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LIONS INDOMPTABLES: SCHÄFER CHASSE (18.11.2004)
Au moment où nous mettions sous presse, nous apprenions que le ministre de la Jeunesse et des Sports venait de limoger Winfried Schafer. Une décision qui survient après la lourde défaite du Cameroun face à l’Allemagne (3-0), hier, à Leipzig. Siegfried David Etame Massoma évoque la faute lourde et l’insuffisance des résultats pour motiver sa décision. Par ailleurs, le Minjes a également dissous la Cellule de gestion provisoire des équipes nationales.
Selon nos sources, deux entraîneurs, Philippe Troussier et Pierre Lechantre, auraient déjà été contactés. Cependant, les autorités se réservent le droit de procéder à la désignation du prochain encadreur des Lions indomptables. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.
Dans notre édition du lundi, nous émettions déjà des doutes sur l’avenir de l’Allemand à la tête de la sélection nationale de football. Les faits nous donnant raison, nous reproduisons une partie de l’enquête effectuée à cet effet.
Schäfer ne faisait déjà pas l’affaire.
La principale préoccupation des Camerounais à l’heure actuelle est de savoir, si les Lions indomptables pourront encore se qualifier pour la coupe du monde 2006 en Allemagne. Actuellement troisième de son groupe, derrière la Côte d’Ivoire et la Libye, le Cameroun, mathématiquement, peut encore espérer quelque chose, mais il lui faudra bagarrer dur et éviter le moindre faux pas. Entre ceux qui pensent que les carottes sont déjà cuites avec ou sans Winfried Schäfer et ceux qui soutiennent mordicus qu’il faut sauver ce qui peut encore l’être en se séparant de Schäfer, le débat bat son plein. Il faudrait tout d’abord et avant toute chose, reconnaître que Schäfer semble pour le moment dépassé, et tous les acteurs le reconnaissent, même la Fécafoot qui a intérêt à ce que Schäfer reste au Cameroun. Jean René Atangana Mballa, dans une récente sortie, n’a pas manqué de critiquer Schäfer et de se montrer inquiet quant à l’avenir des Lions indomptables. Le problème, c’est que cela vient un peu trop tard et donne l’impression que les autorités sportives viennent de se réveiller de leur torpeur, alors que, depuis longtemps, beaucoup d’arguments plaidaient en la défaveur de Schäfer. Lorsqu’il prend les rênes de l’équipe nationale, il trouve une équipe tactiquement assise, avec un bon esprit, grâce à un homme, Pierre Lechantre, qui a su imprimer son empreinte. Au jeu chatoyant et tourné vers l’offensive qui a séduit le monde entier lors de la Can 2000, Winfried Schäfer substitue, en 2002, un jeu moins spectaculaire, basé sur la défensive, sur une sorte de peur du risque. Si cela lui sourit au cours de cette Can, grâce aux acquis de Pierre Lechantre, il trébuche quelques mois après, à la Coupe du monde Corée-Japon 2002, où les Lions sortent au premier tour, alors que même les journaux occidentaux, d’habitude sceptiques sur les capacités des équipes africaines, donnaient le Cameroun
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favori.Avec l’aide de ceux qui ont intérêt à ce que Schäfer reste à la tête des Lions, On met cette débâcle sur le compte du voyage tumultueux des Lions en Asie, à la suite de la grève de Paris. La coupe des Confédérations, l’année d’après, leur donne l’illusion d’une équipe à nouveau forte. Ce qu’on oublie cependant, c’est que cette compétition est une compétition au rabais, que l’Allemagne et l’Italie ont boudé, où le Brésil envoie une équipe B, pendant que la France expérimente sa nouvelle équipe avec cinq équipes différentes en cinq matches. Cette compétition ne pouvait donc pas servir de baromètre, simplement parce que les ambitions du Cameroun contrastaient avec celles des autres. Pendant qu’on voulait à tout prix gagner, les autres affinaient leur stratégie. On sera très vite ramené sur terre à la Can 2004, où l’homogénéité de l’équipe disparaît, le fond de jeu devient invisible, les Lions indomptables sortent la queue entre les jambes de la compétition. Jusque là, il n’y a que la Fécafoot qui croit encore à un miracle de Schäfer et réalise même l’exploit de renouveler son contrat avant cette Can 2004. Les éliminatoires couplées coupe du monde et Can 2006 démarrent. Là aussi, Schäfer étale ses limites. Un match gagné au forceps face au Bénin, un nul en Libye, une victoire d’orgueil face à la Côte d’Ivoire, une défaite face à l’Egypte et, plus grave, un match nul volé contre la Somalie. La coupe, quoiqu’on dise, est pleine et on attend peut-être le drame pour réagir. Quel est cet entraîneur qui, pour solliciter l’indulgence de l’opinion après chaque débâcle, promet des changements sans jamais les réaliser ? L’argument des arriérés de salaire pour justifier ses mauvais résultats n’est qu’une échappatoire, car en, réalité, Schäfer sait comment il s’engraisse à la tête de cette équipe, aussi bien du côté de Puma que du placement de certains joueurs dans des équipes européennes. On peut citer pèle mêle les cas de Song avec le Fc Cologne, Bill Tchato et Lucien Mettomo avec Kaiserlautern, Idrissou avec Hanovre 96, et, récemment encore, l’aventure dans laquelle il a voulu faire entrainer Eric Kwekeu en Roumanie. C’est un businessman d’un autre genre, qui a touché près de 40 millions de F Cfa récemment lors du match d’exhibition entre les Lions indomptables et la Rexona team, du nom d’une célèbre marque de produits cosmétiques. Il semble avoir la tête ailleurs et la qualification des Lions ne le préoccupe pas beaucoup. En tout cas, depuis quelque temps, il est à la recherche d’une autre équipe nationale. Il avait engagé des pourparlers avec les Pharaons d’Egypte. Peu avant les éliminatoires en cours, il a postulé pour l’équipe nationale d’Allemagne, après le départ de Rudi Völler, et, récemment, pour celles d’Ecosse et de Grèce. Malgré toutes ces bourdes, les autorités restent muettes. Hier, le signe indien a été vaincu. Schäfer s’en est allé. Par la petite porte.
Omer Mbadi Otabela
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