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Santé : Les joueurs forfait pour les examens médicaux (12.07.2008)
Les clubs résistent aux nouvelles mesures de la Fifa qui leur impose un cahier de charges.
Bertille Missi Bikoun
Avec la fin des championnats majeurs, Mtn Elite One et Mtn Elite Two, les tractations pour les transferts vont bientôt débuter. Ceux-ci seront accrus durant l’intersaison, qui commence officiellement au lendemain de la finale de la Coupe du Cameroun qui consacre la fin de la saison. Il n’empêche qu’on entre tout doucement dans la période de l’intersaison. Celle-ci est marquée par des nombreux transferts. En Europe, la finalisation d’un transfert est conditionnée par le succès de la visite médicale. Une épreuve que les experts veulent de plus en plus pointue.
En effet, au-delà des tests médicaux généraux en Europe, les médecins des clubs attachent de plus en plus un intérêt accru aux examens cardiovasculaires. En en particulier l’électrocardiogramme et l’échographie du coeur.
Le premier étudie "le fonctionnement électrique du cœur. C’est un miroir fonctionnel du cœur", déclare le Pr Guillaume Atchou, président de la Commission médicale de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et membre de la commission médicale du Comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc). Quant à l’échographie cardiaque, elle permet de dépister "des cardiopathies sub-cliniques que ni l’électrocardiogramme, ni l’auscultation clinique ne peuvent détecter", ajoute le physiothérapeute, qui est par ailleurs responsable du staff médical des Lions indomptables.
Qu’en est-il de la visite médicale au Cameroun? "D’une manière générale, le suivi médical des sportifs, au Cameroun, n’est pas une tradition établie. Malheureusement ! Parce qu’il va de soi que quand on veut être un bon sportif, il faut être en bonne santé. Mais, je le répète, il n’y avait pas un protocole de suivi ; ceci pour tous les sports", déclare sans ambages le Pr Atchou. Mais, en ce qui concerne le football, "nous essayons, depuis quelques années, de faire en sorte que tous ceux qui sont affiliés à la Fécafoot aient un dossier médical", ajoute le médecin.
Cahier de charges
Une innovation majeure quand on sait que le problème à la base est l’absence de staffs médicaux au sein des clubs camerounais. Mais suite à une mission effectuée au Cameroun en 2007 et au cours de laquelle ils ont rencontré tous les acteurs du football national, des experts de la Fifa avaient fait des recommandations tendant à la professionnalisation du football camerounais à l’effet de le stabiliser, de le solidifier, de le rendre plus attrayant et beaucoup plus performant. C’est dans cette perspective que les clubs sont tenus, en début de saison de respecter un cahier de charges. Entre autres obligations, la présence d’un staff médical. Même si la mesure n’est jusqu’ici pas appliquée aux clubs, certains dirigeants s’attachent de plus en plus les services d’un personnel médical. Personnel qui se réduit à un médecin généraliste, un kinésithérapeute ou tout simplement un infirmier. Mais jamais les deux ou les trois.
Bien mieux, "depuis l’année dernière, nous avons organisé ce qu’on appelle " la visite de non contre indication à la pratique du sport". C’est-à-dire qu’on veut être sûr que le joueur n’a pas une contre indication à la pratique du sport comme une cardiopathie établie, un problème quelconque établi, chronique ou une contre-indication", déclare le Pr Atchou. D’après ce dernier, l’année dernière, la pratique de ces visites médicales a révélé des "surprises". Parmi ces dernières, "nous avons eu des cas d’asthme, qui est une contre indication relative à la pratique du sport quand elle n’est pas bien soignée; des affections cardiaques de diverses natures ; et aussi des affections beaucoup plus sérieuses telles que les valvuloplasties, par exemple".
