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Philippe Mbarga Mboa: Un golden boy balle au pied (29.12.2004)
Alain B. Batongué
L`ancien basketeur a évalué hier le chemin parcouru en organisant sa première finale de coupe du Cameroun.
C`était son « jour de gloire ». Le genre dont rêvent plusieurs personnalités, et qui finissent leur carrière dans la haute administration, sans jamais avoir l`opportunité de côtoyer le chef de l`Etat, d`être son interlocuteur privilégié pendant toute une après-midi. Il en a manifestement rêvé au soir du 08 décembre dernier, lorsqu`un décret présidentiel le nomma à la tête du ministère un peu relooké des Sports et de l`Education physique, en charge donc de l`organisation matérielle de la coupe du Cameroun, événement à la date magique toujours présidé par le chef de l`Etat. Peu avant le jour J et l`heure H, Philippe Mbarga Mboa, en relevant l`honneur et le privilège qui étaient les siens en ce moment particulier, relevait déjà devant nos confrères de Cameroon Tribune des appréhensions fort compréhensibles: « Il faut savoir que la finale de la coupe du Cameroun est un moment de communion entre le président de la République et son peuple. Et quand on doit recevoir le chef de l`Etat devant des dizaines de milliers de spectateurs, on a forcément une petite appréhension. C`est ce qui nous a encouragé à bien organiser l`événement, et je peux dire aujourd`hui que nous sommes serein. »
Sous les feux de la rampe, et dans ce stade omnisports Ahmadou Ahidjo qu`il connaît si bien parce que théâtre d`épisodes heureux et douloureux d`une autre de ses vies, Mbarga Mboa a tenu plus qu`honorablement son rôle hier. Costume sombre de circonstance, lunettes d`intello, sourire ravageur, il a accueilli avec une chaleur zelée le chef de l`Etat dans ce que lui même venait de qualifier, sur les ondes de la radio d`Etat, « la première sortie du septennant des grandes ambitions du chef de l`Etat ». Son coup de pied derrière le cuir rond pour le signal de départ des 22 athlètes de cette 45e édition de la coupe du Cameroun a dû lui rappeler bien des souvenirs, du temps de la splendeur ou des misères de Olympic de Mvolyé, éphémère équipe de football dont il fut le bouillant président, et qui bouleversa tant à la fois les habitudes et les méthodes au sein du mouvement footballistique camerounais.
Ne réussit-il pas, dans un style qu`il vaut mieux ne plus lui rappeler aujourd`hui, à débaucher des «sénateurs» du championnat d`élite comme Kundé ou Mfede de leurs clubs respectifs, actes qu`ils n`allaient pas arrêter de regretter plus tard?
Mais si plusieurs Camerounais découvraient, en ce début des années 90, un dirigeant de club ambitieux et parfois retors, poussé il est vrai par un mécène à la fois richissime et invisible appelé Omgba Damase, les plus anciens dans la capitale se souvenaient surtout de ce fils bon teint de Yaoundé, qu`on apréciait beaucoup pour son élégance sur les terrains de basket ball, son raffinement dans l`habillement et ses succès auprès de la gent féminine. Philippe Mbarga Mboa, golden boy de la capitale, passait alors difficilement inaperçu. Et si, au bilan de son passage dans le mouvement sportif, certains estiment qu`il a échoué en tant que président de club, lui n`en retient qu`un riche apprentissage. Et même, lorsqu`on veut lui rappeler l`épisode peu glorieux de son passage comme trésorier général de la Fecafoot, au temps tumultueux de la
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World Cup Usa 94, il sera capable d`engager une démonstration financière, passant du franc Cfa au dollars américain, en passant par le franc français alors en vigueur à l`époque, et même le franc suisse, en rapport avec le siège de la Fifa...
Impatience
Mais chaque chose a une fin, l`intelligence étant de savoir à quel moment tourner la page et trouver de nouvelles ambitions. Philippe Mbarga Mboa, à la fin des années 90, se découvrent des ambitions politiques qu`il entend naturellement exprimer dans son fief naturel, l`arrondissement de Yaoundé 1er, et au sein du parti au sein duquel la famille a toujours milité, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). L`ambition est légitime, d`autant que le néo politique ne manque pas d`atouts: le même parrain que dans le football et surtout, des groupes de fans subjugués par sa bonne humeur communicative. Le seul problème, c`est qu`il y a déjà sur le terrain un certain Emile Andze Andze, fils de son père, autre baron de la capitale qui a établi ses quartiers à Nkolondom, dans la banlieue nord de Yaoundé, et qui n`entend pas se laisser faire par ce jeune promu.
En ce début d`année 2002 où l`on aborde des primaires au sein du parti avant les élections législatives et municipales annoncées pour juin, les tractations de coulisses le disputent aux chantages divers et aux menaces en tout genre. Il y aura même toute une histoire d`empoisonnement manqué, de cuisinier de l`un qui s`est retrouvé chez l`autre, d`action en justice pour dire le droit. Avant une volte face de dernière minute. Les primaires auront bien lieu, remportées par l`actuel député maire de Yaoundé 1er. Mais déjà, il se murmure qu`en haut lieu, le président du parti a eu la vraie version des faits et a demandé à Philippe Mbarga Mboa de rester tranquille et de ne pas fragiliser l`image du parti.
Le mécène aura-t-il, encore une fois, agi dans la coulisse? Au sein de l`appareil dans la capitale, peu de gens sont surpris de voir Philippe Mbarga Mboa entrer dans le gouvernement du 24 août 2002, en qualité de ministre chargé de missions à la présidence de la République. On lui prêtera toutes sortes de missions compliquées, prétendant même qu`il joue un rôle dans l`émergence du courant des modernistes du Rdpc.
Mais déjà, il piaffe d`impatience, se trouve à l`étroit dans ce bureau où, il faut le dire, il ne meurt pas de travail. Lorsque Paul Biya réajuste son équipe en avril 2004 dernier, il espère rebondir dans un département en rapport avec ses compétences, et on sait qu`il n`y en a pas dix. Le président Biya l`a sans doute enfin écouté, en lui confiant, le 08 décembre dernier, ce département ministériel si difficile, mais qu`il chérissait tant. Et où il devra faire toutes ses preuves. Mais où il peut déjà savourer une revanche personnelle: d`être aujourd`hui à la tête du département en charge des Sports au Cameroun, après avoir échoué à diriger la Fecafoot. Mais ce n`est certainement pas de cela qu`il a (longuement) parlé avec le chef de l`Etat à la fin de la finale d`hier, lorsqu`il a précédé Paul Biya dans sa voiture de fonction pour lui dire aurevoir. Ils ont dû convenir que le match n`était pas terrible. Mais dans son for intérieur, Philippe Mbarga Mboa n`avait aucune peine à se rendre compte qu`en ce mment, au delà du résultat, il file du bon coton.
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