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Henri Michel, entraîneur des Eléphants de la Côte d’Ivoire : “Notre objectif c’est de gagner dimanche contre le Cameroun ”* (01.09.2005)
Le technicien français, patron de l’encadrement technique des Eléphants parle de la confrontation Côte d’Ivoire – Cameroun, et se prononce sur l’état d’esprit de ses poulains à quelques jours de la rencontre capitale du 4 septembre 2005 au “ Félicia ” à Abidjan.
Dans quel état de santé se trouve votre groupe, à quelques jours du match Côte d’Ivoire – Cameroun prévu le 4 septembre prochain ?
Tous les joueurs vont bien et devraient rentrer à l’hôtel à partir de midi (Ndlr : avant-hier midi). Je préfère que les joueurs passent une journée en famille pour se décontracter, fassent des choses qui leur plaisent et après, rentrent dans la phase de concentration. A priori, il n’y a pas de grosses blessures. Normalement, nous sommes bien et nous avons le moral.
Parmi ceux que vous avez convoqués, y a-t-il des joueurs qui manquent à l’appel ?
Tous sont là. Seulement que cette nuit, Romaric a eu un accident de la circulation et nous sommes un peu inquiets sur son état de santé. Nous sommes allés aux nouvelles et on espère de bonnes. C’est vrai que Romaric n’était pas dans la liste des joueurs convoqués pour ce match contre le Cameroun mais c’est toujours ennuyeux de se retrouver dans cette situation avec un garçon qui fait partie du groupe.
Vous avez été un international en équipe de France et vous avez aussi été entraîneur des Bleus à un moment donné de votre carrière d’entraîneur. A quelques jours des rencontres décisives comme celle de dimanche, quel discours tient-on aux joueurs ?
Il faut surtout essayer de ne pas changer ce qui a été déjà fait jusque-là à l’entraînement, dans le comportement et dans l’approche du match. C’est peut-être sur ce dernier point que je peux apporter quelque chose de par mon expérience. C`est-à-dire qu’il faut rester calme lucide et dire aux joueurs que l’objectif que nous nous étions assigné depuis, nous l’avons respecté jusqu’à là maintenant et. Cet objectif, ce sera ce dimanche contre le Cameroun, ou encore contre le Soudan, à l’occasion de notre dernier match. Mais la meilleure façon de clôturer ces éliminatoires, c’est de gagner dimanche contre le Cameroun. Dans ce cas, on aura respecté l’objectif qu’on s’est fixé depuis le début. Il faut tout faire pour que ça marche dimanche.
Avant Côte d’Ivoire – Cameroun, vous avez disputé une rencontre amicale contre la France le 17 Août dernier. Rencontre au cours de laquelle, la Côte d’Ivoire a été battue 3 à 0. Quels enseignements tirez-vous de ce match, deux semaines après ?
Je n’ai pas attendu deux semaines pour tirer les enseignements de ce match. Déjà avant le match, j’ai dit aux joueurs qu’ils devaient considérer cette rencontre comme un match de gala entre guillemets, mais aussi, comme une préparation pour le match contre le Cameroun. Evidemment, 3 à 0, la défaite est lourde et ce n’est jamais agréable de perdre sur ce score. Et même si ce score ne reflète pas la physionomie du match, il y a beaucoup de choses à tirer de cette confrontation. En particulier en ce qui concerne les fautes et l’agressivité dans la conquête du ballon. Ce match a été bon pour nous, parce que des défaites de ce genre, il faut essayer d’en tirer le plus le côté positif. Et j’espère qu’on ne va pas refaire les mêmes erreurs.
Les Eléphants ont pris des buts sur des coups de pieds arrêtés et l’on suppose que c’est l’un des grands enseignements que vous avez tiré de ce France – Côte d’Ivoire ?
Vous savez, les coups de pieds arrêtés, il n’y a pas trente-six mille solutions pour les arrêter. C’est surtout une question de concentration et une des choses qui nous fait encore défaut, c’est qu’on a tendance à un peu relâcher pendant les matches quand çà va bien. Il faut mettre l’accent sur ce point. Mais vous savez, c’est un peu le label qualité Côte d’Ivoire. C’est ce qui a fait défaut au football ivoirien pendant longtemps et qui ne lui a pas permis de passer certaines étapes. Il faut savoir qu’au niveau international, la technique, c’est bien mais ça ne suffit pas. Il faut avoir un mental aussi bien offensivement que défensivement.
Peut-on parler de duel Henri Michel – Artur Jorge ce dimanche ?
