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Accueil au pays : La famille Etone en toute simplicité ! (25.08.2004)
Le sacre de la championne olympique du triple saut n’a pas suscité un engouement spécial dans le quartier de sa jeunesse.
Au lieu dit Mini-Ferme à Yaoundé ce lundi 23 août 2004. Il est 22 heures. Malgré la pluie battante, la célèbre place ne trompe pas sa réputation de point chaud de la capitale. Ici, l`effervescence des soirées ordinaires se résume en la consommation de la chair fraîche et des boissons alcoolisées. Les gargotes et les auberges riveraines affichent le plein d’œuf. L’ambiance vespérale dans les maisons situées en contrebas de la route principale semble également être des plus ordinaires. Point de musique ou d’éclats particuliers pour fêter la médaille d’or à Athènes 2004 de la fille du quartier.
Mini-Ferme bouderait-il le sacre olympique de son enfant prodige ? « Que non », rétorque-t-on dans la maison familiale où l’on revisite sur une vidéo placée dans le séjour, à longueur de soirée, l’exploit de la troisième née de maman Etone Hélène. La mère de famille, bien que convalescente, trouve les mots justes pour commenter de bout en bout l’exploit de sa championne de fille. « Avant que Françoise n’entre dans la chambre d’appel, nous nous sommes parlés au téléphone. Je lui ai dit : vas y et ramène - nous l’or, par la puissance de Dieu ». Entre une gorgée du pot offert par un ami à Françoise, la maman continue : « après la victoire de ma fille, j’ai rendu grâce à Dieu. Ma fille m’a ensuite parlée au téléphone. Elle me dédie sa médaille».
En cette heure tardive de la soirée, la salle de séjour des Etone est légèrement à l’étroit. En l’absence du père de famille, parti au village prendre part à des obsèques d’un proche parent, tous les membres de la famille se mettent ensemble pour réserver un accueil chaleureux aux visiteurs. Passée l’euphorie de la victoire, les uns et les autres entretiennent la conversation. Etone Hélène n’hésite pas à ressasser les débuts de sa fille en athlétisme : « ma fille a commencé la pratique du sport en classe de 6è. A l’époque, nous étions installés à Bertoua. Elle faisait un peu de tout : le football, le handball et l’athlétisme. J’étais très réticente au départ, puisqu’elle rentrait souvent fatiguée et n’avait donc pas assez de temps pour étudier ses leçons ou vaquer aux occupations ménagères. Mais Françoise n’est pas du genre à se laisser impressionner facilement. Elle a persévéré jusqu’à notre arrivée à Yaoundé. Malgré la perte des repères due au
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changement de ville, elle s’impose rapidement en gagnant une course dont le point de départ était le rond point Nlongak. Depuis elle est une vraie championne ».
Bien incapable de témoigner du passé de leur illustre aînée, les jeunes frères optent pour un commentaire du concours final du triple-saut dames d’Athènes 2004. Edibe Etone Martial, le cadet d’une famille de dix enfants prend les devants: « j’ai vécu cette finale avec beaucoup d’émotion. Au départ, j’ai eu peur après l’essai non concluant d’entrée de compétition. Heureusement, tout est vite rentré dans l’ordre à partir du deuxième essai ». Etone Etone André, la quinzaine débutante, apprenti athlète dans les sauts, n’en dit pas moins : « en regardant la compétition à la télé, j’ai eu la même impression qu’en regardant le match de football des Lions Indomptables».
Fédération
Malgré la moiteur et la froideur d’une nuit fortement arrosée par une pluie diluvienne, trois responsables de la fédération sont là pour fêter avec la famille. Les avis sur la performance de la plénipotentiaire camerounaise vont bon train. Guy Moukoko, administrateur de la Fécathlétisme et non moins fanatique de Mbango : « Je suis très content. La preuve, je suis là avec la famille de la championne. Sa performance est un réel motif de satisfaction personnelle. Elle est une invite à continuer notre soutien à ce sport que nous aimons tant ». Ange Sama, président de la ligue provinciale du Centre et organisateur du Yelaim affirme que « la victoire de Françoise est à l’image du sport au Cameroun. Notre pays est en effet un gisement mal exploité de talents sportifs qui finissent malgré tout par émerger. Mbango est un bel exemple d’abnégation et de foi au travail. Elle est un modèle pour la jeunesse camerounaise ». Pour Charles Kuoh Kotte, secrétaire général de la fédération camerounaise d’athlétisme, « la médaille d’or de Mbango est une grande victoire pour le sport camerounais. C’est la consécration logique d’une progression fulgurante. Françoise fera des émules au pays ».
Entre un coup de fil et une interview, la maman de la championne écoute les uns et les autres. Et déjà, la poignée de visiteurs prend congé. Les portes de sa maison ne se referment pas. Les jeunes filles, parties en sourdine, continuent la conversation dehors. Une chose est au moins sûre : la maison va s’endormir comme à l’accoutumée, en attendant le retour triomphal de sa déesse.
Par Thierry VDONG
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