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Football-D1 : La fin des grands ? (28.10.2005)
Racing, Union et Tonnerre se battent contre la relégation et l’oubli comme Oryx, Caïman, Léopard, Dynamo…
1971. Le Cameroun s’apprête à organiser son 1er événement sportif majeur depuis l’indépendance, la 8e coupe d’Afrique des Nations. Michel Njine, ministre de la Jeunesse et des Sports, entend amener les équipes locales de football à se démarquer des socles tribaux sur lesquels ils ont été battis en introduisant dans leur structure dirigeante des membres originaires d’autres ethnies qu’à celles qu’on les identifie. Le ministre entreprend d’ailleurs de codifier la future composition poly ethnique des instances dirigeantes de ces équipes. L’initiative est modestement appréciée au plus haut niveau de l’Etat. Le 9 mars 1971, François-Xavier Ngoubeyou remplace Michel Njine qui sort du gouvernement.
A cette époque, le gouvernement de Ahmadou Ahidjo semble tirer profit de ce cloisonnement qu’il encourage par ailleurs si l’on s’en tient à l’implication des autorités administratives dans le fonctionnement des équipes de football. Pour de nombreuses générations, Samson Ongoto, préfet de la Menoua, est resté dans les esprits comme le "préfet de l’Aigle de Dschang". A cette époque, le club appartient à une ethnie, un clan, une région, un canton et bénéficie du soutien de pratiquement tous ceux qui se revendiquent de ces regroupements.
L’union sportive de Douala créée en 1958 est un prolongement de l’association "Jeunesse bamiléké de New-Bell". Avec la Dynamo de Douala des Bassa, l’Union permet à certains allogènes d’avoir leurs équipes qui viennent se greffer à L’Oryx, vainqueur de la 1ère coupe d’Afrique des clubs champions en 1965 face à l’Ashanti Kotoko de Koumassi, fierté du canton Bell. Le Caïman Akwa club et les "Bana ba Njoh" du Léopard de Douala sont les porte-étendards de deux autres cantons de Douala que sont les Akwa et les Deïdo. Face à ces clubs qui bénéficient d’un imposant soutien populaire, des pépinières comme Eclair de Douala sont incapables de tenir leurs prodiges que son Milla, Nkono, Bell, Bahoken…
A Yaoundé, la capitale du pays, le Canon de Yaoundé est la 1ère équipe locale à avoir vu le jour. Un schisme qui survient dès le premier trophée remporté par cette équipe formée des "indigènes évolués" qui affrontait des colons va donner naissance au Tonnerre de Yaoundé, l’équipe des Mvog-Ada, fâchés avec
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leurs cousins Mvog-Atangana Mballa.
Apogée
Dès les années 70, ces différentes équipes qui trustent les titres nationaux et derrière lesquelles il y a une confluence d’intérêts financiers et politiques vont avec succès à la conquête de l’Afrique. Un trio se dégage. Union de Douala, soutenu par les commerçants Bamilékés. Canon de Yaoundé qui est présenté comme ayant les faveurs du président Ahidjo et partant de la baronnie de l’Unc, le parti unique, qui n’hésite pas à utiliser ses positions de pouvoir pour faire profiter de quelques libéralités aux Mekok me Ngonda. Tonnerre est le 3e larron qui s’adosse sur quelques grandes familles autochtones de la capitale. Le Tkc séduit des jeunes fonctionnaires rentrés d’Europe et qui ne pouvant pas toujours clamer leurs désaccords avec la manière dont la chose publique est gérée, opèrent une petite dissidence vis à vis des anciens en donnant leur préférence à cette équipe et non au Canon. En plus avec leurs diplômes obtenus chez les Blancs, ils sont bien plus proches du "kalara" (le livre en langue ewondo) emblème du Tonnerre. Les joueurs dans ces clubs sont recrutés dans des sociétés parapubliques que dirigent des membres influents des clubs.
Dès 1983, les luttes de pouvoir et les batailles de génération qui ont cours à la tête de l’Etat dérivent incidemment dans les clubs où on entend rompre avec les dirigeants de la 1ère heure, ces présidents paternalistes qui, successivement se voient déposséder de "leur chose". Un cycle d’instabilité avec à chaque fois des désaffections qui réduisent l’assise populaire et partant financière du club.
A la faveur des découpages administratifs qui multiplient des unités, ceux qui supportent de moins en moins la rude compétition imposée pour le contrôle de ces mastodontes érigés en clubs de tradition replient vers leur zone d’origine pour se construire une aura. Souvent en essayant de donner une dimension nationale à un club local. Une propension qui sera renforcée avec l’ouverture du champ politique qui va devenir un gouffre financier qui va reléguer au second plan le football. Les antagonismes se cristallisent avec plus de véhémence, l’argument tribal est réisntrumentalisé. Les clubs perdent peu à peu le soutien populaire et vivotent désormais au gré d’un mécène sporadique, n’ayant pour fond de commerce qu’un glorieux passé lointain
Junior Binyam
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