Ça, ce n’est pas mon problème. Mon problème à moi, c’est Côte d’Ivoire – Cameroun à Abidjan. J’ai donné un objectif aux joueurs avant le début de la compétition : c’est de gagner
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tous les matches à “ la maison ” et de prendre des points à l’extérieur. C’est dans cette situation que nous sommes et le prochain match est à “ la maison ”, à Abidjan. Il vaut trois points et il faut tout faire pour prendre ces trois points.
Pourquoi un joueur comme Zorro Marc qui tient bien son rôle a du mal à terminer ses matches ?
Zorro, c’est simplement qu’en début de saison en Italie, il n’a pas commencé la compétition. Physiquement, ce n’est pas terrible. De toutes les façons, que ce soit Zorro ou Eboué Emmanuel, ce sont des joueurs très volontaires, très impulsif, et quelquefois, ils dépassent un peu leur limite. Mais ce n’est pas grave.
L’on constate aussi que vous avez un problème au milieu de terrain.
Non, je pense qu’on a progressé au milieu de terrain. Quand je suis arrivé, j’ai eu l’impression qu’on n’avait pas beaucoup de bons joueurs au milieu de terrain, mais depuis, on en a découvert. Contre la France, j’ai essayé tout le monde et je pense que nous allons stabiliser toutes ces choses. Je regrette que Guel ne soit pas là (Ndlr : Guel Tchierossa a été rappelé par Henri Michel avant-hier soir), parce qu’il a fait tous les matches avec nous. Pendant 6 mois, je l’ai fait jouer alors qu’il ne jouait pas dans son club. Là, il n’a pas de club depuis l’intersaison et c’est gênant parce que je ne peux pas l’appeler en sélection dans ces conditions et ne pas faire jouer les autres. C’est un choix qui me fait mal. Je pense qu’il mérite de jouer. Parce qu’on a vu contre la France, on a un problème de récupération de ballon. J’espère que contre le Cameroun, on va être capable de corriger tout cela.
Le match contre le Cameroun sera sans doute plus physique que technique. Pourquoi n’essayez-vous pas la paire Kolo – Zorro dans l’axe ?
Non. Parce que d’abord Zorro, il joue sur le côté en Italie. Ensuite, j’ai trois ou quatre autres joueurs qui peuvent jouer dans l’axe, à savoir Kolo, Domoraud, Méité et Kouassi Blaise. Ils me paraissent plus sereins et plus expérimentés à ce poste. Après, les compositions d’équipes, vous savez, tout le monde peut faire son classement. Chacun pense qu’il détient la vérité et même nous les entraîneurs, on ne sait pas toujours si on fait bien. On cause avec les joueurs avant les matches et il y a des choses que les gens ne savent pas. A partir de là, on tranche, et quelquefois, c’est bon ou ce n’est pas bon. Cependnat je ne reproche pas aux gens de faire des critiques.
On s’interroge aussi sur la non sélection de Kader Kéïta qui peut apporter un plus en attaque.
Et pourquoi n’appellerais-t-on pas Traoré Kandia au Havre ou encore Kroupi de Nancy et qui encore ? Je ne vois pas pourquoi les gens me posent ce genre de questions (le ton monte un peu). Kader Kéïta n’a pas jouer encore. Il n’a fait que dix minutes sur le terrain. La vraie question, c’est qu’il y a une équipe qui existe, qui a fait de bons résultats jusqu’à maintenant et qu’il y a un match important le dimanche. C’est tout. Ici, on parle toujours des gens qui ne sont pas là.
Coach, vous qui connaissez bien maintenant vos joueurs, quel problème a Kalou Bonaventure en équipe nationale ?
Non, Kalou n’a pas de problème en équipe nationale mais on lui demande toujours un peu plus parce qu’on sait qu’il a beaucoup de talent. On voudrait aussi qu’il soit plus constant dans la performance et puis on a un problème : au Paris Saint Germain, il joue attaquant et avec les Eléphants, moi je lui demande de jouer un autre rôle. Il va falloir qu’on trouve donc le bon timing. C’est difficile pour lui mais c’est aussi difficile pour nous, parce qu’il est difficile de faire autrement. On espère avoir le meilleur “ Bona ” dimanche.
Vous n’avez pratiquement jamais échoué partout où vous êtes passé ?
Oui. (il lève la tête, le sourire aux lèvres et dit Inch Allah). Je suis venu pour qualifier la Côte d’Ivoire au mondial et pour l’instant, ça se passe bien. C’est mon challenge.
Au soir du 4 septembre, si tout se passe bien, êtes-vous prêt à continuer l’aventure avec la Côte d’Ivoire, si le président de la Fédération vous demande de prolonger votre contrat ?
Si on est qualifié, bien sûr. (il rit ).
José Djati
Le Courrier d’Abidjan n°503 du mercredi 31 août 2005
* Surtitre, chapeau et titre sont du quotidien Le Messager
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