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Humeur : Bonnet d’âne pour “ Mido ” (15.02.2006)
Quand on a vu une fois, les folles images d’un “ Mido ” écumant de rage parce que son entraîneur a décidé de le sortir du jeu, on n’a pas envie de les revoir, tellement elles desservent le joueur, sa réputation de star et les valeurs dont le football de haut niveau est censé imprégner ses adeptes.
Un entraîneur décide subitement de faire sortir un joueur au profit d’un autre. La décision est généralement acceptée (si le joueur remplacé est dans un mauvais jour) ou décriée (lorsque le public ne comprend pas qu’on puisse sortir un bon élément pour préserver un résultat ou faire déjouer l’adversaire). Le “ coaching ” des entraîneurs fait donc souvent l’objet de protestations et de mouvements d’humeur, non seulement de la part du public, mais aussi de la part des joueurs remplacés qui, pour montrer leur désapprobation, préfèrent éviter la petite tape amicale de l’entraîneur pour s’engouffrer directement dans les vestiaires, sans passer par le banc de touche. Mais le 7 février 2006, à l’occasion de la demi-finale Sénégal – Egypte, l’Egyptien “ Mido ” est allé plus loin.
“ Mido ” constamment en échec
Mardi 7 février 2006. Sénégal – Egypte est un match capital pour les deux équipes. Mais il l’est encore plus pour le pays organisateur dont les 80000 spectateurs réclament une qualification pour la finale du vendredi 10 février. Or, une qualification passe forcément par la capacité de leurs idoles à marquer des buts. Parmi les stars locales, figure un certain Ahmed Hossam dit “ Mido ”. Pendant plus d’une heure, il se casse les dents sur la solide défense sénégalaise. Il se démène plus qu’il ne se promène dans la défense ivoirienne. Il ne pèse pas sur le jeu et ses quelques tentatives de la tête inquiètent à peine le portier adverse. A la 78e minute, Hassan Shehata décide de le remplacer. C’est ce qu’il ne fallait pas faire puisque “ Mido ” explose d’un coup, fonce vers son entraîneur qu’il engueule littéralement comme s’il s’agissait d’un petit morveux récalcitrant. Humilié devant tout un stade et devant les officiels, devant les cameramen et des centaines de photographes, Shehata tente de se défendre, mais la furie de son joueur est telle que l’ancien Hossam Hassan, de qui il est pourtant proche, ne réussit pas à endiguer la furie de son jeune partenaire.
Hassan Shehata avait raison
Amr Zaki qui a chaussé nerveusement ses crampons, rentre à pas décidés sur le terrain, manifestement dopé par la scène dont tout le stade venait d’être le témoin. Il mord dans le match tel un couteau dans le gigot. Sur un centre à hauteur d’homme, il saute plus haut que les défenseurs sénégalais et de la tête, propulse rageusement le ballon au fond des filets du
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portier Sylva. 2 à 1 pour l’Egypte. Le public est à la fois heureux et furieux. Quel double camouflet pour “ Mido ” ! Quel “ coaching ” et quelle réponse d’Amr Zaki à celui qui avait pu penser, ne serait-ce qu’une seconde, qu’il pouvait être irremplaçable ? Que ce public ait senti la nécessité de crier : “ Dehors ! Dehors ! ” pour accélérer la sortie du jeune impertinent, montre bien qu’il ne s’était pas laissé abuser par les inadmissibles gesticulations d’un garçon fougueux mais que personne n’imaginait aussi excessif. Amr Zaki a marqué et les “ Pharaons ” se sont qualifiés pour la finale. Au vu du résultat, c’est Hassan Shehata qui avait raison et c’est “ Mido ” qui avait tord. Car, c’est le terrain qui commande.
Les plus grands aussi
cèdent leurs places
Au moment où certains de ses partenaires ont osé s’exprimer sur ce dérapage sans jamais l’acculer, il est permis de se demander si le statut de star est une porte ouverte aux excès dont je parlais plus haut. Et si la jeune star a pu se laisser griser par les clameurs d’une foule qu’il croyait acquise à sa seule cause ? Ce comportement inqualifiable a dépouillé en quelques instants, l’entraîneur Shehata de son autorité. Le garçon de 22 ans injustement courroucé qui venait de le traiter d’ “ âne ” ne pouvait-il pas être son fils ? Je me souviens du regard accablé d’un “ père ” qui a essayé de ramener son “ garçon ” à la raison ; je revois un sélectionneur visiblement surpris et impuissant face à la fougue irrespectueuse d’un jeune joueur dont on peut finalement se demander s’il ne se trompe pas en s’imaginant que le talent autorise tout. Et si dans le fond, le jeune “ Mido ” se croyait plus doué qu’il ne l’est en réalité ? L’heure de la remise en cause a sûrement sonné pour lui.
Quelque soit le statut de star d’un footballeur, il ne peut l’utiliser pour humilier publiquement son entraîneur. Le jeune Egyptien a fait là, ce que des footballeurs comme Michel Platini, Van Basten, Salif Keita Domingo, Osei Koffi ou Eusebio n’ont jamais osé faire à leur époque. Sinon, pas de cette façon-là. Pourtant, combien de fois n’ont-ils pas dû céder leurs places sur le terrain ?
Le football moderne étant truffé de fortes têtes, il y en a que nous ne pouvons oublier. Je pense au Français Eric Cantona qui, non retenu en équipe de France par son entraîneur en août 1988, avait traité Henri Michel de “ sac à merde ”. Dix-huit ans plus tard, c’est ce même Henri Michel qui sera, vendredi 10 février 2006, sur le banc des “ Eléphants ” de Côte-d’Ivoire, juste à côté de Hassan Shehata, celui qui vient d’être comparé à un âne. Et si les entraîneurs avaient raison ?
Par Dave Wilson www.rfi.fr
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