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Football : Que sont devenus les partenariats? (19.08.2005)
Bertille M. Bikoun
Ksa, Canon et Cintra n’ont pas donné suite à une pratique pourtant porteuse, mais mal exploitée.
Avec le nombre d’années passées à la tête de la Fédération camerounaise de football, on ne peut pas dire que Jean-René Atangana Mballa ne sait pas de quoi il parle. Surtout lorsqu’il affirme :"Je ne connais aucun partenariat entre un club camerounais et étranger. Je ne sais même pas si cela existe." Le problème, d’après lui, vient de ce que "les clubs ne déclarent pas leurs contrats à la Fécafoot. On les voit seulement quand il y a des problèmes".
Il y a quatre ans, la Fédération a dû intervenir lorsque les dirigeants de Cintra de Yaoundé, alors en D1, ont décidé de mettre fin, de façon unilatérale, au contrat – écrit – qui les liait alors à Constellacio Esportiva S.L., société de gérance sportive basée en Espagne. La raison, déclare Hans Njinou, son président est que "le Brésilien [Maxilio Antinio, Ndlr] chargé de gérer les comptes de notre partenaire au Cameroun détournait l’argent qu’on nous envoyait à d’autres fins". Le contrat entre Cintra et Constellacio volait ainsi en éclats un an avant son terme (2003). Cette rupture laisse au passage de nombreux débris que la Fécafoot sera, pour sa part, chargée de nettoyer. L’affaire avait fait gloser, dans les milieux du football national. Pas du côté du Canon de Yaoundé, occupé qu’il était à peaufiner les contours de son contrat avec les Belges du Sporting club Lokeren. Une affaire finalement conclue en mars 2001 par Théophile Abega, le président du Kpa-Kum. "Le Canon sportif de Yaoundé s’est donné un certain nombre d’objectifs pour la nouvelle saison qui vient de commencer [2001/2002]. Pour pouvoir les atteindre, nous avons pensé, dans ce cadre, à nous associer de préférence à une équipe de première division. Lokeren a été ce vecteur-là. Il est venu au Cameroun et a accepté de signer ce partenariat qui, il faut le souligner, est une première au Cameroun", déclare-t-il alors (cf Mutations n° du 06 mars 2001).
Clauses
La convention sportive et financière liant les deux parties courait sur une durée de trois ans, renouvelable. Sur le plan financier, le Sporting club Lokeren devait mettre à la disposition du Canon 150 millions de francs Cfa pour son fonctionnement, dès la première année. Cette somme sera décaissée de façon échélonnée, suivant des lignes budgétaires arrêtées d’accord parties. Un autobus sera également mis à la disposition de l’équipe. En outre, le stade de Nkol-Ewoé (au quartier Anguissa à Yaoundé), site d’entraînement des Mekok me Ngonda, sera aménagé. Une autre clause, selon M. Abega, prévoit aussi que le Canon soit habillé par Puma, l’équipementier allemand des Lions indomptables. Mais ce dernier arrangement ne sera pas effectif.
Sur le plan sportif, Lokeren prendra un ou deux joueurs dans le Canon chaque saison, pour pouvoir couvrir son retour sur investissement. Le contrat prévoyait par ailleurs un échange d’encadreurs. "Un technicien de Lokeren viendrait ici tous les trois ou six mois pour donner un coup de main à l’encadrement local et voir ce qui est fait, rapportait Théophile Abega au lendemain de la signature dudit contrat. En retour, les entraîneurs de Canon pourront aller en Belgique pour suivre les dernières avancées en matière d’entraînement."
Il était donc clair, comme le soulignera son président, que le "Canon ne connaîtra plus les problèmes domestiques. (…) Il reste encore beaucoup à faire pour asseoir durablement le développement du Canon. Nous pensons à un complexe sportif, à un siège social appartenant au Canon. Nous aurons ainsi une adresse fixe et le club pourra être joint à tout moment". Un tel contrat de performance,
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devra néanmoins obliger les "vert-et-rouge" à jouer les premiers rôles, tant sur la scène nationale qu’internationale.
Résultats
La signature du partenariat avec Constellacio Esportiva va galvaniser les joueurs de Cintra. Quelques mois après, le club, qui avait pendant une décennie pataugé en division inférieure, accède en D1 et greffe à son nom celui de son partenaire espagnol. Le contrat a une validité de 5 ans, renouvelable.
Cintra et Constellacio conviennent en effet de ce que le club espagnol prenne en charge le budget de fonctionnement de son partenaire camerounais, évalué à 75-80 millions Cfa par saison. En retour, Constellacio a la prééminence, pour ce qui est de recruter les meilleurs joueurs de Cintra – il peut en prendre deux ou trois par saison. Cintra devra toutefois percevoir 30% sur le transfert de tout joueur. Tout se passera normalement les deux premières années. Cintra enverra ainsi près d’une dizaine de ses joueurs en Espagne, "sans rien recevoir en retour". Ce que dénoncera Njinou au bout de la 4ème année de partenariat, après une année sèche. A Nkolndongo, Mebenga est retenu à l’issue de la première année pour aller évoluer en Belgique. Le milieu offensif s’exprimera la première année, avant de connaître plus tard "des problèmes d’adaptation". Il sera prêté à son club d’origine. En 2000/2001, c’est au tour de Jama Mba de se rendre en Belgique. Mais l’affaire tourne court : à peine quelques mouvements de jambes et l’attaquant est renvoyé au Cameroun. Ce seront là les signes avant-coureurs du clash, dont les origines semblent provenir de la qualité des joueurs camerounais envoyés en Belgique.
Lokeren décide alors de suspendre le contrat. Alfred Lambrecht, son président, estime avoir perdu en investissement pour plus de "30 millions pour que son partenaire effectue les meilleurs recrutements". Canon connaîtra alors un milieu de saison 2002 trouble, marqué par une tension de trésorerie qui ne permettra pas de payer régulièrement les salaires des joueurs.
Les deux partenaires fumeront le calumet de la paix lors de l’intersaison 2002/2003, après que Canon a décroché le titre de champion national. Afin de compenser les précédents échecs et ramener son partenaire à de meilleurs sentiments, Théophile Abega se séparera de cinq de ses meilleurs éléments dont le milieu offensif Mbida Messi, élu meilleur joueur de la saison (c’est l’unique à s’être imposé en Belgique). William Reynders effectuera un voyage au Cameroun pour s’assurer de la qualité du choix des joueurs retenus. L’apport du technicien au sein de l’encadrement technique de Canon, alors en préparation pour la Ligue des champions (C1), édition 2002/2003, sera peu visible : Canon termine dernier de sa poule, lors de la phase finale de la C1. Le contrat avec Lokeren ne sera pas reconduit. Si on en a beaucoup parlé, certainement parce que les partenariats de Canon et Cintra sont les seuls a avoir été formalisés, même s’ils n’ont pas été validés par la Fécafoot. La Kadji Sport Academy (Ksa) avait pourtant noué un partenariat avec Le Havre (L1, France). A une différence près, cependant, celui-ci comportait les mêmes clauses que les deux autres suscités. Un rapprochement favorisé par Gilbert Kadji, alors président des deux structures. A l’ouverture de son centre de formation, il nommera d’ailleurs un Français à sa tête.
Beaucoup d’autres clubs locaux ont tenté des opérations de charme en direction de formations européennes, sans pouvoir formaliser les accords. C’est ainsi que certaines équipes locales (AS Deportivo Alavès, Fenerbahce...) ont cru devoir accoler des étiquettes européennes célèbres au nom de leur formation. Des appels du pied restés sans lendemain.
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