Toutes choses pour lesquelles à la Commission médicale de la Fécafoot, il est exigé aux footballeurs de procèder à une série d’examens qui font partie de ce qu’ils appellent là-bas "la carte biologique du sportif". Il
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s’agit d’un bilan minimum qui comprend, entre autres examens, "la numérotation de la formule sanguine : on veut connaître s’ils ont assez de transporteurs d’hygiène que sont les globules par exemple ; avec, éventuellement, un taux d’hémoglobine. Nous voulons savoir aussi s’ils n’ont pas une tare héréditaire qu’on appelle la falciformation. La forme la plus grave étant la drépanocytose. Il y en a qui sont des hétérozygotes As,et il faut les connaître, car ils sont souvent sujets à des accidents".
Attention au coeur
Toujours en ce qui concerne les examens sanguins, il est également pratiqué un ionogramme, qui, d’après les spécialistes, est cet examen-là qui consiste à voir si le sportif a assez de magnésium, de potassium, de sodium… Du moins, le minimum pour la pratique du sport. La goutte épaisse permet de détecter d’éventuelles traces de paludisme. "C’est très important de savoir si vous n’êtes pas infecté par des parasites divers. C’est pourquoi il faut savoir si le sportif ne traîne pas une amibiase de façon insoupçonnée". A ce propos le médecin précise que l’examen d’urine permet de vérifier que le sportif ne souffre pas d’une petite infection irritante. "En dehors de ces examens qui sont ultra standards, nous exigeons de plus en plus un Ecg, l’électrocardiogramme qui montre que votre cœur n’a pas de problème. Nous pouvons aussi demander l’échographie cardiaque, lorsque nous soupçonnons une hypermétropie cardiaque, c’est-à-dire une paroie qui est atrophiée".
Et c’est ici que les choses commencent à se compliquer. Avec la recrudescence des accidents observés au cours des rencontres de football avec souvent la mort des sportifs à la clé, la Fifa sensibilise les associations nationales sur la nécessité de prendre à bras le corps le suivi médical des sportifs en ayant des médecins assermentés. Elle compte instaurer des examens médicaux et notamment cardiaques en plus de se pencher sur les antécédents familiaux des athlètes. Avant la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, les joueurs devaient se soumettre à des tests médicaux généraux, ainsi qu’à un examen cardiovasculaire approfondi avec électrocardiogramme et échographie du coeur.
"Nous avons commencé à exploiter les résultats et cela nous conforte dans l`idée qu`il faut généraliser ces examens préventifs et les rendre obligatoires pour toutes les compétitions", déclarait Jiri Dvorak, médecin en chef de la Fifa sur son site web. Le docteur Dvorak estime que 1000 sportifs perdent la vie chaque année dans le monde à la suite de troubles cardiaques. La plupart souffriraient de malformations congénitales non diagnostiquées. Un avis que partage également le Pr Atchou, d’après qui "70% des causes de morts subites sont d’origine cardiaque. C’est pour cela qu’il est de bon ton de mettre un accent particulier sur le fonctionnement du cœur. C’est la raison pour laquelle la Fifa insiste sur le bilan cardiaque et hématologique en particulier".
Si l’importance de ces examens n’est plus à démontrer aux sportifs camerounais (du moins, depuis le décès de Marc Vivien Foé, le 26 juin 2003 au stade Gerland, à Lyon), le problème se pose néanmoins sur le plan local en terme financier.
Qui finance ces examens ? Ailleurs, notamment en Occident et même en Afrique du Nord, les clubs supportent les frais de visites médicales et même du suivi médical de leurs sociétaires. En Afrique sub-saharienne, et au Cameroun en particulier, ce n’est toujours pas le cas. La raison ? Le football est encore amateur. En dehors des équipes nationales qui sont assurées et bénéficient de l’expertise médicale, les dirigeants des clubs gèrent l’aspect médical de leurs effectifs en fonction des situations qui se présentent et au gré de leur volonté En l’absence de subventions, certains dirigeants de clubs trouvent superflus les visites médicales qui précèdent les transferts et celles d’avant saison. "C’est le problème que nous avons rencontré et qui reste entier à ce jour", appuient les membres de la commission médicale de la Fécafoot.
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