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Suspension du Togo :Jusqu’où ira la Caf ? (02.02.2010)
Écrit par Lindovi Ndjio.
La Caf devrait être coincée entre le désir de respecter ses textes, et le sentiment de compassion du monde entier.
Après avoir annoncé au début de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) qu’elle ne punirait pas le Togo, la Confédération africaine de football (Caf) a fini par appliquer son règlement à la lettre. Dans un communiqué publié le 30 janvier dernier, «le Comité Exécutif décide de suspendre l’équipe nationale représentative du Togo pour les deux prochaines éditions de la Coupe d’Afrique des nations. Une amende de 50 000 dollars US est également infligée á la Fédération Togolaise de Football». Conformément à l’article 78, chapitre 36 du règlement de la CAN 2010. Une sanction qui fait suite au forfait des Eperviers après l’attaque de leur bus par les rebelles du Front de libération de l’enclave de Cabinda (Flec).
C’était le 8 janvier dernier, alors que les Eperviers du Togo rentraient dans le territoire cabindais pour prendre part à la 27e coupe d’Afrique des Nations de football, dans la poule B basée dans cette enclave sujette à un conflit armé entre le gouvernement angolais et des indépendantistes originaires de cette région. Un incident qui a couté la vie à deux membres de la délégation togolaise : Abalo Amelete l’entraîneur adjoint des Eperviers, et Stanislas Ocloo, le responsable communication de l’équipe. Quant à Kodjovi Obilalé, le gardien remplaçant qui a reçu une balle dans les reins, il a été transféré samedi 9 janvier au matin par avion médicalisé en Afrique du Sud.
La fermeté de la Caf dénoncée
La raison évoquée par la Caf est l’intervention du gouvernement togolais pour que sa sélection renonce à participer à cette Can 2010 en Angola. «Quand il y a interférence politique, on ne peut pas l’accepter. C’est exactement comme le cas du Nigeria en 1996 quand les autorités politiques avaient retiré l’équipe nationale. C’était une interférence politique et nous avions sanctionné l’équipe nationale du Nigeria pour deux éditions […] Il n’y a pas de circonstances exceptionnelles à partir du moment où ce sont les autorités politiques qui les ont retirées. Si les joueurs togolais avaient décidé de partir, devant cette émotion, devant cette peine, on aurait compris», justifie Issa Hayatou, le président de la Caf.
C’est encore le gouvernement togolais qui a pris le devant de la contre-attaque. En annonçan que son pays va faire appel de cette décision, Pascal Bodjona, ministre de l’Administration et porte-parole du gouvernement, n’a pas manqué de souligner que «La décision de la Caf est scandaleuse et n’a aucune dimension humaine». C’est le monde entier qui regrette la position de la confédération. «Il
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ne fait qu’aggraver la plaie qui est déjà béante pour le peuple togolais», a déclaré Tata Avlessi, ancien président de la Fédération togolaise de football. «Ils se foutent de notre gueule. Cette décision est monstrueuse. Issa Hayatou doit dégager. La seule chose que lui et ses copains savent faire, c’est attribuer la Can aux pays qui leur donnent le plus d’argent», s’est révolté Emmanuel Adebayor. On a également enregistré entre autres, les réactions de Claude Le Roy, ancien entraîneur du Ghana et du Cameroun, et Pascal Boniface, spécialiste de la géopolitique de sport qui tous dénoncent la fermeté de la Caf.
Durcissement de tons
Après l’attaque du 8 janvier, la sélection togolaise avait dans un premier temps été découragée de participer la compétition, abattue par les événements. Puis, Emmanuel Adebayor et ses coéquipiers avaient manifesté leur intention de prendre part à la Can angolaise, pour «rendre hommage à leurs morts». Avant d’être rappelés à l’ordre par leur gouvernement qui n‘a pas apprécié l’attitude de la Caf. Au moment où le gouvernement angolais multiple les actes de consolation envers les victimes de ce incident, la Caf s’en prenait à la délégation togolaise qui se serait entêtée à voyager par route : «c’est écrit noir sur blanc que toutes les équipes doivent voyager par avion vers les villes, et la Caf en collaboration avec le comité d’organisation partage ces frais de voyage», soulignait alors Souleymanou Habouba, porte-parole de la Caf. Se contentant d’indiquer que les mesures de sécurité seraient renforcées, les instances de la Caf avaient immédiatement souligné que la compétition aurait bien lieu. Pas de message de condoléances, loin de la Fifa dont le président Blatter s’est dit «profondément touché par les incidents».
Au moment où les joueurs togolais sollicitaient que leur première rencontre soit décalée, si leurs matches ne peuvent être reprogrammés à Luanda. Le refus catégorique de la Caf est donc à l’origine du durcissement de ton côté togolais. «En tant que capitaine de mon équipe nationale, je peux dire que si la sécurité n’est pas assurée, alors peut-être que nous partirons demain», avait déclaré Adebayor au lendemain de l’incident à Bbc. «Nous allons prendre la décision qui sera la bonne pour nos carrières, nos vies et nos familles. Au bout du compte, il ne s’agit que de football», avait-il relativisé. Car «de nombreux joueurs veulent partir. Ils ont vu la mort et veulent rentrer auprès de leurs familles». Peu rassurés tant un porte-parole du Flec, en revendiquant les attaques, indiquait que «cette opération commando n’est que le début d’une série d’actions ciblées qui va se poursuivre sans arrêt sur l’ensemble du territoire du Cabinda»
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