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Chrono : Amateurs et pros (17.09.2010)
Une certaine agitation s’est emparée de quelques dirigeants de clubs de football camerounais, anciens ou en fonction, depuis que l’une des résolutions du Forum national sur le football, organisé par le ministère des Sports et de l’Education physique (Minsep) et la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) en mai dernier, a recommandé que soit instauré dès cette année 2010 un championnat national de football professionnel. De potentiels candidats se bousculeraient depuis lors dans l’espérance de conquérir le fauteuil de président de la future Ligue nationale de football professionnel.
Dans le monde du sport comme ailleurs, l’ambition est quelque chose de légitime, et pour la bonne marche des choses il faudrait mieux avoir une ambition débordante plutôt que ne pas en avoir du tout.
Seulement, ceux qui ont entamé une course de vitesse pour la conquête de la future Ligue de football professionnel du Cameroun ont-ils pris toute la mesure de ce qu’est cet ambitieux projet ? Car le tout n’est pas d’occuper la fonction, avec ses honneurs et ses avantages financiers et matériels prévisibles ; encore faut-il donner un contenu à l’institution que l’on ambitionne de diriger.
Et c’est à ce niveau qu’il nous semble que l’on est en train de mettre la charrue avant les bœufs, bon nombre d’interrogations autour de la mise en place d’une Ligue de football professionnel restant encore sans réponse ou avec des tentatives de réponses très floues. Pour commencer, la Fécafoot a annoncé le début de la nouvelle saison le 16 octobre 2010 : même si les textes organisant une ligue professionnelle seraient en cours de finalisation, est-ce matériellement possible d’engager ce jour là la première édition du championnat professionnel du Cameroun ? Il faut sérieusement en douter !
Si d’aventure celui-ci démarre à cette échéance, étant entendu que l’on aime bien faire du saupoudrage chez nous, sera-ce avec les clubs actuels de D1 et D2 comme programmés ou avec de nouveaux clubs spécialement créés pour lancer le professionnalisme ? Dans l’un ou l’autre cas, à notre avis, aucun club camerounais n’est prêt en 2010 pour ce grand saut de la modernité. Même Coton Sport, l’exception qui semble confirmer la règle de l’amateurisme de nos clubs, et dont le fonctionnement depuis plusieurs saisons se rapproche de l’univers professionnel, est encore sur son chantier de siège et de centre
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deformation. La plupart des clubs de D1 et de D2 ont été incapables de remplir le cahier de charges minimal (adresse postale et électronique, siège physique, compte bancaire, contrats de travail avec les joueurs et encadreurs…) que leur avait imposé la fédération depuis trois saisons, comme pour servir de transition vers ce football professionnel qui était déjà programmé à l’horizon 2010, sous la pression de la Fédération internationale de football association (Fifa), laquelle a fait injonction à ses associations nationales membres de passer à la mode du football professionnel.
L’Etat même, qui a marqué son engagement pour le professionnalisme, avec la tenue du dernier Forum national sur le football, n’est pas manifestement prêt : aucune avancée n’est perceptible dans son Programme national de développement des infrastructures sportives (Pndis) cette année malgré la pose de la première pierre sur les sites des stades omnisports de Limbé et de Bafoussam ; aucune ligne sur la subvention des clubs de football professionnel ne figure dans le budget de l’Etat qui a du reste été reconsidéré en cours d’exécution ; aucune autre mesure d’accompagnement des pouvoirs publics n’est perceptible (amélioration des transports, veille médicale, suivi des contrats de travail et de formation des encadreurs et administrateurs…).
Finalement, seuls les joueurs sont peut-être prêts aujourd’hui, puisque la plupart d’entre eux n’ont pas une autre activité et se consacrent entièrement au football, s’entraînant régulièrement une à deux fois par jour. Quant à leurs dirigeants, dont certains s’empressent de poser leur candidature à la présidence de la Ligue professionnelle, ils n’ont pas montré ces derniers temps qu’ils étaient déjà en mesure de gérer avec rigueur et modernité leurs clubs, managés très souvent comme des épiceries ou des propriétés privées logées dans le sac de papa. Les sponsors dont ils attendent la manne ne viendront pas immédiatement dans ce contexte de pourriture brune.
On avait tourné en bourrique feu le visionnaire Eugène Njo-Léa quand, accompagné d’investisseurs étrangers, il apporta en 1985 un projet clés en mains de football professionnel au Cameroun. Pour avoir perdu tout ce temps là à ronronner, il n’est plus acceptable aujourd’hui, à l’heure où on a enfin accepté de franchir le pas, de faire du bricolage de caniveau.
Par Emmanuel Gustave Samnick
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