|
|
Jean Pierre Ndjemba, ancien footballeur et candidat au poste de directeur général de la Fécafoot (20.04.2006)
“ Mon défi est de redonner toutes ses lettres de noblesse à notre football ”
Depuis quelques semaines, la course à la succession de Prêcheur au poste de directeur général de la Fédération camerounaise de football est lancée. Parmi les candidats déclarés, il y a Jean Pierre Ndjemba, ancien footballeur reconverti aux affaires. Titulaire d’un doctorat 3è cycle en économie, il est certainement, au regard de son curriculum vitae, l’un des candidats à prendre au sérieux. Même si une certaine opinion a en mémoire quelques entreprises par lui amorcé et qui se sont soldées par des bides. Le Messager l’a rencontré à Yaoundé, et il a accepté de livrer ses impressions.
La nouvelle s’est répandue dans les médias d’abord à Douala, puis récemment à Yaoundé. Jean Pierre Ndjemba Elemva, vous êtes bien candidat au poste de directeur général de la Fécafoot ?
Je persiste et je signe. Moi, Jean Pierre Ndjemba Elemva, ancien footballeur et économiste de formation, je suis candidat au poste de Directeur Général de la Fecafoot.
Avez-vous conscience des enjeux d’une telle entreprise ?
Comme vous le dites si bien, les enjeux d’une telle implication sont effectivement de taille. J’en suis le premier conscient. Pour s’en convaincre, il suffit d’assister aux rencontres du championnat qui se déroulent systématiquement devant des gradins vides. Même les rencontres internationales interclubs laissent le public indifférent. Les Camerounais en sont réduits à attendre les prestations du week-end de Samuel Eto’o avec le Barça sur le petit écran. Le comble, c’est que tout le monde se déporte systématiquement sur les chaînes câblées étrangères qui ont l’exclusivité de la diffusion de ces images chez nous et ce, au grand dam de nos chaînes locales, à des heures pourtant qualifiées de prime-time. La nouvelle direction générale devra donc s’employer à relever le défi, afin qu’à nouveau le football au Cameroun soit attractif, viable et crédible. C’est possible.
Pensez vous alors que vous êtes vraiment l’homme de la situation ?
Je me refuse à faire croire que je suis l’homme providentiel. Il faut être modeste mais pragmatique. Ce qu’il faut aujourd’hui à la Fécafoot est un directeur Général apte à susciter un nouvel élan. Qui soit à mesure d’analyser la situation en profondeur, sans complaisance, puis de proposer aux instances électives, à la tutelle des sports, les mesures de salut public que tous les Camerounais attendent. Une personne-ressource ouverte à toutes les composantes de la famille du football. En fait la grande reforme tant attendue devrait avoir pour ambition, de répondre aux attentes des joueurs, des dirigeants, du public, des partenaires. Rien ne doit donc être décrété d’autorité.
Réaliser une aussi noble ambition requiert pour “ l’heureux élu ” qualités intrinsèques incontestables. Mon curriculum vitae académique, professionnel et sportif, j’en suis convaincu, plaide en ma faveur. J’espère seulement que le processus de choix du nouveau directeur général se fera dans les règles de l’art. Tout tripatouillage ne fera que différer sine die la grande cure de notre football.
Pour vous, c’est quoi exactement le football au Cameroun aujourd’hui ?
Depuis plus d’une décennie, le football national s’illustre malheureusement par des conflits en cascade. Conflits de compétence entre les institutions ; conflits de personnes. Avec les interpellations récentes de certains dirigeants de notre football au niveau de la police judiciaire et du parquet, cette crise a atteint son paroxysme. A quand donc la trêve des confiseurs ? Ce qui est sûr est qu’un tel climat n’est pas propice à l’épanouissement de notre sport-roi. Vivement que tout cela s’achève, que la confiance
|
revienneet qu’à nouveau on reparle de football, du vrai. Celui du terrain, de la condition du joueur qui produit le spectacle. Des problèmes graves que rencontrent les dirigeants des clubs, des infrastructures, de la formation de base ainsi que celles des formateurs, du financement etc. Il faut sans plus attendre, s’attaquer résolument à ces problèmes. Pour ce faire, la Fécafoot a besoin de la contribution de la puissance publique, et l’Etat pour sa part, a besoin d’une fédération performante. Une concertation intelligente, dans l’intérêt supérieur de la nation, devrait guider notre action.
