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Les Lions cherchent leur équilibre (30.03.2005)
Simon Pierre ETOUNDI
La victoire au forceps face au Soudan suscite des doutes sur la vraie valeur de l`équipe du Cameroun.
Au lendemain de leur victoire le 10 février dernier face au Sénégal en match amical, on croyait les Lions Indomptables guéris de leurs maux des mois passés. Dimanche face au Soudan, on s`est rendu compte que l`équipe du Cameroun était encore convalescente au niveau du jeu. Avant le match, les joueurs camerounais sont apparus assez concentrés et faisaient preuve d`une envie évidente de sortir du trou. Mais entre la volonté et la réalisation de leurs objectifs, il y a un gouffre que Rigobert Song Bahanag et ses camarades ont eu beaucoup de mal à franchir. Mais au fait, quel est le vrai visage de cette équipe des Lions ? Sur quoi repose son jeu ? Quelle est sa véritable marge de progression ? En tout cas, lancée dans le dernier sprint vers le mondial allemand, l`équipe du Cameroun suscite un sentiment bizarre où le doute le dispute à l`espoir.
Profil général: physique en berne
On a été tellement gâté ces dernières années par la puissance physique des joueurs camerounais, au point où certains les croyaient indestructibles. Visiblement, les Camerounais sont de simples humains et donc vulnérables. Bien plus, l`équipe actuelle n`a rien à voir avec ses devancières des cinq dernières années. Le gros problème du Cameroun ? Un manque de fraîcheur physique. Le jeu du Cameroun face au Soudan, par exemple, a manqué de densité athlétique et de spontanéité. Au milieu de terrain et en défense, les déplacements des joueurs étaient pénibles. La conséquence est que le bloc équipe a pris un coup, puisque, entre les joueurs et dans les différents compartiments de jeu, il n`y avait pas toujours la couverture et la complémentarité nécessaires. Par ailleurs, à l`exception de la ligne d`attaque, le reste de l`équipe a renoncé au combat physique dans lequel elle manquait du reste d`arguments. Plus qu`une question de respect des adversaires, c`est aujourd`hui un problème d`envie, de dépassement de soi qui tenaille les joueurs camerounais.
Une défense en quête d`équilibre
Longtemps l`un des points forts du Cameroun, l`arrière-garde des Lions n`est plus un gage de sécurité. A trois où à quatre derrière, les Camerounais peinent toujours autant. Et depuis de longs mois, avec Schäfer ou avec Artur Jorge face au Sénégal et au Soudan, la complémentarité entre les différents éléments utilisés est loin d`être un acquis indiscutable. De plus, la défense camerounaise est d`autant plus mal à l`aise que le reste de l`équipe et précisément le milieu de terrain lui laisse supporter un poids plus lourd que d`habitude, en se replaçant moins bien et effectuant un pressing plus lâche sur l`adversaire. Sur les côtés,
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les hommes utilisés dimanche par Artur Jorge (Angbwa, Atouba puis Olembe) ont ainsi failli, soit défensivement, soit offensivement. Et les joueurs de l`axe n`ont pas assuré convenablement la couverture.
Un milieu veule et sans génie
En 2000, les Camerounais se targuaient de posséder l`un des meilleurs milieux de terrain du monde. Et aujourd`hui ? Pas grand`chose. Avec des joueurs au vécu pourtant évident, l`équipe du Cameroun n`arrive pas à imposer sa marque, ni physiquement, ni techniquement. Sur les couloirs à gauche ou à droite, l`apport des milieux est moins évident aussi bien dans l`animation offensive que dans le replacement défensif. Au centre, les deux axiaux ( d`après la configuration de l`équipe face au Sénégal) sont confinées à des tâches défensives. C`est la raison pour laquelle, les attaquants sont sevrés de ballons. Par ailleurs, individuellement, les joueurs loin d`être résignés, manquent complètement de rythme. Leur prise de risque et leur percussion flirte avec la valeur logarithmique d`un, comme ce fut le cas avec Olembe, Njitap, voire Saïdou face au Soudan. La conséquence de l`apathie des milieux est que le jeu camerounais manque de relief, notamment au niveau de l`animation offensive. On le sait en football, si les premiers relanceurs, ceux qui récupèrent le ballon ne sont pas performants, c`est toute la machine qui est grippée.
Une attaque en panne d`efficacité
Sur le papier, avec Samuel Eto`o Fils, Job, Douala, Webo, voire Ndiefi, les Lions ne sont pas si mal lotis. Mais depuis 2003, à l`exception du Cameroun-Zimbabwé de la CAN 2004 en Tunisie, les Lions n`ont plus inscrits plus de deux buts au cours d`un match, même lorsqu`ils jouent contre une équipe réputée plus faible. Pourtant, la qualité intrinsèque des joueurs n`est pas à remettre en cause. Individuellement, chacun des attaquants essaie tant bien que mal de compenser les carences collectives. Mais, jusqu`ici le bilan comptable des attaquants est famélique. Même pour Samuel Eto`o qui pourtant a inscrit au moins à chacune de ses sorties (sauf dimanche) lors des éliminatoires du mondial et de la CAN 2006 en cours. Du reste, il y a fort longtemps que le meilleur footballeur africain n`a pas réussi un doublé sous les couleurs du Cameroun.
Mais le tableau des Lions Indomptables est loin d`être apocalyptique. Dimanche, l`on s`est satisfait du nombre important d`occasions de buts que les Camerounais se sont procurées. C`est de bon augure pour l`avenir. Par ailleurs, il y a eu de nombreuses séquences au cours desquelles, les joueurs camerounais ont donné l`impression de sortir de leur torpeur. Et individuellement, certains joueurs ont fait preuve de plus d`envie et d`audace que d`habitude. Mais tout cela reste en fin de compte très insuffisant.
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