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AC Milan - Barcelone - Grands Parmi les Grands (18.04.2006)
Demi-finale aller : AC Milan - Barcelone - Grands Parmi les Grands
Le souvenir de 1994, le but de Ronaldinho en 2004...
Leurs noms inspirent autant de respect que leurs salles des trophées. Leurs effectifs recèlent les deux derniers Ballons d`or France Football . Leur oeuvre cette saison, et leur oeuvre tout court depuis un demi-siècle, dessinent deux monstres du football européen, redoutés par tous au moment des tirages au sort, deux très hautes idées du jeu, deux favoris parmi les favoris pour l`obtention de la Ligue des champions le 17 mai prochain. Milan - Barcelone est un classique, et une promesse. Il est vain de chercher à désigner un favori entre l`équipe dans laquelle a brillé Frank Rijkaard joueur (1988-1993) et celle qu`il dirige vers les sommets du jeu depuis sa prise de fonctions en 2003. Il y a seulement l`absolue certitude que l`écart entre les deux équipes est infime, et qu`il se creusera sur un coup du sort comme savent en provoquer les grands joueurs. Ils foisonnent dans les deux camps, et ce duel rejoindra bientôt les mémorables Chelsea - Barcelone (1-2, 1-1), Bayern - Milan (1-1, 1-4) ou Real Madrid - Arsenal (0-1, 0-0) dans les grands duels de la saison. Même si le souvenir de la finale de 1994 est indélébile des deux côtés (4-0 pour Milan à Athènes), les chiffres des précédents Barcelone - Milan en coupes d`Europe suggèrent une égalité parfaite : trois victoires partout en sept matches, douze buts chacun. La dernière fois, à l`automne 2004, Barcelone avait gagné 2-1 au Nou Camp en première phase sur un chef d`oeuvre de Ronaldinho. Ce soir-là, il était devenu évident que Barcelone détenait une nouvelle "Dream Team". C`est cette histoire qui va se poursuivre dès ce soir à San Siro. Sur le strict plan européen, Milan et Barcelone ne jouent pourtant pas dans la même catégorie. Là où Milan a remporté six Ligue des champions, Barcelone n`en possède qu`une seule (1992). Là où les Rossoneri brillent avec une régularité sans égal dans la période contemporaine (deux finales en trois ans, dont la victoire de 2003), Barcelone a échoué en demie à chaque fois qu`il semblait armé pour aller au-delà (2000 et 2002). Il y a aussi cette statistique révélatrice du tempérament milanais : en dehors de la première édition de la C1, en 1955-56, Milan n`a jamais été éliminé en dix demi-finales. Il n`en a perdu qu`une, sans conséquence, contre Manchester United en 1969 (2-0, 0-1). Telle se dessine l`équipe de Carlo Ancelotti, brillante à domicile (4-1 contre le Bayern Munich, 3-1 contre Lyon, douze succès en treize matches chez elle depuis octobre 2003), invraisemblable bête de compétition, ainsi décrite par Frank Rijkaard : « Ils sont très forts dans l`organisation, surtout défensive. Mais c`est devant que je les trouve d`une très grande précision. Sans faire un grand match, leurs attaquants sont capables de liquider une rencontre sur n`importe quelle action. »
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Barcelone au creux de la vague
Ce qui rend cette demi-finale aller si passionnante, c`est que cette description s`adapte désormais totalement au FC Barcelone. L`équipe catalane, réputée pour son amour du beau jeu et les gestes improbables de ses inventeurs associés, se singularise cette saison par une efficacité défensive moins inscrite dans sa culture. Le triangle Puyol - Rafaël Marquez - Edmilson, derrière, a autant d`importance dans le 4-3-3 de Rijkaard que le trio Ronaldinho - Eto`o - Messi. L`absence de ce dernier, en quart comme en demi, ampute le Barça d`une partie de la folie qui lui avait permis de dépasser la forteresse londonienne
