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Lions Indomptables : histoire des 18 mois d’Otto Pfister au Cameroun (29.05.2009)
Écrit par Jean Bruno Tagne
Otto Pfister : Trop de tralala ont eu raison du « vieux »
L’ancien entraîneur des Lions Indomptables n’aura jamais connu la paix à la tête de l’équipe nationale du Cameroun.
L’inélégance du départ de Otto Pfister, qui a claqué la porte des Lions Indomptables mercredi dernier n’a d’égale que le cafouillage qui a précédé sa désignation par le ministre des Sports.
Genèse d’une nomination hors normes
La genèse de cette affaire remonte au mois de juillet 2007. La présidence de la République instruit le ministère des Sports et la Fédération camerounaise de football de procéder par appel à candidature, pour désigner un entraîneur à la tête de l’équipe nationale du Cameroun. En même temps, ils doivent mettre sur pied une commission Minsep / Fécafoot chargée d’étudier les dossiers de candidature des différents postulants. Au bout de ce processus, la commission doit transmettre au ministre des Sports les cinq meilleures candidatures, afin que celui-ci choisisse dans cette short-list le nom de l’entraîneur des Lions Indomptables.
En date du 6 août 2009, le ministre des Sports, Augustin Edjoa, adresse une correspondance au président de la Fécafoot dans laquelle il désigne les représentants du ministère au sein de la commission mixte (Cécile Betala, Pierre Noungui, Manga Zambo et Blaise Omgba). La Fécafoot en fait de même.
Après un travail fastidieux au cours duquel la commission étudie plus de 78 dossiers de candidatures, cinq sortent du lot. Ils sont classés par ordre de mérite. 1er, Horst Köppel (41 points), 2ème, Steves Manfred (27 points), 3ème, Artur Jorge (26 points), 4ème, Philippe Troussier (17 points) et 5ème, Jean Thissen (16 points). Cette short-list est transmise au ministre des Sports. Mais en annexe, la commission mixte transmet le procès verbal de ses travaux et sur lequel il explique sa méthode de travail et le classement final jusqu’au dernier.
Contre toute attente, Augustin Edjoa jette son dévolue plutôt sur Otto Pfister qui ne figure pas dans la short-list, mais qui arrive en 11ème position dans le procès verbal transmis au Minsep. La Fécafoot n’en croit pas ses yeux. Rien n’y fait. La nomination du coach allemand est officialisée par un arrêté du ministre des Sports signé le 26 octobre 2007. Dans une note confidentielle datée du 28 octobre 2007, Iya Mohammed proteste et accuse le ministre des Sports d’avoir « violé les très hautes instructions du président de la République ». La Fécafoot se sent bernée et Iya Mohammed décide de ne pas parafer le contrat de Otto Pfister.
Iya Mohammed ne reconnaît pas Otto Pfister
Le 7 novembre 2007, date de la signature du contrat de l’Allemand à l’hôtel Hilton de Yaoundé, Iya Mohammed est bien présent, mais sa position n’a pas changé. Il ne signe pas le contrat du coach. Mais le ministre des Sports le signe.
Le ton est alors donné pour un séjour tumultueux de Otto Pfister au Cameroun. Alors qu’il en est encore à tenter d’assainir ses rapports avec la Fécafoot, il est traîné à la police judiciaire par un certain Fernand Taninche, qui dit être l’homme par qui il est arrivé au Cameroun. Il l’accuse de ne lui avoir pas versé ses commissions. Dans la foulée, même Augustin Edjoa est entendu pour cette autre
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scabreuse affaire.
Les Lions Indomptables participent à la Can 2008 au Ghana avec Otto Pfister sur le banc de touche. Contre toute attente, le technicien allemand réussit à conduire l’équipe nationale du Cameroun jusqu’à la finale qu’elle perd face à l’Egypte (1-0). Avec cette deuxième place à la Can et le temps aidant, on croit alors que Iya Mohammed a appris à aimer Otto Pfister. Que non ! Il crée même la commission Roger Milla, chargée d’évaluer le staff technique des Lions pendant la Can. Le rapport de cette commission est sans appel : Otto Pfister et Gweha Ikouam, son adjoint, ne font pas l’affaire. Ils gagnent sans convaincre, soutient la commission Roger Milla. De deux choses l’une, propose-t-elle. Soit Otto Pfister et son adjoint sont simplement virés, soit on leur adjoint un collège d’entraîneurs locaux. La qualification des Lions indomptables pour la prochaine coupe du monde est à ce prix.
Le ministre des Sports dit niet. Il est conforté en cela par les résultats flatteurs du Cameroun lors du premier tour des éliminatoires, dont le 5-0 contre l’Île Maurice.
Trop c’est trop, je n’en peux plus
Alors que le Cameroun amorce la dernière ligne droite vers la qualification, les Lions Indomptables sont battus le 28 mars dernier à Accra par les Eperviers du Togo. Le onze camerounais, au cours de cette rencontre, montre un visage piteux. L’inquiétude monte. La qualification est compromise. Augustin Edjoa monte au créneau le premier et annonce des « mesures fortes ». La Fécafoot ressuscite sa fameuse commission Roger Milla. Pour beaucoup, la cause d’Otto Pfister est entendue.
Augustin Edjoa, en guise de « mesures fortes », décide de sacrifier Gweha Ikouam, accusé d’être le cerveau du marchandage des places à l’équipe nationale. Le ministre des Sports décide alors de jeter dans les pattes d’Otto Pfister, trois adjoints, des entraîneurs au caractère bien trempé et en mission commandée : Akono Jean-Paul, Kaham Michel, Ndtoungou Mpilé Martin (par ordre alphabétique). Soit désormais cinq personnes en plus de l’entraîneur des gardiens (Thomas Nkono) pour entraîner les Lions. Ça promet.
Otto Pfister ne fait pas mystère de sa colère. Il décide de marginaliser ses adjoints et évolue en solo. Pour la préparation du match du 7 juin prochain à Yaoundé contre le Maroc, il convoque une liste de 25 joueurs appelés à prendre part au stage de Bruxelles en Belgique. Jean-Paul Akono et ses collègues découvrent la liste comme tout le monde. Otto Pfister affirme qu’il est le maître et personne d’autre. Ses adjoints s’énervent. Il n’en a cure. Il les convoque dans sa chambre à l’hôtel Mont Fébé quelques jours avant le départ pour Bruxelles pour préciser les choses. Akono et les autres sont confinés à des tâches pour le moins insolites. Jean-Paul Akono est chargé de la discipline, Kaham Michel du matériel et Martin Ndtoungou des médicaments !
La tension monte. Dans l’avion qui les mène en Belgique dans la nuit de mardi à mercredi derniers, ils se regardent en chiens de faïence. Otto Pfister n’en peut plus. Il remet sa lettre de démission au directeur administratif des équipes nationales, André Nguidjol. Il y dénonce pêle-mêle l’ambiance délétère au sein des Lions, l’impossible collaboration avec ses adjoints, bref, trop de « tralala ». Fin de parcours.
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