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Et maintenant ! (10.02.2004)
Emmanuel Gustave Samnick, à Sousse
Il n’y a pas eu débandade cette fois, comme ce fut le cas en juin 2002 au Japon, après la honteuse élimination du Cameroun au premier tour de la Coupe du monde. Au petit matin, les Lions indomptables avaient alors quitté leur hôtel un à un, qui pour rejoindre son club, qui pour faire un dernier tour discret au pays natal. Hier, les joueurs ont plié leurs bagages après une ultime réunion avec le ministre de la Jeunesse et des Sports. Seuls manquaient à l’appel Salomon Olembe et Samuel Eto’o, partis la veille au soir à Tunis pour rattraper un vol en direction de l’Europe. Rien de bien nouveau dans ce conclave où le ministre Bidoung Mkpatt a refait son discours usé sur le patriotisme et appelé les joueurs et les encadreurs à la sérénité en les appelant à continuer à "défendre l’image de marque du Cameroun". Les joueurs, par la voie de leur capitaine, ont salué les efforts de la Fécafoot "de plus en plus professionnelle" et remercié le gouvernement pour son encadrement, témoignant au passage que cette fois ils n’ont manqué de rien. Les techniciens ont dit que l’équipe avait tout donné, mais elle n’a pas eu de chance pour atteindre ses objectifs.
Peut-on appeler cela bilan ?
Il nous semble que, si la sortie précoce des quadruples champions d’Afrique à la Can 2004 a été gérée ici dans une relative sérénité, et s’il faut accueillir cette défaite avec fair-play en se disant que c’est la dure loi du sport, il y a néanmoins lieu d’en analyser froidement les causes qui peuvent être répertoriées au moins à trois niveaux.
1. La préparation : les deux semaines de stage bloqué passés à Malaga en Espagne, peu avant le début de la Can, auraient été largement suffisantes si l’équipe était déjà constituée et avaient livré régulièrement des matches amicaux pour se situer sur son niveau et sa cohésion interne. Or, depuis la Coupe des confédérations en juin 2003, les Lions indomptables n’ont joué qu’un seul véritable match amical contre le Japon en octobre dernier. Pendant que toutes les grandes sélections du monde carburent au rythme d’un match test une fois tous les deux mois, l’équipe du Cameroun s’est contentée de regroupements en Allemagne ponctués par des petits matches aux scores fleuves contre des clubs amateurs. Pas de quoi mesurer l’évolution d’un groupe en construction, d’autant qu’à chaque regroupement on découvre une cohorte de nouveaux joueurs. Et l’on a vu les conséquences de cette inactivité à travers une équipe qui a joué à la Can 2004 quatre matches totalement différents, comme si elle se découvrait sur le terrain. Depuis la rupture du contrat avec Lucidio Ribeiro, aucune politique claire des matches amicaux n’existe pour les Lions indomptables. Il faut absolument y remédier.
2. L’encadrement : Winfried Schäfer s’est montré très étonné quand un journaliste nigérian lui a demandé après le match de dimanche dernier quel était son avenir au sein des Lions indomptables. "Pourquoi ?", a-t-il répliqué, devant le confrère ébahi. Le technicien allemand sait que son contrat a été prolongé, avant la Can, jusqu’en 2006. C’est surprenant que l’ombre d’une remise en cause ne puisse pas traverser l’esprit du sélectionneur du Cameroun après une si grosse déception sportive. Sa sérénité, troublante, trahit en fait le comportement de l’homme depuis sa prise de fonction en fin 2001. La Can 2002 est vite arrivée, avec une victoire du mental conditionnée par la faiblesse de l’opposition au bout du compte. Depuis lors, on cherche en vain à voir la touche Schäfer dans le jeu de l’équipe du Cameroun. Si oui, dans cette obsession affolante à utiliser Idrissou qu’il vente ou qu’il neige. Tant que l’équipe gagne, les critiques sont toujours mal venues. Mais voilà, sous le règne du technicien
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allemand, l’ex Dream Team (en 2000) a connu deux énormes déceptions, à la Coupe du monde 2002 et à la Can 2004. Plus grave, elle n’est plus attrayante sur le plan du jeu et son doute tactique se prolonge inexplicablement. Au juste, où va Schäfer ?
