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L`autre Can . (17.09.2004)
Emmanuel Gustave Samnick
Y a-t-il en Afrique une équipe nationale capable de détrôner le Nigeria sur le toit du football féminin africain? A la veille de l`ouverture de la quatrième édition de la Coupe d`Afrique des nations (Can) de football féminin, les Falcons paraissent en effet hors d`atteinte. Le Nigeria a gagné les trois premières éditions (1998, 2000 et 2002), sans vraiment forcer son talent, à chaque fois sur le score de 2-0, que ce soit devant le Ghana ou l`Afrique du sud. Les Lionnes du Cameroun, elles aussi, ont déjà eu à goûter douloureusement à la force de frappe des Nigérianes: 0-6 en demi-finale de l`édition 1998 et 0-3 en match de poule en 2000. L`ogre nigérian sera t-il enfin renversé sur les terrains sud-africains?
Si le Cameroun aborde cette compétition le coeur gros comme ça, déterminé à ne plus seulement figurer sur le podium mais à monter sur la plus haute marche, il semble bien que l`équation nigériane sera encore la plus difficile à résoudre. Les pouliches de l`entraîneur Charles Kamdem sont encore tombées dans le groupe des Falcons, qu`elles rencontreront mercredi prochain à Johannesburg. Le Nigeria est une grande puissance du football féminin en Afrique, et ce n`est pas un hasard si quatre des dix-huit joueuses camerounaises sélectionnées, dont la capitaine Bernadette Anong, pour Afrique du Sud 2004, évoluent dans des clubs de ce pays.
Le Cameroun, qui n` a plus un championnat national digne de ce nom, a-t-il donc les moyens de rivaliser d`égal à égal avec son puissant voisin? Nous sommes heureux d`entendre le coach Kamdem et ses joueuses se gonfler d`optimisme. Mais, à la vérité, damer le pion aux Falcons, archi-favorites de la compétition, sera un authentique exploit. Pas un miracle, on en convient.
Pour le public sportif camerounais, ce sera une véritable découverte. Compte tenu de tous les problèmes d`organisation que connaît le football féminin dans notre pays, on n`a en effet que très rarement l`occasion de voir un match se dérouler localement. Quelques regroupements ponctuels ici et là, davantage au niveau provincial que national, et jamais une véritable compétition suivie, avec un calendrier rigoureux. Si
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le football est le sport-roi au Cameroun, sa version féminine semble définitivement être le parent pauvre de la famille royale.
Pourtant, ce ne sont pas les vocations qui manquent. Les jeunes filles ont depuis longtemps tourné le dos au complexe de genre et s`adonnent avec joie et ferveur à la pratique du football. Dans des conditions sans cesse difficiles: terrains vagues et caillouteux, précarité de l`encadrement, absence totale de financement et de sponsoring, compétitions locales aléatoires, équipements personnels approximatifs...
En cela, un coup d`éclat des Lionnes indomptables à la Can 2004 pourrait donner un excellent bol d`air au football féminin camerounais. Du moins, on l`espère! Car, que n`a pas encore fait (en dehors de remporter la Coupe du monde) le football masculin dans ce pays pour mériter de meilleures infrastructures, une meilleure organisation, une gestion professionnelle, une planification? Six coupes d`Afrique des clubs, quatre Coupes d`Afrique des nations seniors, deux Coupes d`Afrique des nations juniors, deux médailles d`or des jeux africains, une Coupe d`Afrique des nations cadets, une médaille d`or olympique et plein de sensations dans des phases finales de Coupe du monde, et toujours l`unique stade de Garoua construit depuis les deux de Yaoundé et Douala, bâtis en 1972 dans le cadre de la seule Coupe d`Afrique des nations de football organisée au Cameroun.
Il n`y a d`ailleurs aucune excuse pour que les performances du football masculin ne produisent pas des retombées positives au Cameroun. Ce football-là, lui, génère de l`argent. Enormément! Il attire les foules, les sponsors, les investisseurs, et la considération planétaire.
Si les exploits internationaux de ce football masculin n`ont jamais produit les effets de développement espérés, ce n`est certainement pas avec le football féminin, qui se bat déjà contre sa marginalité, qu`on assistera à une révolution. Mais, pour leur couronnement personnel, les filles ont raison de rêver d`un sacre continental. Même si, contrairement à ce qu`elles pensent, une nouvelle médaille de bronze sera déjà une très belle performance, et il ne faudra pas cracher dessus.
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