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Au stade zéro! (30.07.2004)
Emmanuel Gustave Samnick
Un match de football qui est renvoyé deux fois en l`espace de trois jours, et qui finalement n`a plus lieu. Incroyable mais vrai! C`est en effet ce qui s`est passé cette semaine au stade de la Réunification à Douala, à l`occasion du match retour des 16ème de finale de la Coupe de la confédération entre Sable de Batié et Orlando Pirates (Afrique du Sud). La rencontre, qui devait intialement se jouer dimanche, a été reportée à quarante-huit heures plus tard, conformément au règlement, en raison d`une forte pluie qui s`est abattue sur la ville de Douala, rendant la pelouse du stade de la Réunification impraticable. Malheureusement, même mardi dernier, les mêmes conditions météorologiques ont empêché la tenue de ce match de football. Rendez-vous a été pris pour le lendemain, c`est-à-dire mercredi. Et là, voyant à nouveau la pluie tomber avec violence dans la ville, l`équipe sud-africaine n`a même pas daigné faire le déplacement vers le stade; les officiels ont alors constaté le forfait qui scelle l`élimination d`office de Orlando Pirates, puisque ce club sud-africain l`avait emporté par 4-2 lors du match aller disputé à Johannesbourg, dans des conditions normales de jeu.
On pourra épiloguer longtemps sur l`attitude surprenante de la délégation venue d`Afrique du Sud mercredi dernier, qui a refusé de prendre part au match alors que le directeur du jeu, seul habilité à décider si le match doit se jouer ou non, avait choisi de faire jouer le match. Mais, le problème de fond est ailleurs, dans la qualité des infrastructures sportives que le Cameroun propose honteusement à la face du monde. Sable de Batié doit-il, en réalité, fêter cette qualification obtenue sur tapis vert parce que son pays possède des installations archaïques indignes du niveau atteint par son football par ailleurs?
Le dénouement de cette confrontation Sable de Batié-Orlando Pirates est tout ce qu`il y a de honteux pour le Cameroun. Il pleut à divers endroits du globe terrestre. Et il arrive très souvent que des matches de football soient renvoyés pour cause des conditions météorologiques défavorables. Seulement, nulle part on ne se met à prier le ciel pour qu`il ne déverse pas des cordes qui rendraient hors d`usage ce qui tient lieu d`aire de jeu. Chez nous, la pluie est devenue la mauvaise conscience des organisateurs des spectacles sportifs. Pour en revenir au stade de la Réunification, les eaux de pluie qui y
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tombent, stagnent sur la pelouse où elles font leur lit pendant plusieurs jours.
Difficile de dire si dès le départ il n` a pas été prévu, pendant la construction de cette enceinte, un système d`absorption ou d`évacuation des eaux de pluie. Toujours est-il que le phénomène d`inondation est observable là-bas depuis plusieurs années. En fait, il s`agit d`un terrain impropre à la pratique du football, et pas seulement en temps de pluie. Il y a une semaine à peine, le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports avait fait ce constat, dans sa visite solennelle des infrastructures sportives à Douala. Le mal est donc connu depuis fort longtemps, mais la médication n`a jamais suivi. Dans ces colonnes, nous avons fini par nous lasser de décrier "le désert infrastructurel" qu`est la patrie des Lions indomptables. Jamais, les pouvoirs publics, prompts à récupérer la moindre victoire de nos braves sportifs, à revendiquer leur droit de regard sur l`organisation du football soit disant parce qu`ils le "financent", n`ont songé à doter notre pays de la moindre infrastructure sportive. Sauf pour dérouler maladroitement une propagande indécente, comme à la veille de chaque édition des Jeux universitaires où un lopin de terre est terrassé à la va-vite pour accueillir des matches. Au terme de la visite du Minjes mentionnée plus haut, Siegfried David Etame Massoma a d`ailleurs confirmé cette attitude indolente et insouciante du gouvernement camerounais sur le sujet, en n`annonçant cependant aucune action concrète, et appelant plutôt à la générosité de divers partenaires en vue de la réhabilitation (et non de la construction) des infrastructures sportives.
Les stades Ahmadou Ahidjo de Yaoundé et de la Réunification à Douala, qui ont été construits en 1972, pour accueillir la seule Coupe d`Afrique des nations de football organisée par le Cameroun, sont complètement dépassés et aucune réhabilitation ne les rendra plus jamais viables. S`ils plaisent à nos gouvernants comme objets muséographiques, qu`ils les conservent comme tels. Mais, en réalité, ils mériteraient d`être rasés. Et la République du Cameroun a le devoir de construire de nouveaux stades, sur l`argent du budget d`investissement public. Même par petite fierté. Qu`on cesse de nous marmonner un discours incompréhensible sur le "pouvoir régalien de l`Etat" et en même temps "l`Etat qui ne peut pas tout faire". Une psalmodie indigeste qui traduit plutôt une inertie bien organisée.
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