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Joseph Kamga : le servant de messe devenu footballeur (26.08.2005)
Remplaçant de luxe en équipe nationale, ancien d’Union de Douala, il travaille désormais dans une banque.
Peu de trentenaires l’ont connu. Ils entendent seulement parler de lui dans les buvettes et autres " tourne-dos " de Bonanjo. Un après-midi de mai, le destin nous met en face de cet homme à la mine débonnaire. Joseph Kamga dispute, au stade du GMI un match d’exhibition avec l’équipe de la SGBC, la banque qui l’emploie depuis 1978. Depuis une vingtaine d’années, parallèlement à ses fonctions de responsable du service Visa, il occupe le poste de manager général de l’équipe de football de la SGBC. L’enfant de Bandja fait partie des jeunes qui commencent à taper dans le ballon après le traumatisme de la coupe d’Afrique des nations de 1972. Sa génération est composée de joueurs tels que Ndoumbé Léa, Mbida, Abega, Toubé, Ekoulé, Aoudou et autres Kunde. Une véritable pépinière d’artistes du ballon dénichée par Vladimir Béara. L’entraîneur yougoslave arrose cette cuvée comme on entretient un jardin : avec soin. Au milieu de ces différentes variétés de fleurs, éclot un bourgeon : Joseph Kamga. Un petit homme simple, calme et bien rangé.
Du sous-sol de l’immeuble abritant les services de la SGBC à Bonanjo, il évoque quelques anecdotes concernant sa vie. Comme celle relative à sa sélection pour le Mundial 1982. Joseph Kamga raconte. " Nous sommes à trois mois de la coupe du monde. L’entraîneur français Jean Vincent vient juste d’arriver au Cameroun. Il effectue sa première descente sur le terrain à Bamenda pour assister au match des 8èmes de finale de la coupe du Cameroun Canon-Union. A l’époque, les éliminatoires se jouaient sur terrain neutre. Dans l’histoire du football camerounais, ce match reste une référence en tous points de vue. Je joue dans Union et nous perdons aux tirs au but mais je transforme mon penalty. Je suis d’ailleurs le premier tireur. A la fin du match, Jean Vincent me prend dans sa voiture avec sa femme. Nous ne sommes que trois. Arrivé à Bafoussam, il m’annonce ma sélection pour la coupe du monde. Je garde le secret jusqu’au jour où Daniel Anicet Noah lit les noms des sélectionnés pour le Mundial, en direct au journal de 23H. Tout le pays attendait ce moment là. Je ne peux jamais oublier ce jour là. J’étais avec Toubé Charles. Son nom avait été lu en dernier lieu. Vous pouvez comprendre l’émotion. Quand le journaliste a prononcé son nom, j’ai vu comment un homme se libérait ", se souvient-il.
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Joseph Kamga est de l’expédition espagnole. La concurrence étant très féroce au milieu de terrain, le meneur de jeu se contente du banc de touche. Bon lot de consolation pour le gamin. Pour lui, c’est déjà un exploit que de faire partie de la liste des vingt deux voyageurs. Le Mundial est le couronnement d’une carrière commencée à 16 ans dans Lion de Yaoundé. Le natif de la Briqueterie fait un petit détour à Mvog Ada dans Tonnerre en 1976. En 1977, il revient dans Lion qui rejoint l’élite. Joseph Kamga qui pense que sa mission est remplie avec le Lion dépose ses bagages dans les vestiaires de l’Union, alors au faîte du football camerounais. Il remporte la première coupe d’Afrique des clubs champions en 1979 contre Heart of Oak d’Accra. La même année, lors d’une tournée en France, il tape dans l’œil des dirigeants du Paris Saint-Germain. Ses parents ne veulent pas en entendre parler. Kamga ne bougera pas. Il glane ensuite d’autres lauriers comme la coupe du Cameroun en 1980 aux dépens du Canon, la coupe des vainqueurs de coupe qui oppose en 1981 Union à Stationary Stores du Nigeria. 1982 est l’année du couronnement. Joseph Kamga participe à la Can en Libye et plus tard à la coupe du monde. La cerise sur le gâteau même si " chat " (dans un tournoi de jeunes au collège Vogt, il arrête cinq penalties sur cinq. Il commence comme gardien de buts et ses camarades lui donnent le surnom " chat ". Dans le même établissement, il est servant de messe), son sobriquet, ne s’impose véritablement pas dans l’entrejeu. Mais chose rare à l’époque, lors des regroupements, il a pour camarade de chambre Mbida Arantès, l’un de ses concurrents directs au milieu de terrain.
Après la gloire, commence la descente aux enfers. Il perd successivement deux finales de coupe du Cameroun contre Canon et Dihep di Nkam. Il raccroche en 1988. Kamga est alors entraîneur joueur de Unité de Douala qu’il fait monter en D1. 20 ans après, il ne peut que ressasser les souvenirs. Les bons ? Sa sélection pour le Mundial 82, la victoire à Lagos en coupe d’Afrique contre le Stationary stores mais surtout le match aller de qualification pour la coupe du monde 82 qui oppose le Cameroun au Maroc à Kenitra (2-0 pour les Lions). Les mauvais ? Les deux finales de coupe du Cameroun perdues devant Canon et Dihep Di Nkam. Les regrets ? Il n’en a pas vraiment. Joseph Kamga jouit et croque seulement la vie en comptant le fric dans un sous-sol d’un immeuble de Bonanjo.
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