|
|
|
|
Françoise Mbango rompt le silence (28.09.2006)
Françoise Mbango, ça fait de longs mois qu’on n’a pas entendu parler de vous. Et à votre sujet, l’opinion s’est posée de nombreuses questions. Alors où étiez-vous passée ?
Ca fait de longs mois comme vous dites que je me suis installée aux Etats-Unis. J’attendais un enfant et c’est la raison pour laquelle les Camerounais ne m’ont pas revue sur les pistes pendant un certain temps. Depuis quelques mois, je suis maman d’un petit garçon. Je me porte bien et mon fils également. Je me réjouis du reste de l’occasion que vous m’offrez pour donner de mes nouvelles à mes fans. J’aimerais sincèrement partager ma joie avec les Camerounais. Je voudrais également les rassurer qu’ils me verront à nouveau sur les pistes très bientôt.
Cela signifie que vous n’avez pas mis un terme à votre carrière?
Après ma maternité, je vais reprendre la compétition. J’ai encore besoin d’un petit temps de repos. Mais, je reprends les entraînements progressivement. J’aimerais dire clairement que ma carrière n’est pas terminée, très loin de là.
Au sujet de votre carrière et de votre absence, il s’est dit beaucoup de choses. Les plus hardis des observateurs ont soutenu que c’était le chant du cygne pour vous. Est-ce bien le cas ?
Pas du tout. J’ai décidé de prendre un moment de répit. Mon corps avait besoin de repos. Et parlant de repos, celui-ci se devait même d’être physique et psychologique. Par ailleurs, en tant que femme, je ressentais le besoin de maternité et compte tenu de la carrière de sportive que j’ai connue jusqu’ici et celle à laquelle j’aspire encore ; compte tenu de mon âge aussi, je pense que c’était le moment de m’arrêter et de faire ce bébé. Du reste, ce qui s’est passé n’était pas du tout hasardeux. Tout a été planifié. Je pense bien avoir dit, par le passé, qu’après les Jeux olympiques de 2004, je souhaitais bien être maman. Je pense l’avoir fait au bon moment, une année où il n’y avait pas de compétitions majeures, c’est-à-dire pas de championnats du monde et pas de Jeux olympiques. Certes, il y avait les meetings internationaux, mais rien de vraiment indispensable. J’ai donc décidé de prendre une pause. En outre, je venais d’offrir au Cameroun, la plus belle des médailles possibles qu’un athlète puisse donner à son pays, à savoir : la médaille d’or olympique. Je ne pense pas qu’on puisse faire mieux. J’ai donc pris sur moi de souffler et de repartir sur de nouvelles bases.
On peut comprendre votre besoin de prendre du recul par rapport à la haute compétition. Mais le public camerounais n’a pas été préparé à vous voir suivre une telle trajectoire. Vous auriez pu vous expliquer non ?
Quelque part, je pense que j’ai préparé le public camerounais. Et je vais vous expliquer comment. J’ai gagné les Jeux olympiques en 2004. Avant cela, j’avais déjà mon projet de maternité. Seulement par la suite, j’ai reçu les encouragements et la reconnaissance des Camerounais. Dès lors, je ne voulais pas donner tort à tous ceux-là d’avoir exprimé autant de sympathie et d’admiration à mon égard. Je ne me suis donc pas arrêtée immédiatement. J’aurais en effet pu faire mon enfant en 2005. J’ai été reçue et décorée par le chef de l’Etat en personne, j’ai été récompensée par un certain nombre de sociétés.
En l’occurrence la CAMSHIP qui a décidé de m’accompagner jusqu’aux Jeux olympiques de Pékin en 2008, j’ai reçu une bourse de la SONEL pour m’accompagner jusqu’aux Etats-Unis, j’ai également reçu un soutien plus anonyme et tout aussi fervent de l’ensemble du peuple camerounais. Pour toutes ces raisons, j’ai donc décidé de ne pas m’arrêter tout de suite. Il ne fallait pas laisser tout ce beau monde sur sa faim. Il ne fallait surtout pas donner tort au chef de l’Etat qui m’a citée en exemple pour la jeunesse.
Ce n’était donc pas intelligent de ma part d’arrêter juste après les Jeux olympiques. J’ai dû me faire violence entre guillemets pour continuer. Je comptais bien aller jusqu’au bout de l’année 2005. Malheureusement, à l’impossible nul n’est tenu. J’avais un problème crucial qui était l’état de santé préoccupant de ma mère. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas pris part aux championnats du monde de Helsinki en 2005. Du reste, pour cette compétition, je n’ai pas annoncé ma participation. C’est donc progressivement que je me suis retirée, en évitant de gâcher le plaisir de ceux qui ont pleinement apprécié ma victoire en 2004. Voilà, comment se sont déroulées les choses. Et j’ai pris le temps de me refaire pour revenir pour une nouvelle carrière.
Pourquoi n’avez-vous
|
pas rompu le silence plus tôt ?
