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Insécurité : La violence gagne du terrain (12.08.2005)
Dippah Kayessé et Michel Ferdinand
De nombreux incidents affectent les rencontres de football de D1 sous le regard attentiste de la Fécafoot.
La violence a encore fait parler d’elle mercredi, 10 août dernier, au stade militaire de Yaoundé. Le match Tonnerre de Yaoundé-Coton de Garoua comptant pour la 23ème journée du championnat national de football D1 a été interrompu à la 81 minute de jeu. Le public ayant décidé d’envahir l’aire de jeu "qui protestaient contre la décision de l’arbitre de relancer la partie après un coup franc en faveur de Coton Sport qui, lui-même, avait déjà fait l’objet de contestation de la part d’une partie du public", constate la Fécafoot sur son site internet. Dimanche, 06 août dernier au Molyko stadium de Buéa, la rencontre de la 22ème journée Mont Cameroun de Buéa- Union de Douala fut interrompue à 3 minutes de la fin du temps réglementaire, pour les mêmes causes.
Cette vague déferlante de violence semble avoir pris corps à la 18ème journée, au cours de la rencontre Canon de Yaoundé-Sahel de Maroua disputée le 17 juillet dernier au stade militaire. A la 21ème journée, Gilbert Njiké, arbitre international et président de l’antenne Littoral de l’Association camerounaise des arbitres de football (Acaf) est molesté au Mankon stadium de Bamenda, où l’équipe locale, Pwd, reçoit Espérance de Guider. Résultats, la rencontre s’achève à la 87ème minute de jeu. Théophile Kamdom a eu beaucoup plus de chance que son collègue. Lui qui, le 24 juillet dernier, lors de la 19ème journée du championnat de D1 disputée à Dschang, a dû quitter le stade sous forte escorte policière. Puisque les spectateurs, recrutés parmi les sympathisants de l’équipe locale, Aigle alias El Pacha, "voulaient en finir avec moi", se souvient-il. A peine avait-il mis fin à la rencontre Aigle # Bamboutos de Mbouda qui s’est achevée sur un score de parité (1-1) que les spectateurs, armés de gourdin et de cailloux, ont attaqué le cordon de sécurité établi autour de l’homme en noir par des policiers du commissariat de la sécurité publique de Dschang.
Depuis la reprise du championnat, plus une journée ne se déroule sans incident. C’est la peur dans le ventre que les hommes en noir arrivent à bout de leur mission. Il y a véritablement de l’électricité dans l’air en ce début de la phase retour et son cortège d’enjeux. Sans doute, le spectre de la relégation qui plane sur les 06 derniers clubs, à raviver les enjeux. Au regard de l’insécurité persistante, nombreux sont ceux des observateurs à s’interroger sur l’entrée en gare, et cela sans heurts, du 46ème championnat football. Cette inquiétude est d’autant plus fondée que la Fécafoot, en dehors de simples décisions de faire rejouer les rencontres litigieuses, brille par sa passivité à tempérer les ardeurs. En réalité, la commission de sécurité qui existait il y a quelques années a disparu de son organigramme.
Un manquement qui est de nature à donner quitus aux fauteurs de trouble, qui désormais, décident de l’issue finale des rencontres. "Si les autorités de notre football ne prennent pas les mesures adéquates pour une suite favorable, le championnat pourrait connaître une suite catastrophique", déclarait il y a quelques jours Michel Kamdem, président de
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l’Union de Douala et de l’Association des présidents de clubs de D1 (Apcd). C’était à la suite des violences ayant émaillé le match qui opposait son club à Bamboutos de Mbouda à la 3ème journée jouée à Douala. Il a fallu attendre plus d’un mois pour voir la fédération frapper : Union a gagné 3 points contre 0 pour Bambtous et l’arbitral central Augustin Ebot, avait écopé de six mois de suspension.
L’insécurité dans les stades semble d’autant plus galopante que la plupart des matches du championnat national de D1 se déroulent dans des stades municipaux qui ne bénéficient pas d`une sécurité certaine. C`est ainsi que dans tous les stades de la province de l’Ouest par exemple, où les grilles n’existent pas, pour marquer une frontière entre l’aire de jeu et les gradins, des supporters grincheux ont toujours tendance à envahir les terrains pour contester, à tort ou à raison, certaines décisions du corps arbitral.
Responsabilités
Considéré comme match à hauts risques, Aigle de Dschang- Mont Cameroun de Buéa, de la 21ème journée, les dirigeants de l’équipe locale ont dû sillonner la ville, invitant leurs populations a plus de retenue. A défaut des mesures préventives ou répressives, la menace du préfet du département de la Ménoua, lequel exigeait des garanties de sécurité de la part de la ligue départementale de football, a permis la tenue sans heurt de la rencontre.
"Il suffit de regarder un match de football dans nos stades pour se rendre compte de tous les ingrédients susceptibles d’enflammer la partie. Et, c’est généralement la pression qui engendre des dérapages", déclare récemment Patrick Prêcheur, directeur général de la Fécafoot au sortir du stage zonal des arbitres et entraîneurs de football à Douala. La quête de la victoire a tout prix conduit les spectateurs vers les méandres du chauvinisme, du fanatisme et de la passion. Toute chose, qui, ajoutée à la non maîtrise des 17 lois de jeu, débouche sur des scènes de violence et d’insécurité. Joueurs, encadreurs, dirigeants, tous tombent ainsi dans le piège de l’"obligation des résultats". Depuis quelques temps, plus personne n’entend perdre à domicile, au risque de verser du sang. La fédération attend-elle que l’on enregistre un mort pour se saisir de ce brûlant et prendre par la suite des décisions à l’emporte-pièce?
Combien de fois a-t-on vu les joueurs au stade de la Réunification, Amadou Ahidjo ou Ndoumbé Oumar de Ngaoundéré, escalader le grillage plutôt que de passer par la voie officielle? Des actes encouragés par les dirigeants de club, lesquels suscitent la tension du public. "Dirigeants et entraîneurs ont une grande influence sur les joueurs et le public. Dans la philosophie du travail, ils devraient aussi veiller sur la discipline, l’éducation pour la bonne renommée du club", ajoute Patrick Prêcheur qui prône l’éducation civique. Les arbitres, certes toujours pas innocents, sont considérés comme de véritables boucs émissaires en cas de défaite. Ils sont par conséquent voués aux gémonies dans des stades dépourvus de dispositif sécuritaire avec un public aux nerfs à fleur de peau. Aujourd’hui, la situation a atteint la cote d’alerte et interpelle toutes les parties prenantes pour la sauvegarde du fair-play, et de l’idéal olympique.
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