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Cameroun - Egypte : Sur les traces des billets parallèles (05.10.2005)
652 tickets d’entrée au stade portant des numéros en double ont été identifiés. Si au niveau de la fédé comme du ministère, on dit avoir l’esprit à la confrontation de samedi prochain, trois hypothèses expliquent provisoirement la ruse.
Pour la rencontre opposant les Lions Indomptables du Cameroun aux Pharaons d’Egypte, comptant pour le dernier match de la phase retour des éliminatoires Can/Mondial 2006, la commission paritaire composée des membres de la fédération camerounaise de football et les responsables du ministère des Sports et de l’éducation physique a convenu de passer la commande de 38720 billets, numérotés, et équivalents aux places préalablement identifiées. Après les premières commodités d’usage, deux responsables ont été désignés dans chacune des deux instances dirigeantes du football camerounais, pour le suivi et l’exécution du projet. Se sont intéressées à l’appel d’offres en vue de l’impression des tickets correspondant aux normes et à la qualité requises par la fédé, deux imprimeries agréées, qui ont reçu la facture pro forma. A la suite du dépouillement, qui intégrait les préoccupations liées aux prix et à la qualité infalsifiable des billets, le plus disant des deux candidats, la société française “ Perfect security documents Sa ” a gagné le marché. Le week-end dernier au moment de réceptionner la “ marchandise ”, le directeur général de la Fécafoot, Patrick Prêcheur, a surpris les acteurs et habitués des “ livraisons ”, en invoquant la clause du décompte comparé des billets par rapport aux commandes, avant tout déploiement. En dépit des manœuvres perverses et du dilatoire de ses collaborateurs, l’intransigeance du Dg de la fédé, a soumis tout le monde à l’inhabituelle corvée. La moisson n’a pas été si mauvaise, puisqu’on découvre, la supercherie. La méticulosité ayant conduit au décompte rigoureux des billets, en fonction du classement par rangée, par bloc et par numéro permet de déceler 652 billets portant des numéros en surnombre.
Les responsables de la fédé se félicitent de “ leur bonne organisation, sans la quelle la ruse aurait tourné à merveille ”. Car les billets portant des numéros en double auraient créé des litiges difficilement gérables, d’autant plus qu’à l’arrivée, deux personnes en possession de deux billets portant un même numéro, se retrouverait à se disputer la même place, si le réseau n’avait pas été démantelé. “ Le nombre de billets parallèles est certes dérisoire, mais nous allons creuser l’affaire. Nous avons saisi par courrier la structure qui avait la charge d’imprimer les billets. Nous attendons la réponse pour y voir plus clair. Rassurez-vous, un communiqué de presse sera envoyé aux médias ”, tranche Patrick Prêcheur, la tête ailleurs.
Trois niveaux
de culpabilité
Dans les couloirs du ministère et du côté de la direction des stades, chacun joue à l’innocent, et clame l’impérative obligation de trouver des réponses à certaines questions, mais après le match. “ La question du surnombre des billets d’entrée au stade doit être mise en veilleuse. Pour l’instant, il faut éviter de se déconcentrer ou
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de désorganiser le système qui a été mis en place pour que le match Cameroun – Egypte soit sur le plan de l’organisation, la réussite et le succès le plus totale ”, serine-t-on. Il y en a qui pense que la stratégie des numéros en double des billets d’entrée au stade participe de l’ultime stratégie pour faire diversion et distraire les Camerounais. “ En les opposant le combat va être porté vers d’autres champs de bataille et permettre de distraire l’ossature de l’équipe ”, commente en effet un sociologue.
Même si à la fédération on met l’affaire sous le boisseau, en évitant de citer les noms, sous le prétexte que le match de samedi est plus préoccupant ; si on n’a pas encore eu le temps de se pencher sur l’affaire, on n’évacue pas une supercherie animée par quelques brebis galeuses ; des magouilles qui se sont grippées devant l’organisation mise en place, qui a permis le démantèlement rapide du réseau. “ Des demandes d’explications ont été adressées aux principaux responsables, chargés du suivi de l’opération. Des mesures administratives de sécurité, à titre conservatoire ont été prises. Elles sont internes au fonctionnement de nos structures et ne demandent pas à être médiatisées. La réalité est là. On va éclairer les choses après le match. Nous n’avons pas de temps à perdre ”, tranche-t-on des deux cotés ; en indiquant que des éléments des services des renseignements généraux se sont vus confiés le dossier. Devant les instances de la presse à connaître les noms de ceux qui sont soupçonnés d’avoir perpétré ou animé le réseau, le flou demeure, entretenu, par ceux qui parlent de la présomption d’innocence. “ Tout est encore en apparence. Nous ne prendrons des mesures que quand on sera en possession de tous les éléments. Il est important de ne pas se tromper en pareille situation, de ne pas se hâter non plus dans la prise des décisions. Il faut prendre le temps, rassembler toutes les pièces du puzzle et les différents éléments de preuve. Il faut relativiser les niveaux de culpabilité ”.
L’ultime hypothèse c’est une faille qui serait intervenue, dans le processus de fabrication des billets ; s’interroger si l’imprimerie s’est en “ toute naïveté ” trompée en imprimant les billets, avec des numéros en double. Une hypothèse plausible, mais qui sous-entend la légèreté de ses responsables ; qui n’auraient pas été diligents dans le décompte. Le cas échéant, on serait face à un autre imbroglio avec des élans de détournement, si la qualité des billets commandée était inférieure aux 38720. “ Nous accordons la présomption de bonne foi à l’imprimerie en espérant que ses responsables sont suffisamment intelligents et astucieux, de manière à ne pas exposer l’imprimerie à sa perte, pour une somme aussi dérisoire ”. Pour l’heure, il est difficile de départager les fanatiques de cette thèse, de ceux qui affirment que l’imprimerie a été trompée par quelques prédateurs qui ont commandé l’impression des billets en double, en laissant croire qu’il y avait des sièges pour deux personnes détentrices des tickets portant le même numéro. Affaire à suivre.
Par Souley ONOHIOLO
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