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Chrono : Relève (06.08.2010)
Pendant que l’opinion nationale est encore distraite par une foultitude d’informations mais surtout de rumeurs éparses au sujet du recrutement d’un nouvel entraîneur-sélectionneur des Lions indomptables, certains candidats nationaux auditionnés ayant fait croire contre toute logique à des journalistes naïfs qu’ils faisaient désormais partie de la Short-List, il s’est passé il y a quelques jours au Cameroun une activité assez intéressante et encourageante pour la promotion du sport camerounais. Le basketteur camerounais Mbah à Mouté, pensionnaire du championnat professionnel américain, a organisé à Yaoundé un camp de détection des jeunes talents de la balle orange. Au bout de l’exercice, les cinq meilleurs joueurs du rassemblement ont été retenus pour participer à l’étape supérieure, l’écrémage au niveau continental.
On se souvient que lors de la dernière participation de l’équipe du Cameroun à la Coupe d’Afrique des nations, Mbah à Mouté n’avait pas pu rejoindre l’équipe nationale pour défendre les couleurs de son pays, simplement parce que le Cameroun n’avait pas pu rembourser l’assureur de son club professionnel nord-américain. Ce sont des exigences de la haute compétition contre lesquelles le joueur ne peut rien, mais avec lesquelles l’organisation interne du sport dans notre pays devrait pourtant s’accommoder. Cette organisation qui est par ailleurs défaillante dans bien d’autres domaines, tels que la formation à la base et la mise sur pied d’une politique de détection des jeunes talents. On peut dès lors se féliciter de ce que, de grands athlètes camerounais, songent de temps à autre à apporter leur pierre pour édulcorer certaines failles de notre système de gouvernance sportive.
Quant une star de la planète sport revient proposer des choses telle que l’organisation des campus de détection des talents, elle donne à voir en fait trois qualités qu’il faudrait saluer ici. C’est d’abord le signe du sens du partage : quand on a réussi, on peut toujours dire que l’on n’a aucune obligation de regarder ceux qui sont restés derrière, et qu’on n’a rien à gagner en s’investissant dans le développement du sport de son pays. Or, Mbah à Mouté et d’autres pensent qu’on peut partager son expérience du haut niveau, mais aussi les quelques ressources matérielles et financières glanées là-bas pour faire des choses ici. C’est ensuite la marque de la reconnaissance du sportif accompli: je donne au sport ce qu’il
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m’adonné. C’est enfin un acte patriotique : on n’oublie pas d’où l’on vient, quels que soient les lauriers glanés ailleurs et quel que soit l’état de délabrement de la terre de nos ancêtres.
D’autres grands sportifs originaires du Cameroun ont souvent emprunté ce chemin valorisant de retour, avec des actes concrets, sur la terre de leurs parents. Même ceux qui ont évolué et fait leur brillante carrière sous les couleurs d’autres pays. On pense notamment à l’ancien champion de tennis Yannick Noah, qui fut lui-même détecté par Artur Ashe au cours d’un camp de tennis à Yaoundé, et qui accepta d’être conseiller des Lions indomptables sans rémunération. On pense au footballeur Jean-Alain Boumsong, qui a créé une association humanitaire, «Adna», dans son pays d’origine, lui l’international français. Toujours dans le domaine du football, on ne saurait négliger l’apport ne serait-ce que psychologique de ces fondations mises sur pied par des footballeurs à la retraite ou en activité (Roger Milla, Samuel Eto’o, Jean II Makoun…), qui permettent aux jeunes générations et aux couches démunies de croire que tout espoir n’est pas perdu.
Roger Milla utilise ainsi son aura bâti après une carrière exceptionnelle de footballeur pour réunir des moyens et venir en aide à certains de ses compatriotes à travers Cœur d’Afrique, qui s’est d’ailleurs aussi lancé dans un programme de reconversion d’anciens joueurs en entraîneurs. Samuel Eto’o, lui était devenu professionnel par un concours de circonstance (les recruteurs du Real Madrid étaient venus superviser plutôt Bonaventure Kalou au cours d’un match de cadets Côte d’Ivoire-Cameroun), a créé la Fundesport qui encadre gracieusement de jeunes footballeurs et donne des opportunités aux meilleurs d’entre eux de devenir des professionnels plus tard, et aux autres de poursuivre leur scolarité.
Nous avons noté que le ministre des Sports et de l’Education physique était présent à la cérémonie de clôture du camp de Mbah à Mouté à l’esplanade du palais polyvalent des sports de Yaoundé, ce qui témoigne du soutien des pouvoirs publics à pareille initiative. Il faut souhaiter que l’Etat fasse davantage en matière d’offres des infrastructures sportives. Car un terrain de jeu de plus donnera l’opportunité à de futures vedettes de foot d’émerger ; un panier de basket de plus dans un quartier, et une chance de plus d’avoir un autre Mbah à Mouté…
Par Emmanuel Gustave Samnick
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