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SUCCESSION D’ECHECS: LE DECLIN DU FOOTBALL CAMEROUNAIS (02.04.2004)
L’élimination de l’équipe nationale des Espoirs pour les jeux olympiques le 28 mars 2004 survient dans un contexte de contre-performances du sport camerounais. Deux mois après la débâcle des Lions Indomptables à la coupe d’Afrique des nations.
Les récents résultats du football camerounais s’apparentent à un produit qui, après avoir atteint la phase de maturité, amorce la phase déclinante. Moins de deux mois après la débâcle des Lions Indomptables à la 24è coupe d’Afrique des nations (Can) en Tunisie, l’équipe nationale olympique du Cameroun, baptisée à juste titre les Espoirs, viennent de tuer le dernier espoir de tout un peuple, en se faisant pitoyablement sortir de la phase éliminatoire des jeux olympiques d’Athènes. Conséquence, le Cameroun champion olympique en titre sera le grand absent lors de cette grande fête sportive mondiale qui aura lieu au mois d’août prochain en Grèce. Battue zéro but contre un par les Aiglons du Mali dimanche dernier à Bamako, la bande à Jean Paul Akono quitte la compétition sur la plante des pieds après avoir miroité l’espoir d’une qualification pendant longtemps.
Les Camerounais devront donc malgré eux, se résoudre à contempler les autres équipes se donner en spectacle, notamment les quatre plénipotentiaires du continent que sont la Tunisie, le Maroc, le Ghana et le Mali qui tenteront, huit ans après le Nigeria à Atlanta et quatre ans après le Cameroun à Sydney, de signer une troisième victoire consécutive africaine pendant les jeux olympiques. Pourtant, tout était bien parti pour que le Cameroun puisse défendre au moins son titre, et permettre non seulement aux Camerounais, mais à des millions d’inconditionnels des Lions de rêver d’une seconde couronne olympique à Athènes. Ç’aurait été sans doute, le meilleur moyen pour les Espoirs, d’effacer la décevante coupe d’Afrique des nations et de confirmer la suprématie du football camerounais. Malheureusement, les intrigues, la préservation des intérêts égoïstes, l’impréparation et le manque de motivation ont eu raison de l’esprit chevaleresque qui ne devrait jamais se départir d’eux.
Raisons et leçons des échecs.
Pour des observateurs, l’élimination du Cameroun devant le Mali est le résultat du désordre qui règne au sein et autour de l’équipe. En deux ans, pas moins de trois techniciens se sont succédés au banc de l’encadrement technique. Comme c’est la pratique chez nous, chacun des techniciens venait avec ses hommes. Les joueurs dont la sélection en équipe nationale ne reposait pas forcément sur les qualités compétitives, mais était davantage, le résultat d’une cooptation qui obéit aux critères subjectifs et qui participe à sauvegarder des intérêts égoïstes. Régulièrement, on a fait le reproche à l’encadrement technique de sélectionner les joueurs n’ayant aucune compétitivité, souvent des Camerounais en villégiature en Europe évoluant dans des “ clubs ” amateurs, parfois même pas l’équivalent des tournois inter quartiers, inter-villages ou des championnats de vacances bien connus des populations. Pourtant, ce ne sont pas les talents qui manquent pour faire des Espoirs, une bonne équipe.
La double élimination des Lions Indomptables du Cameroun à la coupe d’Afrique des nations en janvier et février 2004 et de l’équipe nationale Espoirs dimanche dernier en éliminatoire des jeux olympiques d’Athènes, remet sur la sellette, le problème de l’organisation de l’ensemble du football camerounais. Comme les seniors ont fait les frais de l’inorganisation en Tunisie, la sélection olympique vient d’en subir autant. Pour un football conquérant, plaisant et craint, il y a un certain nombre de mesures qu’on devrait prendre.