Toute fois on a du mal à connaître exactement qui est Jean-Pierre Ndjemba, ancien footballeur, entrepreneur culturel, ou alors homme d’affaires aux réussites controversées. Comment vous définissez vous ?
C’est pourtant facile. Ma vie a toujours eu un caractère public. Dès l’âge de 16 ans, en 1966, j’ai démarré ma carrière en première division au stade de l’hippodrome, avec entre autres des joueurs tels que Nlend Paul, Ndongo Gaston etc. Ma première sélection en équipe nationale intervient d’ailleurs très vite, quelques mois plus tard, à l’occasion d’une tournée de préparation dans le Grand Nord, en même temps que feu Akoa Django, Moutassie, Manga Onguené etc. Nous y avons trouvé des joueurs légendaires comme Mbappe Lepé, Mbette Isaac, Ndo Nna Georges, Emmanuel Koum, Moukoko Confiance etc. Le football champagne que nous pratiquions dans ce club a été récompensé par deux coupes du Cameroun contre le grand Caïman de Douala de Petit Ngando, Mboma, Kingue Kalla, Bekombo … C’était une période de rêve.
J’ai par la suite poursuivi ma carrière en France à un niveau appréciable. Mes contraintes académiques ne m’ayant pas permis de me jeter résolument à l’eau. C’est en tout cas le temps du Stade de Reims, de Troyes, Malakooff puis le Racing Club de France où j’ai terminé ma carrière avec des joueurs prestigieux comme Jean Michel Larqué, ancien capitaine du grand Saint Etienne, et aujourd’hui consultant sportif de référence à la chaîne de télévision française Tf1. De retour au Cameroun en 1980, j’ai démarré ma vie active à la Société nationale des hydrocarbures, d’où je suis parti en 1986. Aujourd’hui, je suis consultant en gestion et recouvrement, promoteur culturel et consultant permanent à la Crtv télé, pour les compétitions haut de gamme (Can, Champion’s League et bientôt Coupe du monde).
Comme vous le voyez il s’agit d’un parcours atypique qui illustre à souhait mon tempérament particulier. Je suis très indépendant d’esprit. Je ne m’attarde point sur les échecs, j’essaye d’en tirer les meilleurs enseignements pour la suite de mon parcours. Dans ma vie, je n’ai toujours fait que ce qui me plaît. Les considérations strictement financières n’ont jamais constitué ma motivation profonde ; sinon j’aurais tranquillement poursuivi ma carrière à la Snh où on me proposait la direction d’une filiale importante. Ce challenge ne m’intéressait pas, et j’ai décliné. J’en ai peut être pâti sur le plan matériel, mais jamais sur le plan moral ou éthique. L’essentiel dans la vie c’est d’être bien dans sa peau. L’argent a une importance secondaire. L’actualité que nous vivons au Cameroun le démontre à souhait. Vivement le retour aux valeurs universelles. Redonner toutes ses lettres de noblesse à notre football, constitue pour moi un défi particulièrement excitant à relever. En est-il de même pour ceux qui sont appelés à choisir la personne-ressource qui donnera une implication nouvelle à ce football camerounais qui a tant fait rêver la planète par ses exploits, mais dont l’archaïsme dans l’organisation et la réalité infrastructurelle laissent pantois ? L’avenir nous édifiera.
Par Entretien mené par Jean François CHANNON
|
|
|
|
|
|
Hits: 5859 | lemessager.net
| | | Toutes les ( 0 ) Réactions
|
|
|
Pour réagir, vous devez être connecté. Enregistrez vous et connectez vous.
|
Première page
Toute l' actualité
|
|
|
|
|
| |
|