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Football Camerounais : L’heure du grand défi (01.08.2007)
Notre sport roi est un géant aux pieds d’argile. Il faut lui donner un socle, une véritable assise, en somme de la consistance.
Par Jean Pierre Ndjemba Elemva
Tout sursaut salvateur ne pourra, s’il se veut efficace, émaner que d’un élan collectif. L’ampleur de la tâche est telle que toute initiative isolée est vouée à l’échec.
Que ne l’a-t-on déploré dans les médias notamment depuis des lustres, dans les bars, les rues… en pure perte. Tout ce bouillonnement, ce déchaînement de passion n’a abouti qu’à un seul résultat, la condescendance de plus en plus affichée de la minorité aux affaires. Comme dit l’adage, " le chien aboie, la caravane passe ". C’est donc le statut quo.
Même le public, phénomène rarissime en d’autres temps, a déserté les arènes, par dépit. Deux cent spectateurs au stade Omnisport de Bepanda, pour la rencontre SFAX de Tunis, Astres de Douala en champion’s League Africaine. Qui l’eut cru ? Tout le monde s’y accommode. Y compris la télévision, dont les techniciens sont passés maîtres dans l’art d’occulter les gradins. Ça ferait désordre.
Face à ce scénario catastrophe, faut-il se résigner par fatalité?
La réponse est bien entendu négative. Nous n’en avons pas le droit. Même si le rubicon est franchi. L’espoir de toute une jeunesse et de tout un peuple, qui s’identifie à son football doit être maintenu. Au terme de son combat, la DAF souhaite que la condition du footballeur soit revalorisée, que les infrastructures sportives soient modernisées et renforcées, que le football d’élite soit rapidement professionnalisé, que les jeunes soient mieux encadrés, que les laissés pour compte que sont les femmes, les vétérans, les handicapés soient enfin partie prenante, que les acteurs du beach soccer et du footsalle, qui offrent d’importantes possibilités de développement soient intégrés sans réserve dans la grande famille du football. En somme, que la
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gestion de notre football se modernise et s’ouvre à tous les courants.
L’immigration à tout prix ne doit plus être une fatalité. Pour la majorité de nos jeunes qui se retrouvent au terme de leur parcours insensé parqués dans les réserves de sans papiers ans les pays d’accueil, traqués par une répression de plus en plus inhumaine, insoutenable, aveugle, jusqu’au jour où, pris dans l’étau, ils seront rapatriés manu militari au bercail, toute honte bue.
Que de destins ébranlés !
Il faut le reconnaître, j’en porte personnellement une part de responsabilité. En organisant dès les années 70 les fameuses tournées des footballeurs professionnels africains de France dans leur terroir, Ibrahim Soumaré , du Journal Jeux d’Afrique, Paul Bernetel de Demain l’Afrique et le brave Général Laure, gendre du tout puissant Amaury, propriétaire des marques de cigarettes Gitanes et du Journal le Parisien Libéré entre autres et moi-même, n’avions pas conscience du rêve insensé que nous allions susciter auprès des jeunes footballeurs africains évoluant dans leurs pays. J’ai encore en mémoire toutes ces questions pleines d’envie et d’admiration que posaient ceux de la génération Mbida Arantes à des Stars telles que François Mpele, Nabatingue Toko, Boubakar Sarr, Michel Ngom, Jean Pierre Tokoto, Nordine Kourichi, Moustapha Dalheb et tous les autres.
Si pour quelques privilégiés particulièrement doués le rêve s’est réalisé par la suite avec bonheur, pour la majorité d’entre eux, il s’est malheureusement terminé par un véritable cauchemar. Beaucoup sont encore en villégiature dans les pays hôtes, errant comme des âmes en peine.
Pour la DAF, il faut arrêter le carnage. Il est possible de sédentariser nos jeunes footballeurs. Il suffit de leur créer céans, les conditions optimales de leur épanouissement. Ce n’est qu’une question de volonté collective.
Tel est notre grand enjeu, notre défi à tous.
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