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Cameroun - Egypte : Grosse déception chez les Camerounais de Bordeaux (11.10.2005)
Comme lors de la rencontre Côte d’Ivoire - Cameroun (2-3) du 4 septembre, plusieurs compatriotes de l’étranger soutenus par leur ami(e) ou conjoint (e) français(e), se sont organisés pour regarder le match de samedi de manière collective. Dans certains coins, tous les ingrédients étaient réunis pour une fête en cas de victoire des Lions indomptables face aux Pharaons d’Egypte. Hélas !
“C’est inimaginable que le Cameroun ne soit pas à la coupe du monde. Je suis abattu ”. Stéphane Lengya, étudiant en Logistique, n’en revient pas. La tête soutenue par les deux mains, le tee-shirt vert qu’il portait enlacé autour du cou, il est resté pendant longtemps cloué sur son siège dans la salle archicomble du “ Bantou Métis ”. C’est dans ce restaurant situé au 36 rue Paul Broca, au cœur de Bordeaux, que la plupart des membres de la communauté (certains sont venus avec femme et enfants) ont vécu en direct, sur Eurosports, la disqualification des Lions indomptables. Le maître des lieux, Patrice Amayina, y avait aménagé un écran géant, donnant ainsi la possibilité même à ceux qui étaient assis à même le sol, d’être…à l’aise. Comme la cinquantaine de personnes mobilisées pour la circonstance, il était peiné. Il continuait cependant à s’occuper des clients, tout en essayant de faire comprendre à ses camarades que le football n’est qu’un jeu. “ C’est arrivé. C’est choquant. Maintenant, il faut préparer le futur ”.
Désillusion
“ Est-ce que je vais dormir ce soir [samedi, 8 octobre] ? Mes amis ivoiriens ne vont plus me laisser respirer ”, lance Stéphane, essoufflé. La honte s’est emparée de tous. Honte d’avoir toujours juré qu’on est les meilleurs, oubliant que l’Egypte, qui prépare déjà la Can 2006, pouvait créer la surprise, et faire le bonheur des Eléphants, victorieux au Soudan par 3 buts contre 1. Un groupuscule d’Ivoiriens n’a pas hésité à débarquer bruyamment dans le quartier général des Camerounais pour manifester sa joie, occasionnant un léger embouteillage dans la rue menant au “ Bantou Métis ” et dans d’autres coins de la ville. Quelques jeunes brandissaient le portrait de Didier Drogba, comme pour narguer ceux qui aiment l’opposer à Samuel Eto’o, et leur dire que cette figure emblématique de la formation dirigée par Henri Michel mérite aussi d’aller à la coupe du monde…
L’histoire a basculé. Car le 4 septembre dernier, c’est bien les Camerounais qui étaient à l’honneur à Bordeaux, après la victoire héroïque contre les Eléphants. Beaucoup, ici, pensaient au triste scénario de samedi. Mais n’y croyaient pas trop. “On est allé gagner la Côte d’Ivoire à Abidjan. Les Pharaons ne vont pas nous dépasser chez nous. Le gouvernement a tout mis en œuvre pour motiver l’équipe. Nous sommes au courant de tout ce que le ministre
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des Sports a entrepris. Les Lions n’ont pas le droit de nous décevoir ”. Paroles d’avant match démenties par un résultat nul (1-1), synonyme d’une défaite lourde. Après avoir mené au score, les poulains de Artur Jorge n’ont su ni aggraver le score, ni conserver leur avance. “ Les joueurs ont péché par un excès d’orgueil et de suffisance ”.
Egypte 2006
L’égalisation égyptienne est accueillie comme un deuil. “ C’est pas vrai ! ”, s’exclame Maître Martin Longo, avocat au barreau de Bordeaux et président de la sous-section bordelaise du Rdpc, qui ne comprend pas comment et pourquoi le Cameroun a réussi l’exploit de rater le penalty de la qualification. “ C’est triste, mais nous devons prendre ça avec sportivité. La chance n’était pas avec nous ”, affirme Joseph Atangana Amougou (fils de Manga Onguéné), stoppeur à Menesplet, club de la division d’honneur à Libourne. “ Samuel Eto’o aurait dû prendre ses responsabilités. Il fallait qu’il tire ce penalty ”, estime Jean Ntet, un agent de sécurité spécialement couvert d’un drapeau vert – rouge – jaune. “ Cela dit, je pense que nous devons tout faire pour avoir une pelouse digne de ce nom ”, ajoute-t-il, rappelant une vérité de Lapalisse selon laquelle ce facteur est l’un des adversaires permanents de l’équipe nationale. “ Le coach n’a pas fait les remplacements au bon moment. Quand on menait par un but à zéro, il fallait qu’il mette les milieux de terrain pour empêcher les Egyptiens de jouer. Il faut revoir le staff technique ”, soutient pour sa part Serges Boko, lui aussi agent de sécurité. Le moment est en effet venu d’évaluer sereinement le travail du sélectionneur portugais, qui a raté la mission difficile (mais pas impossible) qui lui a été confiée par le gouvernement…
“ Il faut réfléchir à une véritable rénovation de l’équipe nationale. Elle a besoin de sang neuf dans plusieurs compartiments. A cet effet, il faut mettre en place une politique rationnelle de prospection ”, tranche Martin Longo, dont le costume noir carrelé est “ orné ” d’un pin’s aux couleurs du Rdpc et à l’effigie du président Biya. La fête qu’il avait prévue n’a plus eu lieu. Même les beignets haricots (BH), spécialité bien connue du pays, qu’il avait commandés en quantité suffisante n’ont pas attiré grand monde. Beaucoup ont filé à l’anglaise. Allemagne 2006 nous a échappé. Les téléspectateurs du “ Bantou Métis ” en étaient dégoûtés. Ils ont passé un week-end cauchemardesque.
Seule “ consolation ” à présent : rêver de la Can 2006. Il faudrait alors que les Lions (indomptables) se donnent les moyens d’aller défier les Pharaons en Egypte en janvier – février 2006, en remportant la coupe d’Afrique des nations sur leurs propres installations.
Par Norbert N. OUENDJI à Bordeaux
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