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J.O. 2004 : Le Cameroun toujours sans médaille . (20.08.2004)
Bertille M. Bikoun
Entre le désordre et l`incertitude, les athlètes se débrouillent comme ils peuvent.
Sept jours après l`ouverture officielle des Jeux olympiques (vendredi 13 août 2004) à Athènes (Grèce), l`on ne peut pas dire que les choses se passent bien pour la Cameroon Olympic team. Constituée au départ de dix neuf membres, seuls les athlètes, huit, restent encore en compétition. Très tôt hier matin, le nageur solitaire de l`équipe camerounaise des J.O n`a pas pu se qualifier pour les demi-finales. Aligné dans la troisième série du 50 m nage libre hommes, Shade Sule Cole a terminé deuxième avec 26``16, derrière le Mauricien Chris Jean Hackel (25.33). Un rang honorifique, puisque la performance est médiocre. Seuls les seize meilleurs chrono étaient retenus pour les deux demi-finales de jeudi après-midi.
Le Camerounais peut au moins se consoler de n`être pas le piètre nageur de ces séries. Puisque parmi les éliminés, on retrouve le double champion olympique du 100 m nage libre, l`Hollandais Pieter van den Hoogenband. Bien que ce dernier ait avoué qu`après sa victoire sur 100 m la veille, il a "oublié de se concentrer" sur les séries du 50 m nage libre de hier matin. Éliminé, tout comme le " Tsar " Alexander Popov, l`enfant d`Eindhoven surnommé "VDH" avouait s`en " moquer complètement.
" L`on n`en dira pas autant de Shade Sule Cole, même s`il s`attendait plus ou moins à une sortie semblable. Le nageur nous confiait avant son départ pour Athènes (Mutations n°1214 du vendredi 13 août 2004) ne pas s`attendre à grand chose à ces J.O. Les chances de médaille, affirmait-il, sont "Très, très faibles. Je suis engagé dans la compétition la plus prestigieuse et la plus difficile : le 50 mètres nage libre messieurs. Compte tenu des difficultés de préparation que j`ai vécues, il faudrait un miracle pour que j`accède à un podium". Le nageur camerounais a subi le même sort que ses compatriotes boxeurs et judokas dont le dernier encore en compétition, Franck Martial Ewane Moussima (+100 kg), a quitté l`Olympic Hall d`Athènes hier en mi-journée. Le jeune garçon a été maintenu au sol au 3ème tour par un Israélien. Le judoka, repêché, disputait là la finale de bronze. Pour une première compétition internationale, Franck M. Ewane a fait preuve de beaucoup de courage. Il en aura été de même pour son aîné Bernard S. Mvondo Etoga, chez les -73 kg.
Courage
Le fils du Dtn de judo est l`unique judoka camerounais à avoir atteint l`étape des 1/8èmes de finale. Cela, après un superbe match de 1/16èmes de finale au cours duquel il a fait montre d`une vitesse d`exécution dans les gestes et d`une bonne technique qui lui ont permis de battre à plate couture un adversaire Ouzbèk. Sa combativité et son courage au cours de cette rencontre ont valu à Bernard Mvondo, auteur d`un beau geste technique, la sollicitude des médias internationaux : image du jour (du dimanche 15 août 2004). Malheureusement, il n`a pu rééditer le même exploit mercredi passé. Le Mongole Damdin Suldbayar a eu raison du Camerounais, après lui avoir administré un koka assassin. A la grande déception de Christain Ewané Sambo, l`entraîneur national, déjà éprouvé par la piètre prestation de Jean-Claude Cameroun chez les -60 kg. Le vétéran avait été éliminé d`entrée de jeu de la compétition par le valeureux Iranien Masoud Haji Akhound Zade, auteur de trois koka lors du combat face au Camerounais. Sans que celui-ci puisse réagir. Il en sera de même pour Rostand Melaping, aplati mercredi dernier au sol par un yuko de l`Egyptien Hesham Mesbah, en 16èmes de finale de la catégorie des -90 kg.
Ce même jour, le Cameroun enregistrait également la sortie du boxeur Armand Meching Takam (+ 91 kg), écarté de la compétition par un autre Egyptien. A l`inverse de ses co-équipiers qui se sont arrêtés pour la plupart en 32èmes de finale, le pugiliste est tout de même parvenu en 1/8èmes de finale, où il a perdu aux points face à Mohamed Reda : 32-19. Le Camerounais aurait d`ailleurs bien pu franchir cette étape s`il n`avait pas entamé son combat avec la peur dans la ventre. Ce n`est qu`au dernier round que Meching Takam s`est réveillé, alors que son adversaire avait déjà engrangé le maximum de points
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lui permettant de remporter en tout aise son combat.
