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Foudroyés (02.09.2005)
Emmanuel Gustave Samnick
Chrono
Il s`est passé quelque chose d`assez grave dimanche dernier au stade omnisports de Garoua, à l`occasion du match retour des huitièmes de finale de la Coupe du Cameroun de football entre Coton Sport de Garoua et Foudre d`Akonolinga. Bien que les deux équipes se soient effectivement rendues au stade, le match n`a pas finalement eu lieu. Faute, pour le club visiteur, Foudre d`Akonolinga, d`avoir accepté de subir toutes les formalités d`avant-match exigées par les officiels de la rencontre. En fait, les joueurs de Foudre ont refusé de se faire identifier dans les vestiaires, prétextant que ceux-ci avaient été arrosés d`un produit "toxique". En termes moins savants, les dirigeants de Foudre sportive d`Akonolinga ont fait comprendre à leurs poulains qu`ils ne devraient pas prendre part à ce match parce leurs vestiaires avaient été "travaillés" à la magie noire.
C`est triste, très triste! Et dire que Foudre d`Akonolinga, remontée en 1ère division en début du présent exercice, est l`une des équipes de tête du championnat national de football du Cameroun. On a du mal à croire que c`est en se fondant sur le pouvoir de la magie ou de la sorcellerie qu`elle en est à ce niveau élevé du football local. On croit même rêver, en apprenant qu`un club de l`élite nationale, après avoir traversé le Cameroun, du Sud au Nord, a refusé de prendre part à un match officiel, parce qu`il soupçonne son adversaire d`avoir "travaillé" les vestiaires. Hélas, ce sont les réalités camerounaises que nous sommes appelés de plus en plus à vivre. Mais où allons-nous avec de tels comportements moyenâgeux?
Rappelons que le match aller de ce huitième de finale, disputé le 21 août dernier à Akonolinga, où les dirigeants de Foudre avaient tout loisir de "blinder" l`aire de jeu et même de foudroyer mystiquement les joueurs adverses, s`était soldé par un résultat nul (0-0), malgré l`irruption violente du public local sur l`aire de jeu, à quelques quatre minutes du terme normal de la partie.
Nous aurions aimé retrouver à Garoua, pour le match retour, une équipe de Foudre gonflée à bloc, séduisante dans le jeu comme nous l`avons connue depuis l`année dernière, et déterminée à briser la loi du domicile en obtenant sa
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qualification au stade Roumde Adjia. Un terrain sur lequel Canon de Yaoundé est devenu champion du Cameroun il y a deux saisons, où Raja de Casablanca a remporté la finale de la Coupe de la Caf l`année d`après, et qui est donc loin d`être une forteresse imprenable. Mais où devait sortir le leader qui tiendrait pareil discours de sportif de haut niveau aux joueurs de Foudre? On a bien vu la tête de condamné à mort qu`affichait le représentant de ce club lors du tirage au sort des huitièmes de finale de la Coupe du Cameroun, effectué en direct à la télévision nationale, quand il apprit que son équipe avait pour adversaire Coton Sport de Garoua...
Le chic, aujourd`hui, pour les esprits légers et les médiocres dirigeants sportifs, c`est de faire croire que Coton Sport ne gagne ses matches que parce que le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) est originaire de Garoua, et surtout parce qu`il occupe les fonctions de directeur général de la Sodecoton, l`entreprise propriétaire de Coton Sport de Garoua. Le président d`un club de la province du Centre menacé de relégation aurait même déclaré, toute honte bue, dans certains médias, qu`il avait favorisé le titre de champion du Cameroun 2004 du club de Garoua, et attendait le retour d`ascenseur cette année, sous forme de sauvetage arrangé à l`amiable en faveur de son club.
Le gros avantage du football, heureusement, c`est que la réalité du rectangle vert finit toujours par triompher, surtout dans la durée. On peut faire illusion une année ou bien au cours d`un match, ou encore d`une compétition, grâce un coup de chance. Comme ce fut le cas avec le triomphe de la Grèce à l`Euro 2004, ou celui de la Côte d`Ivoire à la Can 1992. L`arbitre peut oublier un penalty, donner un carton rouge immérité, valider un but entaché d`irrégularités, etc. Mais, en général, c`est le talent et la bonne organisation qui prennent le dessus dans ce jeu de balle au pied qu`inventèrent les Anglais, au détriment des petits malins, des amateurs de bas étage, des corrupteurs patentés et des communiants de l`esprit du diable. Si ce n`était pas le cas, le Brésil ne serait pas au sommet du football mondial depuis cinquante ans et de manière constante. Sans qu`un petit marabout ne trouve à y redire.
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