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Football : Faut-il introduire la vidéo dans l’arbitrage ? (26.11.2009)
De nombreuses personnes y sont favorables, mais pas la Fifa, l’Uefa et le Board.
L’affaire de la main volontaire de Thierry Henry qui a permis à la France d’obtenir l’égalisation lors du match France – Irlande continue de susciter la polémique. Conspué ce week-end en Espagne par le public lorsqu’il a fait son entrée sur l’aire de jeu, l’attaquant des Bleus à confié à nos confrères qu’il a même pensé, à un moment donné, à mettre fin à sa carrière.
Alors que des voix s’élevaient en Irlande et un peu partout dans le monde pour demander que le match soit rejoué, la Fifa est restée intransigeante : le match ne sera pas rejoué ! La France ira en Afrique du Sud. La « main de grenouille » de Thierry Henry a remis au goût du jour le débat sur l’introduction de la vidéo dans l’arbitrage. Un débat qui divise les milieux du football.
Tout le monde a vu la main grossière de Thierry Henry, sauf les arbitres qui sont des humains, donc faillibles. Or, en l’état actuel des choses, seules les décisions de l’arbitre font foi. Les partisans de l’introduction de la vidéo dans l’arbitrage pensent donc que cet outil pourrait venir aider les arbitres dans l’appréciation du jeu et pour rendre des décisions plus justes. Les partisans de cette thèse s’appuient sur ce qui se fait dans les autres disciplines comme le rugby et le tennis, où la vidéo est abondamment utilisée. Selon des sondages réalisés en France et dans quelques pays européens, l’opinion est majoritairement favorable à l’introduction de la vidéo pour assister les arbitres. Sauf que cette idée n’est pas partagée par les grandes instances du football mondial.
La Fifa, l’Uefa et le Board se sont toujours prononcés contre l’introduction de la vidéo dans l’arbitrage, préférant se fier au seul jugement des arbitres. Pour Michel Platini, président de l’Uefa, l’arbitrage à 5 déjà effectif en Europa League. "Le football doit garder son visage humain", pense-t-il. Guy Roux renchérit : "Le football a été codifié en 1863. Les règles n`ont pas changé depuis. C`est un sport humain arbitré par des hommes. Tant qu`il restera un sport humain, il ne sera pas en danger".
Par ailleurs, les détracteurs de la vidéo redoutent les arrêts intempestifs qu’on risquerait de s’imposer dans les matchs pour faire le « re-play ».
Jean-Bruno Tagne
Joseph-Antoine Bell : « On ne peut pas changer le résultat des matches grâce à la vidéo »
L’ancien gardien de buts des Lions Indomptables pense que l’on devrait accepter les erreurs des arbitres de football.
La main volontaire de Thierry Henry lors de France – Irlande a remis au goût du jour l’introduction de la vidéo dans l’arbitrage. Quel est votre avis sur la question ?
Ce sont des réactions d’émotion et de passion. Mais il faudrait connaître les vraies raisons pour lesquelles, jusqu’à présent, la Fifa n’a pas encore jugé utile d’intégrer la vidéo. Notamment le fait que, premièrement, ça dénaturerait le jeu. Tout le monde a oublié aujourd’hui qu’il a fallu une grosse guerre pour que nous arrivions, sur les quatre-vingt dix minutes de jeu, à obtenir au moins soixante minutes de jeu effectif. Si on arrête le jeu régulièrement alors qu’on lutte déjà contre les arrêts de jeu, ça veut dire qu’on permettra aux adversaires essoufflés de récupérer. Ensuite, il faudrait savoir que si nous introduisions cette notion, est-ce qu’on aura supprimé la décision humaine ? Qui décidera de quel moment on veut absolument regarder une vidéo ?
Et puis, la vidéo aura forcément des angles de vue, pour cela je prendrais l’exemple du penalty brésilien en 1998 face à l’équipe de Hollande. Aucune caméra officielle n’avait vu la faute,
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l’arbitre l’avait vue. Une caméra isolée l’a montrée quatre jours après. Qu’est-ce qu’on fait dans ce cas-là ? C’est aussi un moyen vidéo de prouver qu’on avait raison. On ferait quoi? Il n’y aurait que des regrets.
