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CAN 2010: Les Lions sous pression (14.01.2010)
Brice MBEZE
En concédant une défaite (0-1) hier face au Gabon, la sélection nationale est désormais condamnée à gagner les deux prochains matches.
Les Panthères du Gabon ont pris hier leur revanche sur les Lions Indomptables. Battue à deux reprises en septembre dans le cadre des éliminatoires couplées Can/Coupe du monde 2010 par le Cameroun, la sélection nationale gabonaise a lavé l’affront. Un but de Daniel Cousin inscrit à la 17e mn a semé le trouble dans le camp camerounais. Pendant 80 minutes environ, Samuel Eto’o et ses coéquipiers n’ont pas pu remonter l’handicap et réagir. Les Lions Indomptables sont tombés sur une bonne équipe des Panthères, bien regroupés en défense, solides au milieu de terrain. Ils ont surtout buté sur un excellent gardien de but, Didier Ovono qui a enrayé toutes les offensives camerounaises.
Dans trois jours, les Lions, désormais dos au mur, livreront un autre match piège face à la Zambie « qui n’a rien à perdre », a laissé entendre Hervé Renard, son entraîneur. Bien que battue, l’équipe nationale du Cameroun n’a pas été ridicule dans le jeu. Ce qu’on regrette, c’est le manque d’efficacité de l’attaque. L’encadrement technique a trois jours pour effectuer les réglages, nombreux en défense centrale, sur le côté gauche, au milieu de terrain et bien sûr en attaque. Paul Le Guen qui a perdu son premier match officiel est désormais sous pression. Il est appelé à trouver la meilleure animation possible pour cette équipe qui ne manque pourtant pas de ressources. Habitué jusque-là à savourer les victoires avec les Lions, on s’attend à voir comment le technicien va gérer sa première défaite.
Certains choix sont discutables. Makoun n’a pas fait un match historique mais l’a curieusement terminé. Somen a Tchoyi est de plus en plus exposé à la concurrence. Bedimo a essayé de colmater les brèches, mais n’a pas pris de risque. Webo a manqué de lucidité. La liaison Emana-Eto’o n’a pas fonctionné. Les lignes ont eu du mal à communiquer. Le travail de fond devrait commencer. Le Cameroun, quatrième mondialiste africain à entrer en scène, n’a guère rassuré. Après le faux pas de la Côte d’Ivoire face au Burkina Faso, la désillusion de l’Algérie face au Malawi, le chemin de croix du Nigeria face à l’Egypte, le Cameroun a trébuché à son tour. La thèse de la Can des surprises est en marche. La campagne de Lubango commence mal pour les Lions qui ont trois jours pour se ressaisir.
CAN 2010: Et Douala se tut…
Steve LIBAM
La défaite surprise des Lions face aux Gabonais a laissé les habitants dans le désarroi.
17 h 18 mn. Et le silence se fait. On peut entendre le vent qui caresse le feuillage des arbres. Le flot du Wouri qui s’écoule paisiblement. Certes, la ville s’est faite muette pour ce match. Seules quelques voitures retardataires parcourent encore ses artères. Mais la vérité c’est que le Cousin gabonais vient de donner un sacré coup de poignard à ses compères Camerounais. Carlos Kameni n’a rien pu faire. (1-0) pour le Gabon. Du côté du parc des Princes de Bali où la société de téléphonie mobile MTN a organisé un « Mtn fan park », le premier du genre à Douala, avec projection des matchs de la CAN sur écran géant, les supporters sont incrédules. « C’est rien, ça va passer ». « Juste ce qu’il faut pour nous mettre en route », glissent les plus férus. Le jeu ne leur donne pas tout à fait tord. Les occasions se succèdent. Emana enchaine les « gris-gris », un peu trop au goût de certains. En vain. Eto’o n’est pas assez percutant. Et dans les tribunes, le traditionnel débat sur son efficacité en équipe nationale revient sur le gazon. «
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Sic’était l’Inter, il aurait marqué. Avec les Lions, c’est toujours comme cela. » « C’est comme si c’était un de ses clones qui jouait.» Du côté des autorités administratives venues communier avec la population, dont Fritz Ntonè Ntonè, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala, c’est le même calme.
