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Roger Milla :«Avec Javier Clemente, les joueurs vont souffrir» (30.08.2010)
Le héro du Mondial Italie 90 de football est présenté comme la terreur des coachs des Lions indomptables. Avec le recrutement d’un nouvel entraîneur qu’il dit bien entraîneur, il met en garde les joueurs contre les écarts de comportement qui ont coûté au Cameroun sa réputation lors du récent Mondial sud-africain.
Quel commentaire vous inspire le recrutement de Javier Clemente pour succéder à Paul Le Guen à la barre des Lions indomptables ?
Ma réaction est comme celle de tous les Camerounais. Je suis ravi qu’on ait trouvé un entraineur de cette trempe pour notre sélection nationale. C’est un homme de métier, quelqu’un que j’ai connu en Europe. Maintenant, on va voir lorsqu’il va arriver, comment est-ce qu’il va commencer à faire son travail. J’espère qu’il ne va pas aussi nous tromper comme quelques uns de ses prédécesseurs nous ont trompés. Je crois qu’il vient là pour faire du bon travail. Il vient là pour confirmer sa riche expérience dans le métier d’entraineur. Donc, nous comptons sur lui et nous espérons qu’avec ses adjoints, Omam Biyick et Jacques Songo’o, ils feront vraiment le travail que beaucoup de Camerounais attendent, à savoir permettre à notre sélection nationale de retrouver son meilleur niveau. Il a quand même fait de très bons résultats à l’époque. J’espère tout simplement que il n’a pas perdu ses reflexes, sa technique d’entrainement,
Et les nominations de François Omam Biyick, Jacques Songo’o et les autres, ça doit faire plaisir aux anciennes gloires camerounaises de se voir comme cela confier des responsabilités…
Je suis content parce qu’on commence à croire que les anciens footballeurs peuvent faire quelque chose. Il faut leur donner cette possibilité. Je pense qu’on aurait dû même confier tout le staff aux techniciens camerounais. Il faut qu’on apprenne à les mettre à l’épreuve et qu’on arrête de faire dans les suspicions. Maintenant qu’on leur a confié des postes, ils ont l’obligation de bien travailler pour que dans l’avenir on ne doute plus des techniciens camerounais.
Mais reste que des critiques font remarquer que François Omam manque d’expérience!
Omam n’est qu’adjoint, il n’est pas l’entraineur. C’est vrai qu’il n’a entraîné que des jeunes, mais il va apprendre sous le règne de Javier Clemente et, petit à petit, il va acquérir de l’expérience qui, selon vous, lui fait défaut.
Avant la nomination de Clemente, vous avez été reçu par le ministre des Sports et de l’Education physique. Avez-vous joué un rôle dans son recrutement?
Pas du tout. On n’en a pas parlé. On a parlé d’autres choses. J’ai
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toujours dit que je ne parle pas d’entraîneur si je ne suis pas sollicité et impliqué dans le dossier. Mais, par contre, je critiquerai l’entraîneur s’il ne fait pas correctement son travail. Là, c’est mon devoir de Camerounais, d’abord, d’ancien joueur de cette élection ensuite, et d’ambassadeur itinérant. Je ne discute pas des compétences des entraîneurs, mais j’interviens par rapport à la discipline qu’il doit apporter à notre équipe, par rapport à la poigne qu’il peut apporter à notre équipe.
Parlant de discipline et même de relations entre l’entraineur et les joueurs, on sait par exemple qu’avec Eto’o Fils, le nouvel entraineur a eu un antécédent, et on présente Javier Clemente comme un raciste. Quelles peuvent être ses relations avec les joueurs?
Je pense que si c’était un raciste, il n’accepterait pas de venir entraîner une équipe en Afrique noire. C’est un entraineur qui est rigoureux, c’est normal parce qu’il a besoin de résultats. Il a besoin de joueurs disciplinés, qui travaillent. Et si vraiment ; il n’a pas changé de mentalité, je pense que les joueurs vont souffrir. Quand je dis souffrir, c’est par rapport au travail, à la discipline, parce qu’il a besoin de résultats. Je le dis encore, s’il n’a pas changé de caractère, je crois que la discipline sera de retour dans la tanière des Lions et on ne regrettera pas ce choix.
On vous a vu souvent remonté contre les entraîneurs des Lions. Vous avez été contre Martin Otto Pfister, ensuite c’était Paul le Guen. Maintenant, avec Clemente, vous allez vous calmer un peu ?
Non, je n’ai jamais été contre les entraîneurs. J’apporte mon point de vue par rapport au travail de l’entraîneur. Vous ne m’avez jamais entendu parler d’Otto Pfister durant ses premiers moments au Cameroun. On n’avait aucun problème. Il m’a sorti de mes gongs quand, sous le coup de critiques après la Can Ghana 2008, il est arrivé au ministère des Sports et s’est mis à insulter tout le monde au Cameroun durant une réunion. Je ne peux tolérer que quelqu’un qu’on paie avec l’argent du contribuable insulte le chef de l’Etat et le peuple camerounais. Pareil pour Paul Le Guen avec qui je n’avais également aucun problème. On se connait depuis quinze ans. Il a été bon joueur, je sais qu’il est aussi bon entraineur. Mais avec les Lions, il n’a pas fait ce qu’il devait faire. Je ne pouvais rester indifférent. Pour moi, il a été la plus grosse déception de tous les techniciens qui ont entrainé le Cameroun. Parce qu’il était venu avec les mauvaises intentions. Il a gâché finalement sa propre carrière.
Écrit par Propos recueillis par Nana Paul Sabin
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