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Roger Milla : Le mythe vivant se livre dans une autobiographie (03.04.2006)
Jeudi 6 avril 2006, Milla procédera à la dédicace de son ouvrage consacré à sa propre vie. Ce sera au Palais des congrès de Yaoundé.
“ L’épreuve de ma foi ou l’histoire d’un buteur devenu ambassadeur ”. C’est une autobiographie de Albert Roger Milla, éditée par “ Cœur d’Afrique ”. Un livre que le public sportif attendait depuis 1990, à la suite de sa brillante participation à la coupe du monde jouée en Italie où le Cameroun est arrivé en 1/4 de finale. Un parcours qui entre dans l’histoire du football africain et mondial. Il était temps de savoir qui est ce joueur mythique qui a fait danser le monde entier à travers ses exploits sur les terrains de football.
Dans la préface, le président de la Fifa, Joseph Sepp Blatter ami de Roger Milla indique que : “ Roger Milla, personnage mythique par excellence, est de ceux qui font les nations. La joie que procure le fameux “ numéro 9 ” des Lions Indomptables du Cameroun est immense, incommensurable et va au-delà des frontières nationales. ” Le président de la Fifa pense que “ loin d’être un ouvrage propagandiste, cette autobiographie retrace et fait voir la claire image de ce “ petit Jésus providentiel ” du football africain. Celui qui de par sa façon de faire et d’être, sert de modèle aux jeunes footballeurs en particulier et aux sportifs en général, mérite et qui plus est que son histoire soit connue et sue de tous ou presque.” Même s’il est réductif de le limiter à l’Afrique.
Roger Milla, ce personnage aimé à travers le monde semble peu connu en dehors de ses prestations sur les terrains de football. Le célèbre journaliste sportif Gérard Dreyfus ne manque pas de souligner : “ le parcours atypique de ce génie du ballon rond constitue la trame de l’ouvrage. Il est la légende la plus populaire du football camerounais, africain. Roger est un personnage de son temps, véritable calque de l’Afrique de l’après indépendance ”, dit-il avant de conclure : “ Roger Milla est une des grandes fiertés du continent. Il appartient à cette catégorie d’hommes qui, souvent sans le savoir, a contribué et contribue à la reconnaissance d’un continent, hélas, trop souvent maltraité. ”
Naissance du mythe
C’est à l’hôpital central de Yaoundé que Albert Roger Milla a vu le jour. C’était le 20 mai 1952. Un jour qui coïncidera plus tard avec la célébration de la fête nationale du Cameroun. C’est dire combien même les astres avaient pensé à l’arrivée du camerounais dont le nom sera le plus cité après les années 80. Milla qui a du respect pour tout homme, n’a pas manqué dès son bas âge de retenir les prénoms des deux sages-femmes qui ont facilité le travail à sa mère Ngobo Ruth : Marie et Anne.
Qu’est-ce qui s’était passé ce jour-là ? Roger parle des émotions qui étaient celles de son père Mooh Germain, cheminot à Yaoundé : “ Mon père a le moral à zéro ; très bas. Ses lèvres remuent sans qu’aucun mot ne sorte. Il n’y comprend rien. Et ne sait à quel saint se vouer. Il reste fondé à ce moment précis que personne ne peu comprendre la douleur d’un autre s’il ne l’a éprouvé. Il connaît des moments troubles ; avec une attente qui double son anxiété. C’est là une autre expérience
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exaltante de sa part. ” C’est justement pour cela que le Seigneur, avec le concours du Révérend Pasteur Bilé est remercié. On comprend que l’arrivée de ce quatrième enfant dans une famille qui en comptera sept par la suite comble la famille de joie.
Comme de tradition en Afrique, l’ancienne, un rituel est observé pour le choix du nom de l’enfant. Rituel très sérieux car l’on pense que le nom détermine qui sera l’homme de demain. Et là, les oracles ont raison, s’il faut tenir compte de la suite de la vie de Milla. Car “ Milla signifie en langue duala qui court, celui qui va vite. Voilà le nom qui est décidé à l’unanimité par les membres de la famille présents à la cérémonie. ” L’ancien joueur de Tonnerre de Yaoundé indique que : “ On a instruit mes parents que je doive porter ce nom avec fierté. Certainement un présage pas comme les autres. Il n’y a très souvent qu’en sport qu’on court, on va vite. Choix conscient, délibéré ou simple fait du hasard ? ” C’est une question qu’il convient de poser à ceux qui ne donnent pas un poids réel à la tradition.
Son collègue à l’Oapi, coéquipier dans le Tkc de Yaoundé, le premier capitaine des Lions Indomptables, Nlend Paul dit dans sa postface pour parler de l’immensité de cet homme : “ Une très grande note d’espoir pour l’avenir. Car les grands hommes suscitent curiosité et servent de source d’inspiration. Apprécié dans les recoins les plus reculés de la planète, vivement que les uns et les autres s’imprègnent de la dure réalité de son existence et s’en servent pour bâtir un futur toujours rayonnant, et rassurant. Son exemple par dessus tout donne de l’énergie ; du courage. Il va jusqu’à doper. La clarté étant une source de bonheur, Roger Milla est semblable à une flamme qui brûlera jusqu’à la fin des temps ”, conclut-il.
A côté de ces révélations sur sa naissance, le grand joueur devenu ambassadeur itinérant s’ouvre au public. Cette autobiographie de 226 pages est divisée en trois parties de huit chapitres chacune.
La première partie parle de sa naissance, de l’adolescence et de la maturation, ses premiers pas à l’école, dans le sport, la rigueur des parents et l’étonnante malédiction. Quant à la deuxième, il est question de la vie professionnelle dans l’hexagone et la succession de mésaventures. Dans la troisième partie il est question de gloire et désolation. Il parle de la coupe du monde de 1990 et du bonheur qui s’ensuit. Comme il fallait s’y attendre, Roger Milla parle de la disparition de son épouse, celle-là même qui a été de tous les combats avec lui. Une dame de cœur qui a été arrachée tragiquement à son époux, ses enfants, sa famille et à tous ceux qui se donnaient du plaisir à les voir ensemble.
Roger Milla est resté patriote jusqu’au bout. Son autobiographie est imprimée au Cameroun. Pour faire gagner ses compatriotes. Mais un peu plus encore, ce texte aussi riche ne coûte que 10.000 Fcfa. De quoi dire que c’est un cadeau, compte tenu des révélations et du poids de Milla.
Albert Roger Milla, L’épreuve de ma foi ou l’histoire d’un buteur devenu ambassadeur, Cœur d’Afrique, 2006, Yaoundé 226 pages
Par Sandeau Nlomtiti
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