Pionnier des portails web sportifs africains.En ligne depuis 2000 ...
|
| |
|
|
|
|
Jacques Roux, ex-footballeur : “L’incompétence des gestionnaires est la source du mal” (19.10.2006)
Sociétaire du Canon de Yaoundé vers la fin des années 70 et au début des années 80, ce défenseur latéral devenu journaliste déplore la situation catastrophique du football camerounais.
Quel regard jetez-vous sur le football camerounais
Votre question est un peu difficile. Le regard est nuageux. Il est assombri par ce que je vois. Le Cameroun est un grand pays de football ; il en a énormément donné, ce qui lui vaut le respect du reste des nations de football. Mais également, il a un gros souci. On a, comme dirigeants du football, des hommes qui ne comprennent rien à la chose sportive. Beaucoup disent souvent que les footballeurs ne sont pas forcément de bons managers ; ils ont raison. Mais, la question que je me pose est celle de savoir si les managers sortent des grandes écoles ou s’ils sont à leur place. On a toujours eu au sein de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) des gens qui ne sont pas à leur place. En fait, ce n’est pas seulement le problème de la Fécafoot. C’est aussi celui des autorités qui jonchent ce pays. On ne peut pas vouloir rivaliser avec les professionnels et rester amateurs.
Quand vous regardez le football camerounais, il n’existe pas sur la scène internationale. Alors qu’il existait des grands clubs comme le Canon de Yaoundé, le Tonnerre de Yaoundé, l’Union de Douala. Toutes ces équipes faisaient peur. Aujourd’hui, le respect est toujours là ; parce qu’on a des joueurs qui ont une capacité de répondre à toute épreuve. Mais on a ce souci réel de gouvernance, de management et pour tout dire, d’incompétence. Il y a des gens qui se contentent d’être des sortes de fonctionnaires, qui attendent des salaires de l’Etat à la fin du mois, et qui ne veulent pas faire leur boulot. En réalité, ils ne savent pas pour quel genre de boulot ils ont été mandatés.
Quel sentiment quand vous voyez ce qu’est devenu ce football que vous avez pratiqué ?
Ça fait pitié, ça fait mal au cœur de voir que le championnat local ne vit plus. Alors que c’était un championnat qui faisait voyager tout le monde. Quand vous voyiez par exemple Foudre d’Akonolinga première du championnat, ça amenait la radio nationale à aller s’installer là où résidait le leader. Et on avait des reportages tous les dimanches. Avant que cette équipe ne quitte le fauteuil de leader, tout le monde savait où se trouve Akonolinga. Et ceci permettait à tout le monde de savoir ce qui se passe dans tous les quatre coins de ce pays. Aujourd’hui ce n’est plus le cas.
Selon vous, que s’est-il passé concrètement pour que ce football soit en chute libre ?
Pour beaucoup, le football national existe encore parce qu’on le voit à travers l’équipe nationale qui donne une image positive. Mais quand on regarde la base elle-même, il n’y a plus rien. Ils sont en train de faire la politique d’un homme comme Nicolas Sarkozy que je citerai au vu de la politique qu’il mène en France. Il fait une immigration de la compétence pour venir aider la France. C’est ce que le Cameroun fait depuis un bon bout de temps. Toutes les compétences vont jouer à l’extérieur et on garde les moins bons. Un moment, on a fait un championnat de deux poules. Ce qui a contribué à l’amoindrir.
|
Aujourd’hui, il n’a plus d’intérêt, les sponsors l’ont fui. Avant, les équipes de football défendaient une tribu. Cette tribu se reconnaissait à travers son équipe. Regardez du côté du Racing de Bafoussam, je suis sûr que tous les supporters ne se reconnaissent plus à travers l’équipe. De même que dans le Canon, le Tonnerre et autres…parce qu’on a vu l’arrivée d’hommes mercantiles, avides d’argent.
Au Cameroun, l’on rencontre des centres de formation qui sont à la sauvage et ne sont pas dirigés par une Fécafoot incompétente. Vous vous souvenez que ce sont des championnats de vacance qui nourrissaient la première division en joueurs. Dans chaque quartier, il y avait un championnat et l’élite de ce quartier la représentait dans les équipes. C’est ce qu’on doit essayer de mettre en pratique pour pouvoir au moins faire vivre notre championnat. On est en train de lancer le street football du côté de la Fifa ; ça veut dire qu’il y a un intérêt. Quand je dis quelque chose, les gens trouvent insultant alors que je ne dis que la simple vérité. Ces gens-là ont-ils la conscience de faire du bon boulot ? Je dis non. Ils ne sont pas à leur place. Ils croient qu’ils font bien pour le pays, alors qu’ils enterrent ce football. Maintenant, ils sont arrivés à la Fécafoot par les élections. Je respecte les élus.
Que pensez-vous des textes de la Fécafoot décriés depuis plusieurs années ?
Les élections ne sont pas ouvertes et ça ne permet pas aux gens de rentrer se faire élire ou poser une candidature. Ce n’est pas comme les élections présidentielles où chacun peut être candidat aujourd’hui s’il a un certain nombre des signatures. Je n’ai pas envie de décrier le système à l’heure actuelle. Il faut absolument que le ministre écarte certaines personnes du football. Quand une équipe est incompétente et n’arrive pas à servir le football, il faut la démettre. Et pour en arriver, c’est très simple. On fait un constat par rapport à ce qui s’est passé et on les déclare incompétents. Il faut changer le fonctionnement du ministère des Sports en changeant les textes. Pour cela, il faut des hommes courageux. Mbarga Mboa aurait pu le faire, mais il a manqué du courage pour aller plus loin dans son action. Peut-être pour des raisons que je ne comprends pas.
Avez-vous une preuve des griefs que vous formulez contre cette fédération ?
Vous savez combien touche une fédération chaque année venant de la Fifa ? Je ne pense pas que vous ayez les chiffres réels. Il n’y a aucune clarté dans cette fédération. Chaque fois que vous participez à une coupe du monde, vous recevez un million de francs suisses. Rien n’est caché au sein de la Fifa et tout le monde peut avoir accès à ces chiffres. J’ai l’impression qu’au Cameroun on vit en vase clos et on ne cherche pas l’information là où il faut. Et quand vous regardez le nombre de participations du Cameroun en coupe du monde et coupe d’Afrique avec cent mille dollars donnés par la Caf, on se demande où va cet argent depuis tant d’années. Ce pays est le seul au monde qui va en coupe du monde et qui revient endetté. Le seul qui ne clarifie jamais les dépenses faites pendant une coupe du monde.
Par Entretien mené par Honoré FOIMOUKOM
|
|
|
|
|
|
Hits: 6254 | lemessager.net
| | | Toutes les ( 0 ) Réactions
|
|
|
Pour réagir, vous devez être connecté. Enregistrez vous et connectez vous.
|
Première page
Toute l' actualité
|
|
|
|
|
| |
|
|
|
|
|
|