Sur le plan local, il est temps pour que le ministère de la Jeunesse et des sports et la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) mettent un point d’honneur sur la formation. Il est inadmissible pour le premier pays africain dans le classement Fifa, (la Fédération
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internationale de football association), et treizième pays du monde de ne pouvoir compter que sur les joueurs “ professionnels ”. Si on peut comprendre que l’ossature de l’équipe nationale senior soit bâtie sur des joueurs professionnels ayant un minimum d’expériences de qualités compétitives, c’est quasiment absurde que la même tendance soit observée dans les autres sélections. Car dans la pratique, que ce soit l’équipe nationale A’ – une création de l’actuel ministre de la Jeunesse et des sports Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt pour faire comme les autres -, l’équipe nationale Espoirs encore appelée sélection olympique, l’équipe nationale junior, l’équipe nationale des cadets encore appelée les “ moins de 17 ans ” et l’équipe nationale minime, leur ossature ne repose que sur les joueurs évoluant à l’extérieur pompeusement appelés professionnels.
L’urgence de la réforme. Dans ces conditions, à quoi sert la présence d’un Robert Corfou au Cameroun dont le rôle est justement de détecter les jeunes talents ? En trois ans de présence au Cameroun, le directeur technique national peut-il nous donner le nombre de jeunes joueurs qu’il a détecté et formé ? Comment se fait-il que pour une moindre compétition dont celle des jeunes, on soit chaque fois en train de mettre (inutilement) des gens en mission en Occident pour “ négocier la libération des professionnels ” ? Si l’on s’en tient à leur comportement, il apparaît clairement que les autorités en charge du sport et du football camerounais en particulier ont d’autres objectifs. S’enrichir. Visiblement, ces charognards plutôt idiots qu’ils ne pensent, oublient-ils que sans une organisation sérieuse du football, ils s’octroieront moins de frais de missions prodigieuses et parcourir le globe pour assister aux compétitions des équipes nationales ? Il ne faut pas être devin pour comprendre que la situation actuelle du football camerounais a un seul remède : la réforme.
Dans un environnement où le sport camerounais est dominé par l’hypocrisie et la recherche effrénée du gain de ses responsables, très peu de gens sont prêts à sacrifier leurs postes pour l’intérêt du football. Quand on sait que pour le ministre de la Jeunesse et des sports, ce qui compte, c’est de conserver son poste ou pour Iya Mohamed et ses courtisans, conserver à tout prix le contrôle de la Fédération, qui peut accepter de secouer le cocotier et de favoriser la renaissance du football camerounais ? C’est pourquoi, avec peut-être une dose de cynisme pour certains, nous pensons que ces échecs ont aussi des aspects positifs. C’est le moment idoine non seulement de répertorier tous les manquements observés jusque-là, mais davantage d’apporter des réponses aux interrogations, un examen sans complaisance de la situation qui permettra au football de redécoller et d’aller à la conquête d’autres victoires.
La réforme est d’autant plus urgente qu’il est vrai que les éliminatoires pour la coupe d’Afrique des nations et de la coupe du monde 2006 pointent déjà à l’horizon.
Sinon, après la traversée du désert des clubs camerounais dont la dernière victoire en compétitions africaines de clubs remonte à 1981, on risque d’assister à la descente aux enfers des sélections nationales. Tant pis pour le dernier symbole d’unité et de fierté des Camerounais. Tant pis pour ce meilleur ambassadeur du Cameroun à l’étranger comme l’affirmait le chef de l’Etat Paul Biya le 10 février 2004 dans son adresse à la jeunesse camerounaise. Tant pis pour des récupérateurs de victoires et de ceux qui ont fait du football, leur fond de commerce, et tant mieux pour le trésor public qui pourrait affecter l’argent pour payer des pléthoriques missions à d’autres secteurs de la vie publique. Bien que regrettant les sensations et le bonheur que procurent ces équipes, peut-être qu’avec le déclin du football, les Camerounais ne se consacreront-ils pas plus à résoudre les problèmes de leur pays ?
MBOG PIBASSO
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