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Yaoundé : Le coup de sang de Roger Milla (24.08.2010)
Le président d’honneur de la Fécafoot a quitté la salle du comité exécutif samedi après avoir exigé en vain des excuses de Iya Mohammed.
Quand le vieux Lion se fâche ! Ainsi pourrait-on résumer le coup de sang de Roger Milla samedi lors de la réunion du comité exécutif de la Fédération camerounaise de football à l’hôtel Mont Fébé de Yaoundé.
Alors que les travaux ont à peine commencé, le président d’honneur de la Fécafoot fait irruption dans la salle. Coulé dans un super costume sombre, Roger Milla est visiblement énervé. C’est alors qu’il prend la parole et exige du président de la Fécafoot, Iya Mohammed, des excuses publiques pour s’être associé au ministre des Sports pour le désavouer lors de la crise qui l’avait opposé au capitaine Samuel Eto’o Fils un peu avant la Coupe du Monde en Afrique du Sud.
Iya Mohammed refuse de présenter ses excuses. Pour lui, il est de son devoir de protéger les joueurs et l’entraîneur lorsqu’ils sont attaqués. Il assume donc le désaveu de son président d’honneur. L’adrénaline monte. Roger Milla ne tient plus en place. Il éructe des propos désobligeants vis-à-vis des membres du bureau exécutif de la Fécafoot, demande pêle-mêle le limogeage du secrétaire général, Tombi à Roko, et du chef du cabinet du président de la Fécafoot, Abdouraman Hamadou. Roger Milla, noir de colère, quitte ensuite la salle dans l’indifférence du président Iya et des administrateurs qui reprennent leurs travaux.
La crise entre Roger Milla et les dirigeants du football camerounais a commencé vers la fin du mois de mai dernier, quelques jours avant le coup d’envoi de la Coupe du Monde. Dans une interview à l’Afp reprise en boucle par les chaînes de télévision françaises, le vieux Lion s’en était vertement pris à Paul Le Guen et au capitaine Samuel Eto’o. « « Je n’étais pas d’accord avec la liste des 30 de Paul Le Guen. Les gens sont amers, ils ne sont pas sûrs de Le Guen. La Can 2010 en Angola a été une grosse déception. Samuel Eto’o ? Pour l’instant, il a apporté beaucoup à Barcelone et à l’Inter Milan, mais jamais rien à l’équipe du Cameroun. Il n’a pas encore répondu aux attentes. C’est aussi une question de discipline : il a un peu malmené les autres joueurs, on n’avait jamais vu ça en équipe nationale ! Le Cameroun attend qu’il réagisse », avait-il dit.
Des propos qui ont amené Samuel Eto’o à menacer de ne pas prendre part à la Coupe du Monde. Le ministre des Sports et le président de la Fécafoot avaient alors, chacun, publié un communiqué dans lequel ils réaffirmaient leur soutien à Paul Le Guen et à Samuel Eto’o Fils. Michel Zoah et Iya Mohammed avait ensuite quitté le Cameroun pour se rendre auprès du coach et du capitaine alors en stage au Portugal. Milla s’est senti humilié. Il a rongé son frein en attendant le bon moment. Il a repris la main après la débâcle des Lions en Afrique du Sud et les problèmes d’indiscipline qui y ont alimenté le séjour de Samuel Eto’o
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et ses coéquipiers.
Nommé président d’honneur de la Fécafoot en mars 2008, au plus fort de la guéguerre entre le ministère des Sports et la Fécafoot, Roger Milla n’hésitait pas à se jeter à l’eau pour le compte de la Fédération. Il a, selon nos sources, régulièrement reçu un traitement financier mensuel de 500 000Fcfa et a obtenu une gratification de 15 millions Fcfa pour la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud.
Jean-Bruno Tagne
Roger Milla : « Qu’ils continuent avec leur Fédération »
L’ambassadeur itinérant donne les raisons de sa colère lors de la réunion du comité exécutif de la Fécafoot.
Vous êtes sorti de la réunion du comité exécutif étant très fâché. Que s’est-il passé ?
Je n’étais pas content. C’est de mon droit, en tant que président d’honneur de la Fécafoot, de demander que le président de la Fédération me présente des excuses, parce qu’il a publiée à la Crtv et autres médias n’avait pas de raison d’être. Pour le faire, il devait d’abord consulter le comité exécutif. Il ne peut pas se permettre de le faire parce que le ministre l’a fait. Je suis quand même le président d’honneur de la Fécafoot. Il pouvait prendre son téléphone et m’appeler d’abord. Je me suis fâché parce qu’il a dit qu’il ne peut pas demander des excuses. Alors, j’ai claqué la porte. Qu’ils continuent avec leur Fédération.
Cela veut-il dire que vous démissionnez de la Fédération ?
Cela ne veut pas dire que le comité exécutif me démissionne. Cela ne veut pas dire que je ne vais plus m’occuper du football camerounais. Je suis Camerounais. Je continuerai toujours à aider ce football, à l’accompagner jusqu’à ma mort. Ce n’est pas parce que des individus ont fait des conneries que je vais abandonner le football camerounais.
Est-ce la rupture avec la Fécafoot ?
Je leur laisse quelques jours. Si rien n’est fait, je ne suis plus avec eux.
La Fécafoot travaille en ce moment sur la professionnalisation du football camerounais. Vous y croyez ?
On attend de voir. Quand on parle de football professionnel, cela veut dire que chaque équipe a ses infrastructures, qu’elles ont des sponsors qui vont les accompagner. J’attends de voir comment cela va se faire. Je ne suis pas très sûr que ça puisse réussir.
Comment appréciez-vous l’arrivée de Javier Clemente à la tête des Lions Indomptables ?
Il y a un choix d’entraîneur qui a été fait. Il faut respecter ce choix. Il y a un travail à faire. Il ne faut pas qu’il se comporte comme ses prédécesseurs. On a besoin de rétablir cet équilibre dans notre football et ça doit commencer par Javier Clemente et François Omam Biyick. Je pense que le travail à faire sera surtout au niveau de la discipline. Pour le reste, je n’ai pas à insister, parce qu’on a de très bons joueurs. Mais s’il n’y a pas de discipline dans ce football-là, on ne peut aller nulle part.
Propos recueillis par
Achille Chountsa
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