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Aurélien Chedjou : Bien dans ses godasses chez les Chtis (23.10.2009)
Ecrit par Jean Bruno Tagne
Arrivé à Lille depuis trois saisons, l’international camerounais y mène une vie paisible aux côtés de sa compagne et de son fils. Rencontre avec un joueur qui fait partie de la nouvelle génération des Lions Indomptables.
Le rugissement d’un rutilant 4x4 attire l’attention des passants devant le grand centre commercial Euralille de Lille. A son bord, un Lion Indomptable : Aurélien Chedjou, international camerounais du Losc (Lille olympique sporting club), l’équipe locale. Le jeune homme descend. Il est vêtu d’un léger pull-over gris, d’un pantalon jeans qui laisse découvrir son caleçon. Il est chaussé de tennis et coiffé d’une casquette mal ajustée.
En ce mercredi 14 octobre 2009, à 20h30, le thermomètre affiche 3°, une température d’automne. Mais ce solide gaillard (1m84, 79 kg) de 24 ans, né dans la chaleur suffocante de Douala le 20 juin 1985, semble s’en accommoder. « Pour l’instan,t ça va, le temps n’est pas vraiment pourri, c’est bon », rassure-t-il en hochant les épaules avant de reprendre la place au volant de son bolide de couleur bleu nuit. Direction Wannehain, à 17 km de Lille, sur l’autoroute qui mène en Belgique. C’est ici qu’il vit depuis février dernier.
Aurélien a des rapports plutôt intimes avec le téléphone. Il conduit d’une main et téléphone de l’autre. Ça n’arrête pas de sonner. Un coup il parle de football, un autre, il parle de tout autre chose. Des conversations très enjouées, qui s’achèvent tout le temps par des éclats de rire. Il est comme ça, le milieu de terrain de Lille : blagueur. Quand il n’est pas au téléphone, il savoure la musique que diffuse Nrj à travers son autoradio. Elle semble lui plaire, en témoignent les petites tapes rythmées qu’il donne sur son volant, tout en dodelinant de la tête et en mimant les chansons.
La nuit est noire, mais l’on peut apprécier le paysage de cette région du nord de la France. « J’aime cette ville qui a un paysage de campagne. Avant l’automne, tous les champs que vous voyez-là étaient verts de tiges de maïs. Là, y a plus rien », regrette-t-il.
Jolie blonde
Wannehain. Il n’est que 21h, le village semble endormi. Le silence de cette bourgade est violé par le bruit sourd des portières de la Bmw. Les maisons sont très peu éclairées. On se croirait dans un cimetière. « C’est ça la campagne, ricane-t-il. Et j’aime ça. Il y a deux ans, j’habitais au centre de Lille et je n’ai pas beaucoup aimé. Ici, c’est calme. L’idéal pour le footballeur casanier que je suis. »
Aurélien Chedjou, le Lion Indomptable, est ici, dans sa tanière. Il est accueilli par sa compagne. Une jolie blonde, mince, avec des yeux doux et le sourire motivant pour son footballeur de compagnons, ancien pensionnaire de la Ksa. Il y a aussi un petit blond : Cassius. Son fils, du nom du célèbre boxeur Cassius Clay (Mohamed Ali). « C’est un hommage au grand-père de ma compagne qui aime beaucoup la boxe et avec qui je m’entends très bien », confie-t-il.
Le salon du Lion est simple, mais recherché. Les murs sont blancs. L’un des pans est pratiquement couvert par une énorme télé écran plat. Le regard rivé sur celle-ci, Aurélien manipule nerveusement la télécommande. Il cherche en vain une chaîne
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qui diffuse le match amical de ses coéquipiers contre l’Angola. Déçu, il fonce sur son ordinateur portable et regarde rapidement sur plusieurs sites d’information camerounais. Rien. Sur l’Equipe.fr, Rien. Il se contentera du match de l’équipe de France contre l’Autriche (3-1) qu’il regarde distraitement.
Du salon, on peut humer les senteurs appétissantes du dîner que prépare Mme Chedjou avec délicatesse. Son homme fait partie de la nouvelle génération des joueurs qui ont eu leur chance en équipe nationale avec l’arrivée du nouvel entraîneur, Paul Le Guen. Pour lui c’est un acquis qu’il faut consolider comme l’ont fait les autres jeunes (Mbia, Nkoulou, Nguemo, A. Song, etc.), aux côtés des cadres de l’équipe nationale.
Privé du match contre le Togo (3-0) et contre l’Angola (0-0) en raison d’une déchirure « aux ischio-jambiers », il affirme qu’il reste en contact avec le groupe qui l’a soutenu, y compris le coach Le Guen, qui lui a passé un appel téléphonique avant de partir pour le Cameroun. « Loin des yeux près du cœur », poétise l’enfant de Mboko à Douala.
Ma mère
C’est dans ce quartier populaire qu’il donne ses premiers coups de pied dans le ballon. Il a pour modèle Zidane, Essien, Gerald, Lampard... Des footballeurs qui vont le décider à choisir son poste. Milieu de terrain. Cinquième enfant d’une famille de six, il a principalement été élevé par sa mère. Une femme au foyer, attachante, mais stricte. « Je lui dois tout », reconnaît-il.
Alors que celle-ci voit en son fils le médecin de la famille, il choisit plutôt le chemins des stades. Sa mère ne l’en dissuade pas et trouve le moyen, malgré les difficultés d’une vie de femme seule au foyer, « de payer le taxi » à son fils qui écume les stades. Il jette définitivement sa calculatrice et ses bouquins d’apprenti comptable en classe de première. Il s’envole à Villarreal en Espagne. Nous sommes en 2002. Il a 15 ans.
Il rejoint Lille en 2007 après un passage à Pau (2003 – 2004), Auxerre (2004 – 2005) et Rouen (2006 – 2007). Une année en Cfa à Lille et le voilà chez les pros. Son rêve d’enfant prend forme dans cette ville du nord de la France où il bénéficie des conseils d’un aîné arrivé quelques années plus tôt, Jean II Makoun.
A Lille, au pays des Chtis, Chedjou est roi. Il se sent bien dans la vie et en club où il a prolongé son contrat jusqu’en 2013. « Les gens me reconnaissent dans la rue quand je me ballade avec mon fils ; ils me disent bonjour. Le boulanger et beaucoup d’autres personnes se sont vraiment inquiétés après ma blessure. C’est très touchant. Paris est à une heure d’ici en train et la Belgique où vit ma sœur c’est la porte d’à côté. J’ai un très bon pote camerounais ici, Cyrille Kayo. Bref, je me sens bien à Lille », se réjouit cet homme chaleureux pour qui il n’y a de bonheur que d’être « en bonne santé et entouré des siens ».
Même s’il semble vivre le parfait bonheur à Lille, Aurélien Chedjou reste très attaché au Cameroun, sa patrie. Il a déjà son programme bien détaillé pour les fêtes de fin d’année. « Nous jouons le dernier match avant la trêve le 23 décembre contre Nancy et le lendemain je prends mon vol pour le pays », s’impatiente-t-il.
Jean-Bruno Tagne à Lille
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