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FRANÇOISE MBANGO ETONE: LE TALENT ET LA PASSION MUES EN OR (17.02.2005)
La lionne indomptable des sautoirs, médaillée d’or aux Jeux olympiques d’Athènes en août 2004, est un exemple d’abnégation pour une jeunesse en quête de repères et de modèles. Trajectoire.
Lorsqu’elle pose sa valise à Athènes au mois d’août 2004 pour prendre part aux derniers Jeux Olympiques, peu de gens, s’attendent à ce que Françoise Mbango Etonè revienne avec une médaille au cou. Non pas parce que “ la lionne indomptable des sautoirs ” n’en a pas les moyens. Mais, parce que l’athlète ne s’était pas préparée suffisamment comme cela se doit lorsqu’il s’agit d’aborder des compétitions d’une telle envergure, où tous les meilleurs sportifs de la planète se donnent rendez-vous. Abandonnée tant par la Fédération camerounaise d’Athlétisme que le ministère de la Jeunesse et des Sports de l’époque, il fallait qu’elle mange du lion, non seulement pour compétir, mais davantage pour accepter de défendre les couleurs du Cameroun, au moment où les pays comme la France avaient déjà mis toutes les batteries en marche pour octroyer la nationalité française à la gazelle de Dibombari. Quant à cela, s’ajoutent les caprices de santé de sa mère, on dirait que toutes les conditions étaient réunies pour que Mbango passe à côté de la compétition. Que non ! Au contraire, de cette accumulation de frustrations, naquit chez elle, une volonté inaltérable de vaincre l’adversité, quelle qu’elle soit.
Exemple d’abnégation.
D’abord celle des adversaires impeccablement encadrées et surmotivées par des promesses de primes colossales ; ensuite celle des autorités camerounaises qui l’ont quasiment abandonné, à elle-même ; enfin sa propre adversité, d’après le principe selon lequel, “ la vraie victoire est celle qu’on obtient sur soi-même ”. Une détermination qui mènera cette athlète originaire du département du Moungo, zone montagneuse par excellence avec, entre autres, le mont Manengoumba, le mont Koupé, le mont Nlonako pour aller au sommet de l’Olympe, la plus grande montagne grecque d’où vient le nom olympique, où il y a un peu plus de cent ans, naissait les jeux olympiques modernes. 1er tour, 2è tour, puis, les Camerounais ont commencé à croire et à croiser les doigts, tant les chances d’une médaille devenaient de plus en plus réelles.
Pourtant, tout avait été mis en œuvre pour la décourager. Au terme, par exemple, des championnats du monde d’athlétisme d’Edmonton au Canada, en 2001, et Paris en 2003, où elle avait été consécutivement sacrée vice-championne du monde, ces performances n’avaient pas reçu l’écho souhaité. Revenue au pays pour faire le tour de certaines grandes sociétés question d’offrir son image pour obtenir en retour du sponsoring afin de bien préparer les J.o. 2004. Malheureusement, cette initiative sera vaine, les uns et les autres estimant que son image n’était pas suffisamment porteuse.
Mais, dans ce naufrage collectif, tout le
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monde avait oublié quelque chose : quand Françoise Mbango Etonè a une idée dans la tête, elle va jusqu’au bout. Quelque temps après, elle décrochait la médaille d’or au triple saut dames avec un bond à 15,30m, poussant à la dernière place du podium la Russe Tatyana Lebedeva, pourtant grande favorite de l’épreuve. Bien que qualifiée pour la finale, les autorités n’avaient toujours pas pris de dispositions pour que Françoise aille jusqu’au bout. Même la modique prime olympique de 500 000 Fcfa ne fut pas revue à la hausse. Comble d’ingratitude !
Leçon.
Cette détermination inébranlable, Françoise Mbango en a d’ailleurs toujours fait preuve. Toute petite déjà, c’est envers et contre tous qu’elle choisit de faire carrière dans le sport. “ Le sport n’est pas un métier pour les femmes ”, lui répétaient alors sans cesse ses parents à une époque où, faut-il le souligner, le sport n’était qu’un moyen de distraction. Surtout, si ce n’est pas le football. Fidèle à sa logique, elle avait écouté son cœur; à la grande déception de ses géniteurs qui croyaient l’avenir de leur rejeton sombre. Et pourtant, on retrouvera, plus tard, Françoise Mbango Etonè sur les sautoirs d’Afrique, puis du monde entier. Elle se révèle dès l’année 1996 à l’occasion des 10èmes championnats africains d’athlétisme organisés à Yaoundé. Depuis, la reine des sautoirs n’a plus manqué l’occasion de faire parler d’elle à travers le monde, l’Afrique, le Commonwealth ou encore la Francophonie. C’est donc naturellement qu’elle est citée comme exemple par le chef de l’Etat comme ce fut le cas hier pour Albert Roger Milla, véritable légende vivante du sport camerounais et africain.
Grâce à sa persévérance et à sa foi en la victoire, elle a néanmoins obtenu les résultats que l’on sait, clouant au poteau des adversaires pourtant gâtées. Une manière de montrer que la foi et la détermination, plus que l’argent, sont essentielles en toute entreprise. Une telle leçon, donnée, mieux administrée par une femme à peine trentenaire, ne court pas les rues. Ce qui a valu à Françoise Mbango le rare honneur d’être citée en exemple et d’être reçue en audience par le président de la République, le jeudi 10 février dernier, au Palais de l’Unité. Paul Biya, qui a voulu, une dernière fois, mettre en évidence la patience de l’athlète, n’a pas été déçu. Celle-ci ne s’est pas en effet découragée et a attendu cinq mois sur place au pays avant d’être (enfin !) reçue et que le “ premier sportif camerounais ” lui rappelle ce qu’elle savait déjà certainement : “ vous faites honneur à vous-même, à la jeunesse camerounaise et à tout le peuple camerounais ”. Que les autorités favorisent des conditions d’émulation pour que vivement au Cameroun, il n’y ait plus de sport mineur, ni de sport majeur, ni de sport réservé comme le releva en son temps, un certain Paul Biya. Sacrée championne !
A. MBOG PIBASSO
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