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Lions indomptables : Autopsie d’une débâcle (02.07.2010)
Perte d’influence du sélectionneur et hypocrisie de certains joueurs ont conduit la sélection à sa perte à South Africa 2010.
Difficile de ne pas éprouver un sentiment de pitié pour Samuel Eto’o et ses coéquipiers, le 22 juin dernier, au Northlands Primary School de Durban. Ce jour-là était celui de leur dernière séance d’entraînement en terre sud-africaine. Sans aucune motivation, ils s’y sont retrouvés pour préparer leur dernière rencontre, à disputer deux jours plus tard au Cap face aux Pays-Bas. Ils s’y rendaient juste pour remplir leur contrat. D’autant plus que trois jours avant, ils étaient éliminés de la compétition, après une nouvelle défaite face au Danemark (1-2), et celle de l’entame devant le Japon (0-1).
Une triste réalité pour une sélection dont on n’avait cessé de dire du bien avant le kick off de cette 19è édition de la Coupe du monde de la Fifa.
Jusqu’à l’entrée en compétition des Lions indomptables en Afrique du Sud en effet, rien ne présageait de cette ambiance délétère qui a alimenté nombre de chroniques. Puis, vint la douche froide, le 14 juin 2010 à Bloemfontein face au Japon. Les langues commencèrent à se délier sur l’existence des clans au sein de la sélection nationale. D’ailleurs, pour calmer la tension qui prenait de l’ampleur, le ministre des Sports et de l’Education physique, Michel Zoah rencontrait les joueurs dans la journée du mercredi 16 juin 2010 à Durban ; déterminé à poser le diagnostic d’un mal, qui allait en s’empirant, afin d’y remédier, avant le deuxième match face au Danemark à Pretoria.
Des échanges du ministre avec les joueurs, l’on apprendra que des contestations avaient été faites par ces derniers, contestations relatives à la titularisation de Joël Matip au milieu de terrain et d’Eric Maxim Choupo Moting à l’attaque. Ceux-ci étant considérés comme «trop jeunes» pour une compétition de ce niveau. Certaines indiscrétions soutiennent que Michel Zoah aurait demandé aux cadres de constituer le groupe devant affronter le Danemark. Ces derniers, ainsi appelés en rescousse par un ministre soucieux de ramener des résultats, constitueront une équipe avec entre autres, Rigobert Song, Alexandre Song, Gérémi Njitap, Achille Emana et Idriss Kameni. Un classement que Paul le Guen allait par la suite désapprouver selon les mêmes sources.
Catastrophe
Dans la foulée, la première conférence de presse d’avant-match a lieu dans l’après-midi du jeudi 17 juin 2010. Pour la première fois depuis sa désignation à la tête de la sélection nationale, Le Guen ne fait pas partie du casting. Sur la table, Nicolas Nkoulou, Gaétan Bong et Achille Emana. Ce dernier rejoindra ses autres coéquipiers 25 minutes après le début de l’échange avec les hommes de médias. Où était-il pendant tout ce temps ? Quand son absence a commencé à susciter la curiosité des journalistes présents dans la salle, le capitaine Samuel Eto’o est sorti à deux reprises. C’est finalement Alexandre Ribeiro, qui l’accompagnera dans la salle. Manifestement, le joueur n’avait pas l’intention d’honorer ce rendez-vous. Toutefois, Samuel Eto’o Fils et lui ont reconnu publiquement ne pas avoir de problèmes. Alors que les autres panélistes ont reconnu qu’il n’y avait pas de problèmes dans la tanière. Dans une interview à nos confrères du Jour, N° 0719, du mardi 29 juin2010, le team press officer Linus-Pascal Fouda aura ce commentaire à son retour «lorsque vous sentez par exemple qu’il y a un problème et que vous voulez le résoudre, on vous dit qu’il n’en n’est rien, vous comprenez que les gens sont hypocrites et qu’ils ne veulent rien vous
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dire».
D’ailleurs,quelques minutes après la conférence, une source bien introduite s’adressera à l’un des envoyés spéciaux de Mutations en ces termes : «C’est regrettable qu’on assiste à une telle mascarade. L’ambiance est totalement pourrie dans le groupe. Comment une personne peut-elle avoir le sommeil profond quand elle soupçonne son compagnon de chambre des pires desseins à son endroit ? Quand on se réveille avec la tête lourde, il est difficile de donner le meilleur de soi sur l’aire de jeu. Le mal est plus profond que ça. Et si rien n’est fait, on court à la catastrophe.»
Une «catastrophe» annoncée donc et dont les origines remonteraient à quelques mois plus tôt. De source digne de foi, la crise au sein des Lions indomptables couvait depuis le match amical du 3 mars dernier de Monaco face à l’Italie. Le premier depuis l’ère Le Guen à connaître la non convocation de Rigobert Song et de Gérémi Njitap. Ce qui avait d’ailleurs été à l’origine des premières tensions dans la sélection, puisque Alexandre Song Bilong en avait fait une histoire personnelle, au point de jouer avec le dossard 4, celui de son oncle ; laissant de côté le sien, le traditionnel 6. Jusqu’où a-t-il défié l’encadrement technique au point de pousser Paul le Guen à ne pas le titulariser face au Japon ? Lui, la «pièce maîtresse» du dispositif tactique du technicien français, comme le confiait Yves Colleu, l’adjoint d’icelui. Ceux-ci n’imaginaient d’ailleurs pas une sélection nationale sans Alexandre Song dans le onze entrant.
Deal
Puis, pour plus de sérénité dans la tanière, le sélectionneur et son adjoint se sont rendus en Turquie afin de rencontrer les deux joueurs «recalés». Au cours de l’échange qu’ils ont eu, le coach leur avait clairement fait savoir qu’ils seraient de l’équipée sud-africaine. A condition cependant qu’ils acceptent de ne pas être titulaires. Ce à quoi les deux joueurs donneront leur accord de principe, non sans laisser passer quelques jours de réflexion. On en était encore là lorsque débuta le rendez-vous au pays de Nelson Mandela. Où l’on n’allait pas tarder à se rendre compte que Rigobert Song était pointé du doigt comme étant à l’origine de la déstabilisation du groupe. Et pourquoi donc ? Se hasarda quelque chroniqueur. Dans la tanière, un groupe de joueurs militaient d’ailleurs pour sa titularisation. D’où la déchirure et cette tension qui n’allait plus quitter les rangs de la sélection.
Ce qui ne faisait pourtant pas partie du deal avec le staff technique. Est-ce pour cette raison que Paul le Guen a confié à certains journalistes français que sa principale erreur fût d’avoir fait «un mauvais casting» ?
Il leur avouait, selon des indiscrétions, avoir appelé des joueurs, qui ont au finish entrepris de saboter son dispositif tactique. Des ficelles que les néophytes dans la tanière n’auraient jamais eu la possibilité de tirer. Seuls ceux qui la connaissaient vraiment pouvant parvenir à un résultat comme celui-là !
Dans cette ambiance et dans le souci d’asseoir son autorité, le coach avait-il d’autres cartes en mains que celle de classer ceux qui n’étaient pas totalement mouillés face au Japon? Même si, son principal tort est de ne s’être pas mis au-dessus des querelles des joueurs et d’avoir choisi son camp : celui du capitaine des Lions indomptables, Samuel Eto’o Fils. Résultats des courses, chacun devra vivre avec des regrets. Certains en auront beaucoup moins que d’autres. Il reste surtout le gâchis d’être passé à côté de la possibilité d’écrire une nouvelle page de l’histoire du football camerounais. Affaire à suivre ?
Priscille G. Moadougou, de retour de Durban
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