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Les coûts francs de la Division II . (18.06.2004)
Brice R. Mbodiam
Le fonctionnement des équipes de cette catégorie est émaillé d`énormes difficultés financières.
L`admiration suscitée à l`époque par Olympique de Mvolyé, club de 2ème division de la province du Centre, à l`opulence financière empreinte d`ostentation, n`a été qu`un frisson dans le tourbillon des écueils financiers auxquels font face, depuis des lustres, les équipes de football du championnat de division II. Qualifiée il y a quelques années pour le tournoi interpoules devant se disputer à Yaoundé, l`on se souvient que Union sportive d`Abong-Mbang, faute de moyens, dut prendre ses quartiers dans les salles de classe de l`Ecole nationale supérieure des travaux publics (Enstp), au quartier Elig-Effa. De même, ce qui tient souvent lieu d`équipements sportifs aux joueurs de certains clubs de D2, est loin de faire pâlir d`envie les footballeurs de nos villages.
Explications : "Les clubs de 2ème division sont abandonnés à leurs dirigeants. En son temps, nous étions les premiers à dénoncer, par le biais d`une lettre adressée à l`ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, la convention Minjes-Fecafoot qui, si elle tenait légèrement compte des clubs de D1, ignorait catégoriquement ceux des divisions inférieures", affirme Alexandre Kuindjeu, président de l`Association nationale des clubs des divisions inférieures du Cameroun (Anacdic), par ailleurs président de Inter Star de Yaoundé et de la Panthère sportive de Bangangté. Et puis, poursuit-il, "les clubs de tradition tels que Caïman de Douala, Panthère ou Oryx, qui appartiennent à des communautés, ne bénéficient plus du soutien des élites qui arguent qu`elles sont déçues par la mafia qui règne dans le milieu du football".
D`autre part, les subventions accordées par la fédération camerounaise de Football (Fécafoot) sont insignifiantes. "L`année dernière, nous avons reçu 300 000 francs. C`est à peu près ce que nous dépensons lorsque nous jouons hors de Yaoundé", soutient Achille Chountsa, directeur sportif de Déportivo Alaves, club de D2 de la province du Centre.
"Cette affaire de subvention, c`est du pipeau. Combien de paires de chaussures pouvons-nous acheter avec cet argent? Combien de rencontres pouvons nous organiser ? En plus, les différentes sanctions pécunières (cartons jaunes et rouges) sont directement prélevées sur cette subvention qui, des fois, ne parvient même pas aux clubs parce que les ligues provinciales, qui luttent elles-mêmes pour la survie, s`en accaparent", renchérit, avec force véhémence, le président de Panthère de Bangangté. Il ajoute : "la fédération doit non seulement revoir à la hausse la subvention aux clubs de D2, mais aussi, la leur faire parvenir directement. Sans intermédiaires". A côté de ce coup de pouce à la limite du ridicule des instances dirigeantes du football camerounais, les équipes de 2ème division ne perçoivent
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pas de recettes de stade. Les matches, qui n`attirent d`ailleurs pas grand monde, se déroulant sur des aires de jeu non clôturées. Imposant la gratuité du spectacle. Ce qui ne peut qu`ajouter à la galère des équipes. D`ailleurs, afin de faire savoir leur mécontentement à la suite du "lâchage" dont ils sont l`objet, les dirigeants de clubs réunis au sein de l`Association des clubs de D2 (Acd2) de la province du Centre, ont menacé, il y a quelques semaines, de suspendre le championnat. Pour éviter ce débrayage, la ligue provinciale de football du Centre a consenti à exonérer ces équipes des frais de licences et d`affiliation. Une manière de leur alléger quelque peu la tâche.
Magnanimité
En dépit de tous ces déboires, et ce, "uniquement par amour du foot et du dessein d`encadrer les jeunes footballeurs", les dirigeants des équipes de 2ème division ne lâchent pas du lest. L`une des parades trouvée par quelques uns, consiste à trouver des partenaires. Aussi bien locaux qu`étrangers. C`est le cas de Deportivo Alaves, qui reçoit tous ses équipements de son partenaire espagnol du même nom. "En échange, nous leur offrons une pépinière dans laquelle ils peuvent recruter des jeunes joueurs talentueux", confie Achille Chountsa. A défaut de pouvoir mettre sur pied une telle collaboration, certains présidents de clubs de D2 jouent sur la fibre amicale, voire de la charité. Ainsi, reconnaît Alexandre Kuindjeu, "le budget de fonctionnement est établi, mais on réunit les fonds au jour le jour, au petit bonheur la chance. C`est généralement le président qui se saigne le plus, aidé en cela par des amis.
Toutefois, pour ce qui est du cas spécifique de Panthère de Bangangté, je fais appel, de plus en plus, à la magnanimité des footballeurs originaires du Ndé qui ont réussi dans le foot, parce que, eux au moins, restent sensibles à la chose sportive. C`est le cas de Guy Feutchiné et de Bill Tchato". S`inspirant des exemples occidentaux, des responsables de clubs, dans la recherche tous azimuts des financements, n`hésitent pas à tendre la main aux collectivités locales. Cette expérience fructueuse a profité à Foudre d`Akonolinga qui, de sources dignes de foi, a récemment reçu une aide substantielle de la mairie du coin. Au demeurant, des cas pareils ne courent pas les rues. Pourtant, "dans les budgets des communes, il y a une ligne consacrée à ce type d`actions. Je suis curieux de savoir à quoi sert cet argent", martèle Alexandre Kuindjeu. Lorsque toutes ces pistes de recherche de partenaires s`avèrent infructueuses, les dirigeants de clubs n`ont pas d`autre choix que de se contenter d`insignifiantes ressources provenant de l`achat des cartes de membre, dont le montant oscille entre 5000 et 25 000 francs, selon le voeu et le volume du porte-monnaie de chacun. Lesquelles cartes, dans la majorité des cas, cherchent toujours désespérément des preneurs.
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