts de finale
par une Côte d`Ivoire calculatrice.
Emmanuel Gustave Samnick, au Caire
Assailli par les journalistes à la sortie du match Cameroun-Côte d`Ivoire de samedi dernier au stade militaire du Caire, le légendaire Roger Milla s`est montré étonnamment courroucé quand nous lui avons demandé pourquoi, selon lui, les Lions indomptables ont copié le rythme des Ivoiriens qui sont venus manifestement pour attendre la séance des tirs au but : "Mais nous venons de voir un très grand match, vous parlez de quoi? Si vous ne connaissez pas le football, il faut éviter d`affirmer des choses comme ça. Les Lions ont très bien joué, en se créant de nombreuses occasions, mais ils n`ont pas seulement eu la chance de les concrétiser". Soit !
Sans s`énerver, un autre ancien Lion indomptable, Joseph-Antoine Bell, qu`on ne saurait soupçonner d`être analphabète en football -cette science ésotérique que certains responsables camerounais persistent à croire qu`ils possèdent en exclusivité- a une tout autre analyse. L`ancien gardien de buts devenu commentateur de matches pour Radio France internationale (Rfi) nous a dit à la mi-temps qu`il n`était nullement surpris par la pauvreté du jeu que l`on voyait, parce que la réussite maximale d`Eto`o et la faiblesse de l`opposition lors du premier tour avaient donné l`illusion que l`équipe du Cameroun était une terreur.
Les données avaient donc changé pour ce quart de finale contre la Côte d`Ivoire. Samuel Eto`o était moins fringant que lors de ses trois premières sorties à la Can 2006. Aucune tentative de loin, et une occasion en or gâchée par l`attaquant du Fc Barcelone à la 39ème minute alors qu`il avait éliminé le dernier défenseur et qu`il s`est retrouvé tout seul devant Jean-Jacques Tizié. C`était un jour sans pour le meilleur buteur de la Can 2006, qui avait réussi aussi une percée infructueuse dans la défense ivoirienne à la 26ème minute et frappé de la tête vers le but à la réception d`un beau centre de Daniel Ngom Kome. La quatrième occasion camerounaise durant les 90 minutes est venue du latéral gauche Timothée Atouba, qui a vu sa frappe puissante de 30m déviée en corner par un Tizié vigilant, peu avant la fin du temps réglementaire.
Pendant ce temps, que faisaient les Eléphants de Côte d`Ivoire? Rien. Ils attendaient des Lions inoffensifs et balançaient de longs ballons à leurs deux attaquants véloces, Drogba et Aruna Koné. Une stratégie qui a failli payer une seule fois, dans un cafouillage dans la défense camerounaise à la 25ème minute de jeu. Aidés
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par un Mohamed Guezzaz, le complaisant arbitre marocain, les Ivoiriens ont aussi multiplié les actes d`anti-jeu sur les attaquants camerounais, martyrisant les jambes d`Eto`o à plusieurs reprises et provoquant la sortie de Webo sur blessure.
Tactique ivoirienne
Après une heure et demie d`ennui, c`est dans les prolongations que l`on a pu enfin voir un vrai match de football. Le but précoce de Bakary Koné, d`un tir au ras du poteau droit de Souleymanou, dès la première minute de la première mi-temps des prolongations a en effet permis de libérer les énergies endormies. Une victoire tactique et de coaching de Henri Michel, qui a fait entrer l`attaquant de poche de Nice à la place d`un milieu récupérateur (Yaya Touré) juste avant l`entame des prolongations, pour constituer un trio offensif Drogba-Aruna Koné-Bakary Koné. L`audace a payé.
Les Lions indomptables, une fois blessés, ont alors décidé de faire le siège de la défense ivoirienne. Geremi Njitap touche le poteau gauche de Tizié, et Albert Meyong Ze égalise dans la foulée, sur un nouveau service du virevoltant Ngom Kome désigné, à juste titre, homme du match Mtn/Caf. Deuxième but de l`attaquant de Belenenses dans la compétition, au moment où Artur Jorge s`apprêtait à le remplacer par Pierre Boya. Les Lions vont encore pousser pour faire plier l`adversaire, mais ils ont peut-être commencé à accélérer trop tard.
La machine à déborder, Douala Mbella, a été laissé sur le banc pendant 80 minutes, au profit d`un Olembe une nouvelle fois transparent. On se demande encore pourquoi de tels choix, alors que c`est l`équipe du Cameroun qui faisait peur à tout le monde ici, y compris la Côte d`Ivoire, laquelle a finalement bien joué son coup. "Je suis très fier de notre match. Notre victoire est méritée", s`est enthousiasmé Henri Michel qui ne pense même pas encore à la demi-finale : "laissez-moi savourer la victoire d`aujourd`hui contre le Cameroun que j`espérais depuis longtemps". Abdoulaye Méité, le défenseur réserviste, lui, pense que "comme on a gagné le Cameroun, on n`a plus peur de personne". Le sélectionneur des Lions indomptables, Artur Jorge, toujours placide : "Nous avons eu plus d`occasions que nos adversaires ; ils ont eu plus de chance que nous".
La loterie des tirs au but a en effet souri aux Eléphants. Mais qu`elle était belle, cette séance à couper le cœur, avec 22 penalties frappés à la perfection! Il fallait que quelqu`un mette fin à la série, et ce sera malheureusement Samuel Eto`o lors de son deuxième passage à l`épreuve. Un exercice dans lequel son rival ivoirien Didier Drogba n`a pas échoué.
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