Des erreurs d’arbitrage célèbres sont légion …
Vous vous souvenez certainement que lors du match Chelsea-Barcelone de la saison qui vient de s’achever, il y a eu dans le même match, trois grossières erreurs d’appréciation de l’arbitre que la vidéo aurait montrées. Puisqu’au ralenti, on a vu un penalty, c’est-à-dire une première faute qui avait eu lieu à l’intérieur de la surface de réparation, mais que l’arbitre avait placée à l’extérieur. Il l’a sifflée, avec la vidéo, il l’aurait remise dedans. On a vu ensuite Eric Abidal qui avait fait faute sur Anelka, qui méritait absolument une expulsion parce qu’il était le dernier défenseur et l’arbitre ne l’avait pas vu, son assistant non plus. On a vu une main de Gérard Piqué dans la surface et qui était évidemment une main qu’on peut siffler, forcément volontaire celle-là. Elle ressemblait en tous points de vue à celle de Thierry Henry aujourd’hui, que l’arbitre n’a pas vue. Il était mal placé, son assistant aussi. On n’a pas entendu les gens râler autant. Bien au contraire, c’est Didier Drogba qui s’était plaint, qui a été suspendu. Et aujourd’hui, je n’entends personne le plaindre. Il a purgé ses matches de suspension pour avoir eu simplement des mots qu’on a qualifiés de grossiers.
Ceux qui réclament la vidéo soutiennent que le rugby s’y est arrimé…
Le rugby a toujours été un jeu qui s’arrêtait beaucoup, sans que personne ne s’en plaigne. Au rugby, l’arbitre discute avec les joueurs, les joueurs eux-mêmes discutent entre eux. Il y a des mêlées à l’occasion desquelles on arrête le jeu, ce n’est pas pareil ! Le rugby n’a pas le même combat que nous. Et la vidéo est acceptée quand il s’agit de sanctionner des actions dangereuses pour l’intégrité physique de l’adversaire. On peut sanctionner à posteriori grâce à la vidéo, mais on ne peut pas changer le résultat des matches grâce à la vidéo. Voilà la règle, elle est simple. Et puis, surtout, n’oublions pas une chose : le football est un jeu universel. Le rugby se bat aujourd’hui pour essayer de conquérir de nouveaux pays. Il n’y a pas de pays au monde où on ne joue pas au foot. Il n’y a pas d’endroit au monde où on ne joue pas au foot. Alors, si on introduit la vidéo, il y en aura à Paris, il n’y en aura pas à Bafang, il n’y en aura pas à Ekondo-Titi, il n’y en aura même pas déjà ici à Douala (Rires). Donc, le football ne serait plus universel.
Que pensez-vous de l’expérimentation de l’arbitrage à cinq, qui est en cours ?
Oui, elle est en cours, mais elle a montré ses limites. Puisque nous sommes toujours au niveau de l’appréciation de l’être humain. Donc, il nous faut accepter. Pour l’instant, je le répète, personne n’a encore rien proposé contre la maladresse des joueurs qui ratent des buts immanquables, qui frustrent leurs supporters et qui changent, beaucoup plus que les erreurs d’arbitrage, les résultats des matches. L’arbitrage a cinq présente une multitude de centres de décisions. C’est tout. On a bien vu qu’à l’Europa Ligue, il y a eu des penalties, alors que le cinquième ou le quatrième arbitre était bien derrière les buts. On a bien vu qu’il n’a pas vu. Donc, ça peut arriver. Ce n’est pas la peine de se battre contre cela. Il faut accepter cela. Les arbitres d’aujourd’hui, notamment en Europe, me semblent déjà très performants. Ils voient suffisamment bien le jeu. Il faut accepter leurs erreurs, comme on accepte celles des joueurs.
Propos recueillis par
Pierre Arnaud Ntchapda
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