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deChelsea à Stamford Bridge (2-1). Elle la contraint, depuis six semaines, à jouer serré et à privilégier l`efficacité. Ce fut le cas en quart contre le Benfica (0-0, 2-0) ou encore vendredi dernier face à Villarreal en Liga (1-0). Cette victoire arrachée sans souffle, voire dans la médiocrité, scelle pratiquement un nouveau titre de champion pour les Bleugrana . C`est peut-être ce qui leur permettra de surmonter les soucis d`effectifs qui continuent à peser sur la marge de Rijkaard (Deco, son joueur-clef, est suspendu). L`avance de Barcelone en Espagne lui a par exemple permis de laisser Ronaldinho au repos ces deux dernières semaines, renforçant ainsi le Brésilien, dont c`est la nature, dans sa propension à choisir ses matches. Dans le même temps Milan, seulement privé d`Inzaghi, bat deux fers simultanément. La Juventus lâche prise en Serie A. Revenu à 5 points de son vieux rival, le club lombard reste en lice pour le doublé. Comme l`an dernier à la même époque. Cela s`était terminé par une deuxième place en Italie et la défaite en finale de C1 contre Liverpool. Gérard Houllier fait souvent observer que les grandes équipes ne perdent jamais deux matches consécutifs. A Milan, on dit que les grands clubs n`enchaînent jamais deux saisons sans titre.
LES EQUIPES PROBABLES
MILAN AC : Dida - Costacurta (ou Stam), Nesta, Kaladze, Serginho - Gattuso, Pirlo, Seedorf, Kaka - Gilardino, Chevtchenko.
FC BARCELONE : Valdès - Oleguer, Marquez, Puyol, Van Bronckhorst - Iniesta, Edmilson, Van Bommel - Giuly, Eto`o, Ronaldinho.
LA CONFESSION D`ETO`O
L`attaquant international camerounais du FC Barcelone a accordé une longue interview au quotidien L`Equipe du lundi 17 avril. Eto`o y balaye toute pression excessive du revers de la main avant la demi-finale de ce soir, expliquant que ce match face au Milan «n`est qu`une demi-finale». «La finale, on ne la joue qu`une fois. Si on se rate à San Siro, on pourra encore se rattraper chez nous, au retour. Le jour de la finale, il n`y a plus cette marge d`erreur».
Concernant son duel à distance avec Chevtchenko, Eto`o avoue ne pas trop y penser. «On n`est pas sur un ring. L`important, ce n`est pas d`être meilleur que "Cheva", c`est de neutraliser Milan». Le joueur dit avoir changé. «Je travaille beaucoup. Après l`entraînement, je passe souvent une heure, parfois deux, à tirer au but, ou en l`air pour améliorer mon jeu de tête». En bon professionnel, il ne laisse rien au hasard, utilise beaucoup la vidéo. Mais il pense avant tout à s`amuser. «Le foot reste une passion, un plaisir qui remplit ma vie». Avec aujourd`hui 104 buts inscrits en Liga, il fait partie des goleadors de légende. «Le sens du but, c`est un don. Et c`est l`instinct qui parle. Parfois, le ballon traverse tout le monde et tombe là où je suis».
Samuel Eto`o accepte ensuite de revenir sur les problèmes de racisme. «Il y a des imbéciles, du racisme primaire, mais ce n`est pas la majorité, reconnaît-il. C`est Dieu qui le veut comme ça. Il m`a concédé de bons moments, il a accepté que je devienne footballeur professionnel. En contrepartie, il m`impose des épreuves. C`est à moi de montrer à mes ennemis qu`ils ne pourront pas me détruire. Ca s`appelle la foi». Il en profite alors pour rendre un hommage appuyé à Luis Aragones, son ancien entraîneur à Majorque, qui avait qualifié Thierry Henry de «noir de merde». «On a osé insinuer que Luis Aragones était raciste. Luis, c`est un grand monsieur. Il m`a souvent dit qu`il donnerait son sang pour moi. Il est un peu devenu mon deuxième père». - B. Ro.
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