3. L’effectif. On ne saura jamais si Falemi Nana Ngassa et Valery Mezague auraient pu apporter quelque chose à l’équipe, puisqu’ils quittent la Can 2004 sans avoir foulé une seule fois la pelouse. Mais, chacun a pu voir la pauvreté du banc de touche camerounais et l’embarras du coach quand il se résolvait à injecter du sang neuf en plein match. Tout le monde parle du potentiel humain du football camerounais, et il est énorme en effet. On s’étonne qu’un groupe aussi diminué ait été amené en Tunisie, et que le sélectionneur se soit passé des services de trois bonshommes comme Emana, Epalle et Mokake. L’absence de feu Marc Vivien Foé s’est fait terriblement ressentir au milieu du terrain.
Et c’est un vaste chantier qu’il faut ouvrir dans cette sélection. Plus que jamais, le rappel des valeurs sûres comme Etame Mayer et Wome est à l’ordre du jour. Mboma a annoncé sa retraite internationale ; il y a une grosse pénurie d’attaquants de métier à combler au plus vite.
Cela dit, les Lions indomptables sont tombés le plus logiquement du monde en terre tunisienne. Il aurait été prétentieux de s’attendre à les voir gagner tout le temps. Le complexe d’infériorité des adversaires, dont ils ont bénéficié par exemple au Mali, s’est envolé dès le match nul héroïque de l’Algérie en ouverture de la poule C à Sousse. On n’a pas à rougir par ailleurs de la performance de notre équipe nationale, qui n’a pas été ridicule, mais ne s’est pas présentée au mieux de sa forme pour terrasser des formations mieux préparées et renouveler son exploit de 2000 et 2002. Gare cependant au syndrome de la fin de règne.
Vestiaires
Retraite
L’attaquant des Lions indomptables, Patrick Henri Mboma Dem, a annoncé sa retraite internationale après l’élimination du Cameroun par le Nigeria en quart de finale de la Can 2004. Lors de la réunion convoquée hier par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Roger Milla lui a demandé solennellement de revenir sur sa décision. Le joueur a pris acte du conseil de l’aîné, mais a dit que sa décision était prise. On se souvient que c’est suite à des pressions des pressions politiques du sommet de l’Etat, et par l’entregent de Milla, que Mboma avait été re-admis à l’équipe nationale peu avant la Can 2004.
Extras
Les responsables de l’hôtel El Mouradi sont très proches de leurs sous. Quelques joueurs de l’équipe du Cameroun ont été rattrapés dans la cour de l’hôtel hier en mi-journée, avec des notes à payer pour les extras consommés durant leur séjour. Il ne s’agissait pas de montants faramineux, et pourtant ces Lions n’ont accepté de payer ces 130, 200 euros que sous la contrainte.
Réaction
Le parlement égyptien n’est pas resté insensible à la performance des Pharaons à la Can 2004 où ils ont été éliminés dès le premier tour. Les députés, très fâchés apparemment, demandent la dissolution de la fédération égyptienne de football, le limogeage de l’entraîneur et des sanctions financières contre les joueurs, notamment Mido et Ahmed Hassen.
Rejet
Le joueur nigérian Yakubu Aiyegbeni (Porstmouth, Angleterre) a refusé de reveniren sélection. Il y avait exclu, avec deux autres joueurs Agali et Babayaro, pour avoir passé une nuit hors de leur hôtel. A la veille du match contre le Cameroun, les trois bannis ont été réhabilités. Mais, Aiyegbeni a refusé cette offrande : "C’est un honneur de jouer pour mon pays, mais la manière dont j’ai été renvoyé et les explications données par la fédération à cet effet m’ont laissé terriblement triste".
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