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Déchéance: Le Cameroun, malade de son athlétisme annoncés. (02.04.2004)
Thierry NDONG
Ingérence du Minjes dans l’organisation des compétitions nationales. Incompétence des cadres fédéraux. Tripatouillages des sélections. Absence des infrastructures. Détournement des bourses des athlètes. Le diagnostic est préoccupant.
«La gestion des meetings interclubs n’a jamais été clarifiée. En principe, ce sont les ligues provinciales qui ont la charge de les organiser. Mais dans les faits, la réalité est autre. Un chef de projet, nommé par la Fédération camerounaise d’athlétisme, organise généralement cette compétition». La sortie du Secrétaire général de la Ligue provinciale d’athlétisme du Centre (Lipac) relève sans détour l’ambiguïté et le flou artistique qui caractérisent aujourd’hui l’organisation des compétitions d’athlétisme au Cameroun.
Le troisième meeting interclubs (équivalent d’une journée de championnat en division d’élite en football), organisé le 20 mars, en est l’exemple le plus actuel. Programmée au début du mois de mars, la compétition a fait l’objet de plusieurs renvois. A la clé de nombreux désagréments causés aux athlètes venus des quatre coins du pays. «Idrissa Adam, venu du lointain septentrion, a dû prolonger son séjour à Yaoundé, pour attendre la compétition. Les moins téméraires sont rentrés dans leur province d’origine», confirme-t-on.
La date définitivement arrêtée pour la tenue de l’événement participe également des approximations constatées. Les ligues provinciales ont été informées de la tenue du dernier meeting à trois jours de l’échéance. Prises de cours, certaines n’ont pas pu prendre part à la compétition. Même l’organisation mise en place a accusé le coup de cette décision inattendue. «34 épreuves sollicitent 120 officiels. Or, nous n’étions que 35. Ce qui pose en filigrane le problème de la gestion du matériel. La tâche a été d’autant difficile que la programmation des lancers s’est effectuée sur un autre site, en l’occurrence au stade de la concorde de l’Université de Yaoundé I. Le déroulement du décathlon a ainsi été très éprouvant», explique le chef de projet, Michel Nkolo.
Inertie fédérale
A la vérité, l’organisation tatillonne des compétitions d’athlétisme est à l’image du fonctionnement de la Fédération camerounaise d’athlétisme . La Fca est en effet une coquille presque vide. Depuis plus de deux saisons, deux ligues provinciales (Centre et Littoral) sur dix mènent des activités connues. Le dynamisme discutable des dirigeants fédéraux n’arrange guère la situation. En trois saisons sportives, le nombre de compétitions à organiser va décroissant. A ce jour, le calendrier de la fédération annonce quatre meetings interclubs, contre six en 1998. Les championnats nationaux d’athlétisme, apothéose de la saison, ont également tendance à disparaître. On se souvient qu’en 2003, la Fca n’a pas pu clôturer en beauté sa saison. Après une programmation suivie d’un renvoi à une date ultérieure, les championnats nationaux d’athlétisme, édition 2003, ont été renvoyés aux calendes grecques.
Et la direction technique nationale ? Pas très visible non plus. Les griefs ne manquent d’ailleurs pas. «Le déploiement de cette structure manque de visibilité», critique un entraîneur d’athlétisme. Et de prendre un exemple dans l’actualité : l’’équipe camerounaise cadette d’athlétisme prendra part, à la mi-avril, aux championnats d’Afrique centrale d’athlétisme de la catégorie. A deux semaines de cette compétition capitale, la liste des présélectionnés n’est pas encore rendue publique. Bien plus, l’on ne sait rien de la préparation des jeunes athlètes à cette compétition».
Les observateurs s’inquiètent par ailleurs des critères de sélection des athlètes aux compétitions internationales, en l’occurrence les championnats d’Afrique et les Jeux olympiques. Prendra-t-on en compte des minima requis ou recrutera-t-on sur tapis vert ? La question hante les esprits chez les athlètes amateurs. Ceux-ci, statistiques à l’appui, argumentent. «Aux derniers
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championnats du monde, Hebga, venu des Etats-Unis avec une performance de 11’ aux 100 m, a été sélectionné au détriment des locaux, dont les performances sur la même distance étaient plus intéressantes, à savoir 10»60 «.
