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Jeux olympiques : Françoise Mbango parle... (30.08.2004)
Propos recueillis par E. Gustave Samnick
De sa préparation. De son futur challenge. De ses rapports avec le Cameroun. Du problème de nationalité. Lire également, le bilan du Cameroun à Athènes 2004.
Françoise Mbango "On ne change pas d`équipe qui gagne"
La championne olympique du triple saut revient sur son exploit d`Athènes et ses relations avec son pays.
a République dominicaine, les Bahamas et autres Kiribati n`existent sur la scène internationale que par la surexposition médiatique qu`offrent les Jeux olympiques d`été. A Athènes, où s`est achevée hier la 28ème olympiade, le drapeau vert-rouge-jaune a flotté et l`hymne national du Cameroun a retenti sous le ciel du stade olympique. C`était lundi dernier après la magnifique médaille d`or remportée par Françoise Mbango Etone dans l`épreuve du triple saut féminin. Cette unique médaille, dans le métal le plus précieux, vient rehausser le bilan de la délégation camerounaise (54ème sur plus de 200 pays participants) à ces jeux olympiques, qui était bien parti, en réalité, pour être désastreux au vu de la préparation calamiteuse qui avait précédé la compétition. Encore une fois, la bravoure des sportifs camerounais triomphe de la médiocrité managériale des autorités de ce pays.
Mutations revient donc, dans le présent dossier, sur le bilan complet de la participation camerounaise à Athènes 2004 et tire les premières leçons d`une compétition qui n`aura pas manqué de sensations fortes par ailleurs.
Comment on se sent, cinq jours après avoir gagné une médaille d`or olympique?
Heureuse, mais fatiguée. Là, je suis à Paris, où je suis rentrée hier (Ndlr: samedi 28 août). Ma victoire à Athènes, je n`en reviens toujours pas. Je viens de regarder à nouveau la cassette de ce concours, et je comprends mieux l`émotion des Camerounais après ma médaille. Cela m`a fait chaud au coeur de savoir que dans mon pays, les gens suivaient attentivement le déroulement de la compétition et ont partagé mon bonheur après la victoire.
Quand viendrez-vous justement au Cameroun pour fêter cette médaille?
Je ne sais pas encore. Cela ne dépend plus de moi seule. J`attends que des informations me parviennent du Cameroun, où quelque chose doit être en train de se préparer.
Est-ce que vous étiez vraiment préparée à monter sur la première marche du podium à Athènes?
Je m`étais très bien préparée pour remporter la médaille d`or, dans le calme et le sérieux. J`ai suivi un programme de préparation personnelle, aidée par ma petite soeur Hélène, à Paris. J`ai aussi passé un mois de préparation au Cameroun, toujours dans la sérénité. Je savais, au fond de moi, que j`ai le potentiel pour aller chercher la médaille d`or à Athènes.
Néanmoins, qu`est-ce qui vous a fait le plus peur, avant de vous lancer dans le sautoir: la pression? Lebedeva ?
C`est Lebedeva. Non pas que j`avais peur d`elle, mais j`appréhendais de pouvoir la trouver en grande forme. C`est elle qui dominait quand même le concours du triple saut au niveau mondial. Je savais donc que c`est l`adversaire avec laquelle je devais me battre, beaucoup plus qu`avec les autres, pour la médaille d`or à Athènes. Maintenant, je dois dire que mon stress d`affronter Tatyana Lebedeva s`est envolée avec la performance réalisée par la Grecque dans les qualifications. Quand Devetzi a fait 15m32, j`ai vu la panique de la Russe Lebedeva. J`ai alors compris que javais tort de douter de moi, et surtout que Lebedeva n`était pas imbattable. A partir de là, ma confiance a redoublé. Avant la
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compétition, ma petite soeur et moi avions beaucoup refléchi sur les points faibles de la Russe. Et nous avions justement remarqué que si elle n`est pas première, elle perd sa confiance. La Grecque m`a aidée à la bousculer dans ce sens, et j`ai achevé l`oeuvre au bon moment, en finale, en réussissant 15m30 dès le deuxième essai.
Et maintenant, qu`allez-vous faire de votre médaille? Quelles sont vos nouvelles ambitions ?
J`estime qu`avec la médaille d`or olympique, j`ai réalisé une grosse partie de mon rêve. Mais, il me reste encore quelque chose à faire: battre le record du monde. C`est mon nouveau challenge, je vais m`y atteler.
Avec la méthode qui vous a conduite à la victoire à Athènes?
Bien sûr! On ne change pas une équipe qui gagne. J`ai gagné à Athènes en m`entraînant avec ma soeur. Je vais continuer à travailler avec elle. Peut-être, en fonction des moyens dont je disposerai, je ferai venir autour de moi d`autres personnes qui peuvent m`aider à atteindre mes objectifs. Je pense notamment à un kinésithérapeute et à un ostéopathe.
Evidemment, je viendrai également m`entraîner au Cameroun avant les grandes échéances, en compagnie de celle qui a toujours cru en moi et m`a soutenue, l`entraîneur Ariane Bissik.
Quels sont vos rapports avec le Cameroun, le public, les autorités?
Avec le public, c`est merveilleux. Le public camerounais m`adore, et ça me touche. J`ai encore pu le mesurer en avril, quand je suis venue pour le Yelaim (Ndlr: Yaounde Elise Azar Meeting) à Yaoundé. Et à cette occasion, vous vous en souvenez, j`avais demandé la bénédiction du peuple camerounais. Je crois que mes fans ont compris cet appel et ont prié pour moi. Et si j`ai pu traverser toutes les difficultés que j`ai rencontrées, c`est parce que je savais que les Camerounais me supportent. Au Cameroun, et même en Afrique, j`ai la chance d`avoir le soutien fort du public.
Qu`en est-il des autorités du pays? Il y a eu des problèmes sur les primes et la préparation avant votre départ à Athènes...
Le problème de l`encadrement des sportifs n`est pas né avec Françoise Mbango. C`est un vieux problème. Moi, si j`ai insisté pour parler, c`est parce que j`étais persuadée que ma voix peut porter, et je le faisais pour l`ensemble des athlètes camerounais qualifiés pour Athènes. Moi, je savais ce que les sportifs camerounais peuvent faire s`ils sont bien encadrés, s`ils ont le minimum exigible dans une compétition de haut niveau. Malheureusement, beaucoup de gens ne savaient pas que nous étions capables de faire quelque chose aux jeux Olympiques.
Mais ça, c`est du passé. Moi, je ne regarde pas derrière. Je ne reviens pas sur ce qu`on aurait dû faire et qu`on n`a pas fait. Je fais de la compétion et je vais de l`avant. J`espère seulement que ma médaille d`or va aider à faire entendre davantage la voix des sportifs camerounais dans leur pays, et partant, faire en sorte que leurs conditions de travail soient meilleures à l`avenir.
Parmi les difficultés que vous avez soulignées plus haut, on suppose qu`il y a cette affaire de la nationalité française que vous avez refusée et qui aurait fait que vous soyez sans entraîneur...
A mon niveau, ce n`était pas une difficulté. D`ailleurs, cette affaire a surtout été véhiculée par la rumeur, moi je n`en avais rien dit. Même si cela m`a été proposé, je n`ai jamais envisagé de changer de nationalité. C`est devenu une affaire parce que les Camerounais, je crois, avaient peur que je les quitte. C`est dommage que certains aient douté de mon attachement à mon pays.
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