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Samuel Eto’o : Un trésor utilisé au rabais (06.04.2009)
Les Lions indomptables continueront de perdre si le pichichi n’est pas utilisé au mieux de ses potentialités.
Chaque équipe dans ce monde a ses hommes clés et son homme clé en chef". A partir de lui s’articule le dispositif adopté par l’entraîneur et surtout l’animation du jeu. Le technicien de service doit s’assurer que tout est en place, que tout concoure à tirer le plus possible, profit des qualités de ce joueur sans pour autant négliger les autres.
Eto’o dans le Barça
Dans le Fc Barcelone, Samuel Eto’o évolue en attaque, sans côté précis. Que ce soit au temps de l’entraîneur Franck Richkard ou aujourd’hui avec Pep Guardiola, le mouvement et la permutation sont les maîtres mots dans la ligne d’attaque du Fc Barcelone. Dans cette configuration, Samuel Eto’o se trouve être le meilleur attaquant du monde. Sur les statistiques, avec observations à l’appui, aucun attaquant de haut niveau dans tous les grands championnats et coupes les plus médiatisés de la planète terre ne réalise ce que fait Eto’o.
Au cours de cette saison 2008-2009 en cours, le 21 février 2009, le Barça joue et perd 1 but à 2 face à l’Espaynol de Barcelone. Eto’o réalise en 65 minutes de présence sur le terrain : 23 courses d’appels et contre appel, 21 courses de pressing et 3 tirs au but. Face à l’Athlético Bilbao, Eto’o lève encore plus le niveau avec : 42 courses offensives d’appels et contre appels, 28 courses défensives de pressing. Ce qui donne 70 courses en puissance en 90 minutes
Samuel Eto’o refait pendant un autre match de championnat, en 90 minutes : 38 courses offensives et 10 courses de pressing. Dans le dernier match du championnat d’Espagne observé, Eto’o est entré à 24 minutes de la fin et a réussi à réaliser:17 courses offensives d’appel et contre appel, 13 courses de pressing.
Par ses courses offensives, Samuel Eto`o est le joueur qui permet au partenaire de bien jouer. Il est toujours en mouvement, offrant toutes les 45 secondes du match l’appui et le soutien voulu par ses partenaires. Par ses courses défensives, le Camerounais est un véritable cauchemar pour les défenseurs qui, après avoir défendu, continuent d’avoir la pression au moment de la relance, car Eto’o ne leur donne pas une seconde de répit. A plusieurs reprises, Samuel a démontré sa puissance en réalisant, en alternance directe, une course d’appel sur 15-20m et une course de pressing sur 10m. En plus de toute cette activité, Samuel marque des buts, et est d’ailleurs, en ce moment en tête des buteurs de la liga espagnole et de tous les championnats d’Europe sur le plan comptable.
Nous pouvons conclure sans chauvinisme que c’est le Camerounais qui fait gagner le Fc Barcelone depuis 3 ans. Comment un tel joueur, aux statistiques impressionnantes, arrive à se noyer dans la médiocrité de l’équipe du Cameroun ?
Samuel Eto’o a réalisé contre le Togo 4 courses d’appel sans, aucune fois, le contre appel, et 2 courses de pressing en 94 minutes. Si nous comparons avec ses statistiques au Fc Barcelone, Eto’o a joué environ à 4% de ses possibilités de rendement réel. Comment un Cameroun au grand complet, nous dit-on, peut-il peiner face au Togo, amputé de trois cadres et
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alignant un 11 entrant constitué de 6 joueurs amateurs sortant d’une année blanche dans leur championnat national ? A mon avis, voici les réponses :
(1) l’entraîneur utilise à contre nature Samuel Eto’o, ou alors il n’a pas le charisme pour diriger Samuel Eto’o et les autres cadres. Peut-être que ces derniers lui imposent une manière de fonctionner. S’il m’était donné de les coacher, nous ferions un contrat de performance : soit, il reproduit au moins les 80% de ce qu’il réalise au Barça, soit il reste sur la touche. Cela veut dire qu’il lève le pied quand il joue avec les Lions Indomptables.
(2) Mauvaise association dans la ligne d’attaque.
Efoulou – Eto’o – Songo ou Efoulou – Eto’o – Chedjou. Ces joueurs comme Messi et Henri peuvent valablement permettre à Samuel de refaire ses performances du Barça. Ils sont jeunes, rapides et ont beaucoup d’allant et de talents.
(3) L’absence d’un metteur en scène au choix judicieux et au management charismatique.
En dehors de cette sous-utilisation de Samuel Eto’o, il va sans dire que seuls les joueurs camerounais les plus performants doivent être conviés à prendre part aux matches.
Certes, le Cameroun est vice champion d’Afrique, mais nous dénoncions déjà en son temps l’absence de qualité de jeu lors de la Can 2008. Il est nécessaire d’opérer un changement dans les Lions. D’ abord celui du coach. Il me semble difficile pour Otto, l’Allemand, de changer de cap. Il s’est suffisamment copiné avec les cadres pour se métamorphoser et prendre à nouveau la baguette du metteur en scène en chef qu’il doit être. Il faut un homme capable de s’imposer à la "Aimé Jacquet", le technicien français. N’avait-il pas, pour gagner la coupe du monde 1998 avec la France, laissé sur la touche les deux meilleurs joueurs français de l’époque, en l’occurrence David Ginola et Eric Cantona ?
Face au Togo, nous avons été bouffés avec des joueurs arrêtés, avec un jeu stéréotypé dont l’axe exclusif est, Kameni ou Song puis Njitap, ensuite vient le centre. On passe parfois par Makoun pour toujours revenir sur Njitap et pour encore assister à des centres mal ajustés. L’alternance côté gauche - côté droit n’existe presque pas chez les lions. C’est par là qu’on comprend la main mise psychologique des Eto’o, Song et Njitap ; car l’animation du jeu est basée sur eux et sur personne d’autre. Coup-franc des 20-30m, corner, c’est pour eux. Bref, il faut une véritable et nouvelle philosophie de jeu aux Lions qui nous rappelleraient l’époque de Pierre Lechantre.
Quels que soient les nouveaux techniciens qui seront choisis, camerounais ou étrangers, il va falloir qu’ils deviennent des vrais entraîneurs, qui opèrent des choix et que certains joueurs ne se substituent plus aux entraîneurs en restant uniquement des acteurs (joueurs) du terrain. Pour terminer, la sélection des joueurs professionnels ou amateurs doit dorénavant être conditionnée par la participation effective à un nombre de matches bien précis en club dans le mois qui précède le match des Lions indomptables.
Par Jules Abah Onana
Educateur et Entraîneur de football, coordonnateur général de la cellule d’observation des matches
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