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Eliminatoires des J.O.: Une débâcle organisée (02.04.2004)
Honoré FOIMOUKOM
L’échec des Lions espoirs face au Mali n’est pas une surprise.
Le Cameroun, champion olympique 2000, ne défendra pas son titre et le continent africain en août prochain à Athènes en Grèce. Les Lions espoirs n’ont pas pu obtenir leur ticket qualificatif dimanche 28 mars au stade Modibo Keita de Bamako, en tombant 0 but contre 1 face aux Aiglons du Mali. Cette élimination vient retourner le couteau dans la large plaie que porte le football camerounais depuis la débâcle des Lions indomptables à la 24ème Coupe d’Afrique des nations (Can) en février dernier. Remontés contre l’encadrement technique et administratif de l’équipe nationale olympique de football, les Camerounais pensent, et à raison, que la qualification pour le tournoi de football des Jeux olympiques d’Athènes a été perdue au cours de la 5ème journée des éliminatoires face à la Rdc le 14 mars au stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. Les Congolais, derniers de la poule avec 0 point, qui n’avaient plus rien à gagner ou à perdre, avaient tenu en échec les Lions espoirs, 1 but partout. L’échec des Lions espoirs est donc imputable à la mauvaise gestion technique et administrative des deux derniers matches de poule.
Les Camerounais et autres téléspectateurs qui ont eu le privilège de regarder le match de dimanche à la télévision malienne ont vu une équipe des Lions espoirs sans repère, fébrile dans tous les compartiments. Le capitaine Narcisse Fish Abada et ses coéquipiers qui n’avaient besoin que d’un nul pour se rendre à Athènes étaient lourds, incapables d’égaliser le but malien inscrit à la 7ème minute par Dramane Traoré (sociétaire de Ismaïla en Egypte), à la suite d’une grossière erreur du défenseur camerounais Dzana Kana et du portier Idriss Carlos Kameni. Les Aiglons auraient même pu inscrire un deuxième but si Souleymane Ndiaye (sociétaire du Club Sportif Sfaxien en Tunisie) n’avait pas, vers la fin de la première mi-temps, tiré sur le montant droit des buts camerounais, un penalty hérité à la suite d’une faute indiscutable d’un défenseur des Lions espoirs dans sa surface de réparation.
Elimination prévisible
Au regard de la manière chaotique et cavalière avec laquelle ont été gérés les Lions espoirs ces dernières semaines, il y a lieu d’affirmer que cet échec ne devrait surprendre personne. Pour jouer contre la Rdc et le Mali, Akono a, à deux reprises, convoqué 45 joueurs parmi lesquels près de 35 « professionnels », mettant de côté les amateurs qui, jusque-là, jouaient et faisaient de bons résultats. Ces derniers, emmenés par Marcus Mokaké, furent sacrés champions de la Cemac 2003 à Brazzaville au Congo et des Jeux africains 2003 à Abuja au Nigeria. Des 22 joueurs qui étaient de l’expédition malienne, seuls deux, Achille Webo (Ossassuna en Espagne) et Valery Mezague (Montpellier en France) qui n’ont d’ailleurs pas donné la plénitude de leurs talents, sont titulaires dans leurs clubs en Europe.
Le reste des joueurs étaient soit des pensionnaires de centres de formation en Europe soit des « professionnels » de clubs européens anonymes, soit alors des amateurs n’ayant pas de compétition dans les jambes. Par
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exemple, Abada Fish, le capitaine des Lions espoirs qui est un joueur du Tkc, n’a pas disputé un seul match de championnat depuis le début de la saison. Et puis, l’on ne comprend pas toujours pourquoi on a, au dernier moment, mis de côté le gardien titulaire Amour Patrick Tignyemb qui a disputé tous les matches éliminatoires jusque-là pour aligner Idriss Carlos Kameni, un gardien à court de compétition. Le déficit de compétitivité du portier des Lions indomptables venu renforcer la sélection olympique serait, à en croire nombre de techniciens avertis, à l’origine de l’erreur de placement qui ne lui a pas permis de stopper la balle de but.
La lourdeur et l’absence de cohésion chez les Lions espoirs face aux Aiglons dimanche dernier à Bamako sont à n’en point douter la résultante de leur mauvaise préparation. A Ombe, où Jean Paul Akono et Emmanuel Ndoumbè Bosso ont réuni leurs poulains pour préparer le match de Bamako, la sérénité n’était pas à l’ordre du jour. Déjà affecté par les soupçons de marchandages des sélections révélés par la presse, Magnusson aurait, au cours des deux semaines de mise au vert, passé le clair de son temps à régler les problèmes d’humeur entre ses « professionnels » qui ne cessaient de se chamailler au sujet de leur compétitivité. Et, précisent nos sources, à la fin du stage, une divergence de vue a vu le jour entre Akono et son adjoint Ndoumbè, au sujet de la confection de la liste définitive des sélectionnés. Ndoumbè aurait manifesté son envie de voir sur la liste des joueurs comme les professionnels Ndiba, Abah, Ambane et Nong et les amateurs Massoma et Ngottè qui, au cours du stage, sont sortis du lot. Chose qui ne rejoignait pas le point de vue de Magnusson qui tenait à avoir sur la liste définitive les professionnels anonymes Wansi, Tchami, Ze, Matoukou, Ndjoumeck et autre Job Iyock, et l’amateur Abada qui n’ont pas du tout brillé pendant le stage. Tout comme Mezague, Webo et Kameni qui, à Ombe ont prétexté des maladies pour ne pas s’entraîner à fond, de peur que l’on ne découvre leurs faiblesses.
Revenir sur terre
N’ayant pu se qualifier depuis le 14 mars face à la Rdc à Yaoundé, le Cameroun a, par le biais de son ministre de la Jeunesse et des sports, Pierre Ismaël Bidoung Mpkwatt, décidé d’appeler en renfort quelques Lions de l’équipe fanion du pays. Des dizaines de millions de francs cfa furent déboursés à cet effet. Mais, la mission conduite en Europe par Robert Ndzana pour obtenir la libération de ces joueurs rentra bredouille. Habituée aux improvisations qui ont cours au Cameroun, cette mission s’était rendue en Europe sans avoir préalablement obtenu des rendez-vous avec les responsables de clubs dans lesquels ils se rendaient. D’où l’échec de toutes leurs démarches à Sedan, Toulouse, Lille, Psg, etc. De l’énergie et de l’argent dépensés pour rien.
Au vu de la légèreté et de l’excès de suffisance affichés par les responsables du football camerounais, il y a lieu de croire que l’ élimination des Lions espoirs pour les J.O. 2004 est salutaire. Celle-ci devrait se transformer en levain qui fait lever la pâte, une sorte de déclic qui fouette le sentiment de grandeur et qui réveille l’envie de réussir.
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