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L’introuvable argent du sport (28.04.2005)
ESSAMA ESSOMBA
Les sélections camerounaises engagées dans les compétitions internationales éprouvent actuellement beaucoup de difficultés pour boucler leurs budgets afin d’honorer leurs rendez-vous. Ni les clubs ni les équipes nationales ne font exception, comme l’illustrent quelques exemples. En handball, Tonnerre-kalara club dames et MINUH messieurs devaient prendre part à la coupe d’Afrique des clubs champions depuis hier au Maroc. Faute d’argent, ils n’ont pas pu s’y rendre. Les deux clubs sont passibles d’une amende voire d’une suspension de la confédération africaine de handball. Onze pugilistes de l’équipe nationale de boxe se trouvent encore au Cameroun, faute d’argent, alors qu’ils doivent participer dès demain vendredi au Maroc au championnat d’Afrique qualificatif à la coupe du monde prévue à Moscou. Faute d’argent, l’équipe nationale de basket-ball dames pourrait ne pas effectuer le déplacement de Kinshasa où elle doit disputer les éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations à partir de demain 29 avril. Il aura fallu que les équipes nationales de volley-ball aient recours au volontariat et au mécénat pour aller conquérir, à l’Ile Maurice, leur qualification pour la coupe du monde. Qu’en sera-t-il pour participer à la phase finale au Japon ? La liste des sélections ainsi évoquées n’est pas exhaustive. Aucune discipline sportive n’est épargnée, même pas le football. A cet égard, les tribulations récentes de Bamboutos de Mbouda sont encore fraîches dans les mémoires.
Le problème du financement de la participation des clubs et des équipes nationales aux compétitions internationales ou plus généralement celui du financement du sport camerounais ne s’est pas toujours posé avec autant d’acuité. A l’aube des indépendances, au Cameroun comme dans la plupart des pays d’Afrique francophone, l’organisation institutionnelle du sport avec toutes ses implications, notamment le financement du mouvement sportif, relève de la compétence quasi-exclusive de l’Etat. La charte camerounaise des sports décrétée en juillet 1962, maintes fois réactualisée ensuite, est révélatrice du contrôle étatique de l’activité sportive. Le réseau des associations (clubs, fédérations, comité national olympique…) est soutenu financièrement sur la scène internationale, en grande partie, par les institutions publiques, à savoir le ministère chargé des Sports, le comité national des sports et l’office national des équipements sportifs. Ce dernier a aussi pour
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missionde créer et de gérer les infrastructures sportives. Tous les clubs qualifiés pour les compétitions internationales bénéficient alors du statut et des avantages des équipes nationales. Il vient en mémoire les années 1980 où Canon et Union se déplaçaient grâce à des vols spéciaux affrétés par l’Etat pour disputer avec succès les coupes africaines. Le budget du ministère chargé des sports prévoyait des lignes spécifiques pour les fédérations sportives. Parallèlement, une loi toujours en vigueur oblige les collectivités locales, les établissements publics et scolaires, les entreprises privées… à créer des infrastructures sportives. Entre le texte et la réalité, la marge s’est élargie.
Le contexte a totalement changé aujourd’hui, même si certains textes demeurent en vigueur. Avec la libéralisation, l’Etat s’est désengagé de nombreuses activités productives et associatives. Les fédérations sportives, de plus en plus nombreuses, ont réclamé et obtenu leur autonomie. Les conditions économiques et surtout financières, pour l’Etat comme pour les sponsors (entreprises) et les mécènes, se sont dégradées. Au plan mondial, les réflexions sur le financement des associations sportives se sont affinées. Les études faites à cet égard par F. Alaphilipe et J.P. Karaquillo, tous deux professeurs en faculté de droit et de sciences économiques de l’Université de Limoges en France (Le spectacle sportif, Sport et collectivités locales, le management du club sportif, le sponsoring etc.) sont éloquentes sur la relation entre le niveau de développement économique d’un pays et le niveau de développement du sport. Le sport est devenu un spectacle soutenu par l’Etat et les collectivités locales, mais générant ses propres ressources (sponsoring, droits télévisuels, publicité, recettes des stades, vente de l’image etc.), recevant des subventions internationales des confédérations mondiales, la FIFA par exemple. Cependant il garde toujours sa place dans l’affirmation de la souveraineté des l’Etats.
La réflexion sur le financement du sport n’est pas étrangère au Cameroun où sont de temps en temps organisés des séminaires sur la question. Il apparaît que dans notre contexte la responsabilité de l’Etat demeure grande. Mais quelles voies emprunter pour sortir du tout-Etat ? Le problème du financement du sport demeure ainsi plus posé que réglé. Les solutions mises en œuvre ou préconisées à ce jour sont loin d’être toutes opérantes et porteuses d’un réel espoir d’autonomisation.
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