Grosso modo, il faut dire que les poulains des entraîneurs nationaux Pierre Matongo et Justin Tchwem ont vu rouge au Boxing Hall d`Athènes. Le mi-lourd Pierre Celestin Yana et le poids moyen Hassan Ndam Njikam ont, les premiers, donné le ton. Ils sont sortis dès l`entame de la compétition. Le premier a été battu en 32èmes de finale par le Chinois Lei Yu Ping (24-16). Tout comme son compatriote Ndam Njikam, sorti au même niveau de la compétition dans la catégorie des + 75 kg, par le boxeur de la République Dominicaine, Juan Jose Ubaldo Cabrera. Le lendemain, dimanche 15, les officiels ne donneront même pas l`occasion à Willy Tankeu de tenter sa chance chez les +69 kg. Ces derniers auraient constaté que le poids du pugiliste ne correspondait pas à la catégorie dans laquelle le Camerounais s`était fait inscrire. Son adversaire des 32èmes de finale, le Kazak Bakhtiyar Artayev, l`emportait alors par K.O.
Désordre
S`il y a des disciplines sur lesquelles les Camerounais fondent de réelles chances de médailles, c`est bien en athlétisme et en haltérophilie. Car pour ce qui est de cette dernière discipline, le capitaine de l`équipe olympique, Venceslas Tchientcheu Dabaya le promettait encore avant son entrée en compétition : "...nous ne quitterons pas les J.O sans une médaille". Mais le porte-étendard n`a pu tenir sa promesse. Il s`est classé 5ème au concours général. Son total olympique (arraché et épaulé-jété cumulé) se chiffrait à 327.5. Un chiffre bien en deçà de celui réalisé par le Chinois Guozeheng Zhang (347.5), vainqueur dans cette catégorie des -69 kg. Succès également de sa compatriote Liu Chunhong devenue, hier à Athènes, championne dans la même catégorie. Elle s`est imposée avec un total de 272 kilos, devançant la Hongroise Eszter Krutzler et la Russe Zarema Kasaeva. Mais surtout, la Camerounaise Madeleine Yamechi, 7ème au général avec un total de 235 points.
Au-delà de ces échecs successifs, il faut surtout voir le contexte dans lequel ils surviennent. Les Camerounais ont raté les J.O d`Athènes depuis les préparatifs. Même si les administratifs ne veulent pas le reconnaître. Eux qui sont restés sourds face aux nombreuses réclamations des athlètes. Des réclamations qui ne sont estompées que le temps de la cérémonie d`ouverture officielle des J.O. Puisqu`à la veille de leur entrée en scène, les athlètes sont revenus à la charge, cette fois en faisant bloc, pour réclamer le remboursement des frais liés à leur préparation qu`ils ont supporté, tout seul. La réunion de crise tenue mercredi dernier, n`a, selon l`envoyé spécial de la Crtv-radio, rien donné. Tout au contraire, elle a attisé la colère des athlètes, qui se sont dit " prêts à compétir pour un rien, au lieu de recevoir la modique prime de participation de 500 000 F Cfa proposée par le Minjes ". Au lieu de calmer les protestataires, les responsables du Minjes se sont plutôt proposés de les sanctionner, c`est-à-dire leur retirer leurs badges d`athlète. Plus conciliant, le président du Comité national olympique, Hamad Kalkaba Malboum, a dû intervenir en prônant la " tolérance " de part et d`autre.
Mais il ne fait aucun doute que cet incident, probablement pas le dernier, va marquer un tournant décisif dans la vie sportive camerounaise. Vanceslas Dabaya n`a pas manqué d`attribuer son échec à la tension qui règne dans la Cameroon olympic team depuis le début des J.O 2004. Si l`on se fie à ses propos à l`issue de sa compétition ("Je quitte mon pays les larmes aux yeux"), Athènes 2004 serait la dernière compétition de l`haltérophile sous les couleurs nationales. Une conséquence du laisser-pour-compte des sportifs, qui pourrait être à l`origine de nombreux autres départs, tant aussi bien en haltérophilie qu`en athlétisme... Et c`est peu motivés que les athlètes s`aligneront sur les starting-block à partir de ce matin. Après toutes les pressions dont elle fait l`objet ces dernières années, la vice-championne du monde du triple saut, Françoise Mbango Etoné, n`aura certainement pas eu tort de rester loin de ce désordre camerounais. Elle qui, au moment où nous mettions sous presse, était toujours attendu dans la capitale grecque.
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