En seconde période, le scénario est le même. Les Lions se font plus tranchants. Les Gabonais encore plus aiguisés. 19h40, plus que 5 mn environ à jouer. Les tribunes commencent à se vider. «C’est fini, on ne fera plus rien». Merlin, un ultra fan des Lions semble se réveiller. « Bon sang, c’est contre le Gabon qu’on joue le nul ? » Eh oui, c’est bien ce Gabon que le Cameroun a battu à deux reprises lors des éliminatoires. 6mn d’arrêt de jeu. Certains reviennent, pleins d’espoirs vite douchés par le tir d’Obameyang sur la barre transversale. Les projecteurs s’allument sur le podium, comme pour signifier la fin du film dans les salles de cinéma. Coup de sifflet final. Le flot de supporters se retire. « On va se rattraper ». Les plus optimistes veulent y croire. Pour d’autres, la pilule est amère. Les quartiers chauds sont restés calmes. La bière a peu coulé. Si oui, pour « noyer la défaite ». La nuit s’annonce morose. Dehors, fin du couvre-feu. Les embouteillages ont repris. Mais pas de klaxons de joie. Seulement pour marquer son impatience. Des supporters ont le regard fuyant. Honteux d’avoir été avilis le Gabon. Cette «onzième province du Cameroun » à qui la métropole promettait une raclée.
CAN 2010: Chez les Nkoulou, on espère
Angèle BEPEDE
La première CAN de ce milieu défensif du Cameroun n’a pas été un succès pour le Lion.
Le temps s’égrène. Le dépit se lit sur les visages. La première rencontre de la poule D entre le Cameroun et le Gabon est à deux minutes de la fin. Le Cameroun est mené au score (0-1). « C’est la malchance ou la sorcellerie ? »S’interroge Yvette Onguene Efam, mère de Nicolas Nkoulou, vêtue du numéro 3 de son fils. C’est la déprime dans la famille du milieu défensif des Lions Indomptables du Cameroun. La famille réunie dans ce modeste domicile d’Odza Borne 10", a su gérer la défaite des Lions. Les murs du domicile sont décorés en majeure partie par les photos de Nicolas Nkoulou et de son frère aîné, Patou Bass (artiste musicien camerounais). C’est la « première CAN sénior de Poupi (NDLR : petit nom donné à Nicolas Nkoulou) et sa première défaite. Les gars se sont battus mais le but n’est pas arrivé », déplore la mère du joueur en se rongeant les ongles. Chacun essaie de trouver une explication à ce but gabonais marqué à la 17e mn. « Les gars ont été surpris. Nicolas essayait de rattraper une action d’un de ses coéquipiers », justifie un oncle. La boisson disposée sur la table est devenue de trop. Pourtant, au début de la deuxième mi-temps, oncles, frères et cousins étaient confiants. C’est à grandes gorgées que chacun prenait sa boisson en se calant dans son fauteuil. « J’ai été déstabilisé par le but de Daniel Cousin. J’ai refusé de regarder la fin de la première mi-temps. Mais j’étais très confiante », raconte Yvette Onguene Afam. A l’évocation du nom de Nicolas Nkoulou par la commentatrice de la CRTV, c’est l’éveil dans la maisonnée. Le milieu défensif vient d’effacer Daniel Cousin, capitaine de la sélection gabonaise. -« Eéé mon bébé ! Lâchez-vous !» Lance la mère. Sur le moniteur du téléviseur qui mobilise l’attention de la dizaine de personne réunies chez Yvette One Afam, Nicolas Nkoulou essaie de galvaniser ses coéquipiers. Rien n’est fait le match est terminé. Chacun formule des vœux meilleurs pour la rencontre de dimanche.
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