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Lions indomptales : Le débat autour d’un entraîneur local relancé (13.08.2010)
Après le succès des Lions face à la Pologne, sous la conduite de Jacques Songo’o, beaucoup d’observateurs soutiennent que les entraîneurs camerounais sont outillés pour coacher l’équipe nationale.
Plus d’un mois après la coupe du monde, les Lions indomptables du Cameroun ont effectué leur rentrée. Le match amical contre la Pologne leur a permis de renouer avec la victoire depuis une dizaine de matchs. Une nouvelle ère semble s’ouvrir pour une équipe nationale qui pourtant, peine à se trouver un successeur à Paul Le Guen.
Et c’est une équipe pratiquement nouvelle que l’on a découverte. Même si des sources récusent la responsabilité de Jacques Songo’o, en raison de ce que l’homme qui a officié en entraîneur lors de la rencontre, n’a pas signé la liste des 22 publiée par la Fécafoot, de même qu’il ne s’est jamais prononcé comme étant l’entraîneur intérimaire, il n’en demeure pas moins vrai que Jacques Songo’o a tout de même imprimé ses propres marques.
D’abord, le coach a pris le risque d’engager l’équipe dans système 4-4-2 que beaucoup reprochaient à Paul Le Guen, parce que l’estimant inapproprié pour l’effectif dont il disposait. Jacques Songo’o a titularisé Guy Roland Ndy Assembe qui use son fessier sur le banc de touche depuis la coupe d’Afrique des Nations 2010 et qui n’a jamais véritablement intéressé l’ancien staff.
Si Songo’o est resté fidèle à la ligne défensive existante, (Assou Ekoto et Binya sur les côtés, Bassong et Nkoulou dans l’axe), c’est un milieu en losange qui a évolué mercredi dernier. Avec Marcel Ndjeng, Makoun, Chedjou et Henri Bedimo. Un dispositif qui a tenu les promesses, tant les hommes de l’entre jeu ont véritablement servi de relais entre la défense et l’attaque. Ainsi, loin de cette défense où Paul Le Guen l’avait cantonné, le Lillois a pu dévier un centre de Marcel Ndjeng, pour Eto’o dans l’ouverture du score. Le même Chedjou a été passeur sur le deuxième but camerounais. Après sa combinaison avec Chedjou.
Réconciliation avec le public
Puis Jacques Songo’o a eu le «courage», si c’en était un, de remplacer le capitaine Eto’o. Là où ses prédécesseurs n’ont jamais cédé à la volonté de nombre de Camerounais de voir un autre testé à sa place. Ou du moins de mettre l’équipe en situation de devoir jouer sans son leader. Et le remplaçant du triple ballon d’or africain a donné raison au coach, en ouvrant son compteur but, pour une fois qu’il a eu l’occasion de s’exprimer.
Dans l’ensemble, l’équipe a sinon satisfait les Camerounais déçus par la prestation des Lions à la coupe du monde sud-africaine, du moins permis d’engager le processus de réconciliation avec les Camerounais. Au marché central de Yaoundé, à l’Avenue Kennedy, comme dans les tournedos ou dans les rues de la capitale, les Lions indomptables sont le sujet commun des commentaires au lendemain de cette victoire. Entre ceux qui se prononcent déjà pour le maintien de l’ancien gardien des Lions indomptables à la tête des Lions, de l’équipe qui a mené l’expédition de Pologne, et quelques sceptiques qui attendent la seconde épreuve, parce qu’«on les connaît ; ils nous ont habitué à ce feu de paille», comme pense un fan, des observateurs mieux avertis, ont leur mot.
Jean Bruno Tagne, journaliste au quotidien Le jour fait remarquer qu’«on n’avait pas vu cela depuis quelques temps avec son prédécesseur». Mais «il faut éviter de tomber dans l’euphorie. C’est vrai que
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cR17;étai 3-0, mais contre qui ?» s’interroge-t-il. Et de répondre lui-même : «contre la Pologne qui est 56ème mondial et qui s’est fait humilier avant la coupe du monde par l’Espagne (6-0)». Pour sa part, Sandeau Nlomtiti, un autre confrère, pense que «cette victoire dope le moral des joueurs et le public qui va encore se retourner vers son équipe». Occasion pour l’homme de questionner «l’absence d’un gars comme Franck Songo’o. Est-ce un crime d’être le fils d’un entraîneur ?», s’interroge-t-il.
Jean Bruno Tagne, journaliste, Le Jour: «Songo’o a fait un travail acceptable»
Je dois avouer que Songo’o a fait du bon travail parce que là au moins, on a vu un entraîneur qui connaissait son effectif. Par exemple, c’était très bien inspiré pour lui de faire jouer Chedjou au milieu de terrain. On a vu aussi sur le côté gauche qu’il a aligné la paire Assou-Bédimo qui a très bien marché. Il a fait un coaching payant en faisant entrer Aboubakar Vincent qui a marqué un excellent but. Je trouve que le coach a fait un travail acceptable. On n’avait pas vu cela depuis quelques temps avec son prédécesseur qui tâtonnait à tous les matches. Au moins sur la connaissance des joueurs, on peut trouver que Songo’o a fait quelque chose d’assez intéressant. Mais je pense qu’il faut être quand un tout petit peu sérieux. Il a remplacé au pied levé quelqu’un. Tout ce que je peux dire c’est que le match d’hier nous montre bien que un Camerounais peut bien entraîner l’équipe nationale de football du Cameroun. Peut-être pas Songo’o, mais je pense que cette équipe peut être donnée à un Camerounais. Et les joueurs vont essayer de se surpasser pour que le Cameroun aille loin. On a gagné avec un seul entraîneur qui s’appelait Songo’o. Il n’avait pas d’entraîneur de gardiens de buts, il n’avait pas d’adjoint. Ça signifie qu’on peut faire la même chose. Faire confiance à un coach entièrement camerounais ; je pense que c’est possible.
Sandeau Nlomti, journaliste,gazetteolympique:«Jacques Songo`o a redoré son blason»
Au moment où on est en train de reconstruire encadrement technique des Lions indomptables, on peut dire que Jacques Celestin Songo’o a mis la pression sur les dirigeants camerounais. On a vu les Lions indomptables pas dans leur grand effectif, mais produire un football des plus alléchants avec une bonne redistribution des balles. Il a su exploiter Assou Ekoto qui est l’un des meilleurs redistributeurs de ballons de l’équipe sur le plan des retraits. Le fait marquant est que Eto’o ne courait plus partout ; il était ravitaillé en ballons et à temps. Cette prestation a permis à Jacques Songo’o de redorer son blason. Je pense que s’il avait utilisé les meilleurs de l’heure, on aurait eu un match encore plus beau…
Mais il n’a pas un avenir forcément définitif sur le banc camerounais, parce que nous avons encore ce petit complexe de croire que les entraîneurs noirs ou camerounais ne peuvent pas diriger une équipe nationale dont le poste est équivalent à celui du chef de service dans l’administration centrale, qu’on privatise tout. Qu’on dise que les Camerounais ne peuvent pas être directeurs généraux d’entreprises ou ministre. Donc sur le plan technique, Songo’o a rempli son contrat. Sur le plan de la gestion tactique également. On a vu des Lions qui ne couraient pas partout sur le terrain et qui pratiquaient du bon football. Je pense qu’on peut trouver sur le terrain des entraîneurs camerounais susceptibles de diriger cette équipe.
Écrit par Lindovi Ndjio
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