C’est vrai que je suis restée assez silencieuse, mais c’est un choix réfléchi. Je voulais vivre mes instants de repos sereinement dans l’intimité de ma petite famille. Aujourd’hui, je reviens vers mon public, vers mes fans avec la même détermination qui m’a toujours caractérisée. Mais, je reviens surtout avec une pointe de maturité que la mère que je suis devenue peut avoir. Je suis également riche d’un large sourire et de l’envie de le donner aux autres. Je voudrais plus que jamais continuer à entretenir des éléments positifs autour de moi et me tenir loin du négatif, parce que ça ne construit pas. Il faut également oublier ce qui doit être oublié et garder ce qui peut être constructif.
Toujours est-il que le public camerounais attendait Françoise Mbango à Helsinki pour finir par apprendre que vous n’y alliez pas…
Franchement, si je ne me suis pas étendue sur cet épisode, c’est simplement parce que je pense vous avoir dit, à cette époque, que c’était pour des raisons personnelles que je ne me suis pas rendue à Helsinki. Si j’avais pu, je me serais expliqué sur mon désistement. Mais dans la vie, on ne peut pas toujours expliquer tout ce qui se passe. Il faut savoir se préserver et préserver les autres et surtout préserver ce pourquoi on se bat. Je crois que mon public peut le comprendre. Peut-être que je n’ai pas su gérer cette situation. Je suis toute seule dans ce que je fais. Je n’ai pas un staff autour de moi Et j’essaye juste de donner le meilleur de moi dans mon activité. Les championnats du monde sont passés. Aujourd’hui, il faut regarder vers l’avenir et j’aimerais dire aux Camerounais, que je suis toujours moi-même, une Camerounaise et que j’espère toujours leur procurer des instants de joie comme ceux que nous avons déjà partagés ensemble par le passé. Je suis d’ailleurs convaincue que les Camerounais ont beaucoup d’estime pour moi.
Aujourd’hui quel état d’esprit affiche Françoise Mbango ?
Je vous ai dit que ma maternité m’a apporté un plus. J’aborde les situations de la vie avec beaucoup plus de philosophie. Je fais avec ce qui est constructif et positif. Tout ce qui est négatif, je ne m’attarde pas dessus et je l’ignore à la limite. Aujourd’hui, je suis entourée de ma famille qui me soutient sur le plan affectif et je bénéficie d’autres soutiens comme celui de la CAMSHIP. J’apprécie ce soutien comme tous ceux dont j’ai souvent bénéficié. Et pour tout cela, je reste très optimiste pour l’avenir.
A quoi pensiez-vous pendant votre période " repos " ?
Pendant ma période de répit, j’ai tourné la page de Françoise Mbango la sportive. J’ai donc fais l’impasse sur tout ce qui pouvait se dire à mon sujet. Je ne vivais que pour ma maternité. Toutes mes prières et toute mon énergie allaient vers mon fils pour que tout se passe bien et qu’il se porte bien. Pour rien au monde, je ne me suis laissée divertir par des éléments extérieurs. Aujourd’hui, je suis une maman heureuse et épanouie et j’aimerais partager mon bonheur avec mon public.
Et le quotidien de Françoise Mbango aujourd’hui quel est-il ?
Pour le moment, je suis aux Etats-Unis à l’Université Saint John. Je me perfectionne en anglais. J’ai une bourse de deux ans. J’ai passé avec succès un premier examen. Il me reste une année de bourse et je vais passer un autre examen. Je réside à New York. J’ai repris progressivement l’entraînement et je m’occupe de mon fils.
A l’intention des Camerounais avez-vous un message particulier ?
Je n’ai pas quitté les pistes. J’ai fait un break. Et je vais revenir avec la ferme détermination d’aller au-delà de ce que j’ai fait jusqu’ici pour mon pays. Cela va nécessiter beaucoup de travail, j’en suis consciente. Mais, je suis disposée à consentir tous les sacrifices nécessaires pour redonner le sourire aux Camerounais. En 2007 et 2008, il y a respectivement, les championnats du monde et les Jeux olympiques, ce sont là mes deux principaux objectifs. Mais voyez-vous, l’homme propose et Dieu dispose. Je sors d’une situation particulière, d’un accouchement en l’occurrence. Je vais donc m’accorder le temps de préparation nécessaire pour revenir à la compétition. Et croyez-moi, je ne reviens pas pour le plaisir de revenir, ce n’est pas dans mes habitudes. Je compte bien dépasser mes limites et faire mieux que par le passé. Je suis aujourd’hui dans une autre dimension et je vais revenir plus forte pour procurer de la joie aux Camerounais et donner raison au chef de l’Etat qui m’a citée en exemple pour la jeunesse.
|
|
|
|
|
|
|
Hits: 2346 | cameroon-tribune.cm
|  |  | Toutes les ( 0 ) Réactions
|
|
|
Pour réagir, vous devez être connecté. Enregistrez vous et connectez vous.
|
Première page
Toute l' actualité
|
|
|
|
|
| |
|