Le désir proclamé de changer la façon de faire ne rassure pas pour autant. «Pour être à la hauteur des défis du calendrier international, nous devons enchaîner les compétitions chaque semaine. Ce qui est loin d’être le cas. Il nous manquera toujours la compétition dans les jambes avec notre rythme actuel», relèvent les athlètes du terroir. Difficile donc d’espérer une place au soleil. Sauf à monnayer sa sélection auprès de l’encadrement technique. Selon des sources, certains cadres du staff technique sont coutumiers du marchandage des places au sein des équipes nationales d’athlétisme. Idrissa Adam, retenu pour France 2003 (derniers mondiaux d’athlétisme) malgré une blessure à la jambe, n’aurait perçu que 500 000 F Cfa des 2 500 000 F Cfa offerts à chaque athlète camerounais, au titre de prime de participation.
Intrusion de la tutelle
La responsabilité du ministère de la Jeunesse et des sports est bien entendu engagée dans ce chaos. Les cadres de la Direction technique nationale sont nommés par le ministre de tutelle. De ce fait, ils n’ont pas le moindre courage de s’insurger contre les immixtions intempestives de leur ministre employeur. Celui-ci, conscient de cet état de choses, fait la pluie et le beau temps. L’ascension du Mont Cameroun, baptisée «Course de l’espoir», est totalement organisée -depuis deux ans- à partir du cabinet du ministre Bidoung Mpkatt. A la Fca, personne n’ose lever le petit doigt. Pourtant, l’événement (entièrement financé par les fonds publics) figure sur le calendrier des compétitions internationales d’athlétisme, et, reçoit une subvention de la Fédération internationale des associations d’athlétisme (Iaaf). Outre la Course de l’espoir, le ministre de la Jeunesse et des sports s’engage directement (avec les fonds publics) dans l’organisation des événements à caractère provincial. L’ascension du Mont Metchou, à l’Ouest Cameroun, participe de ces entreprises nébuleuses.
Curieusement, le déploiement du Minjes entre en contradiction avec certains actes qu’il pose en défaveur de l’athlétisme. Jusqu’à la mi-mars dernier, la piste en tartan du stade Omnisports de Yaoundé était fermée aux athlètes. Il a fallu négocier longuement pour obtenir l’autorisation ministérielle. A présent, il faut montrer patte blanche (présentation d’un badge) pour accéder à l’infrastructure. Travailler sur l’une des trois pistes (Bafoussam et Garoua sont les deux autres) répondant aux normes Iaaf, en cette année olympique, relève finalement du parcours du combattant.
Autant de difficultés qui en rajoutent à la démotivation des athlètes du Cameroun. Comment préparer sereinement les échéances à venir sans le moindre soutien ? Les podiums des différentes compétitions nationales ne sont pas primés. Les bourses de la Confejes (60 000 F Cfa/trimestre/athlète retenu) ne sont plus reversées depuis 2001. Les clubs n’offrent plus les facilités d’antan. «Sonel Athletic Club par exemple, à cause de l’amateurisme organisationnel de la Fca, se désengage progressivement. Les primes d’entraînement ne sont plus payées aux athlètes du club. Lors du dernier meeting interclubs, le club n’a pas payé le transport à ses athlètes de Douala. Du jamais vu», relève un athlète dépité.
La diaspora n’est pas mieux traitée. Les bourses gouvernementales aux athlètes méritants ont fait long feu. C’est la débrouille pour la préparation des Jeux olympiques et des championnats d’Afrique. Chacun paie de sa poche la participation à des compétitions d’envergure mondiale ; où l’image et le nom du pays sont pourtant engagés. Le dernier exemple en date : les championnats du monde d’athlétisme en salle, à Budapest. Outrée par cet abandon, la diaspora fait la moue. Et déjà des changements de nationalité ou des retraites sportives prématurés sont
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