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Médaille d`or de Françoise Mbango : Un parcours parsemé d`embûches (25.08.2004)
La triple - sauteuse championne olympique revient de loin. Sujette à des attaques plus ou moins voilées, elle surmonte contre vents et marées les diverses intrigues pour se hisser sur l`olympe.
Françoise Mbango, tout de bleu vêtue, sur la plus haute marche du podium, à l’occasion de la cérémonie protocolaire de remise des médailles de l`épreuve du triple saut dames. La Camerounaise, apparemment marquée par l’épreuve (au propre comme au figuré), tournait certainement à son corps défendant le dernier acte d’une pièce assimilable à la passion du Christ.
La glorieuse consécration de la triple - sauteuse camerounaise à Athènes 2004 marque en effet la fin d’un chemin de croix qui a connu trois stations. Il y a en premier, les manœuvres malveillantes et récurrentes de la concurrence. Celle-ci a parfois été emmenée par des décideurs sportifs insoupçonnés. Il y a deux ans, par exemple, la Fédération française d’athlétisme limitait à la portion congrue et sans raison évidente, certaines facilités octroyées à la Camerounaise dans le cadre des accords de coopération. La triple - sauteuse camerounaise se retrouve ainsi sans entraîneur et parfois interdite d’entraînement sur les stades de l’Hexagone.
La Camerounaise trouve une explication à cette discorde : son refus de changer de nationalité. Les dénégations de la France se font entendre. « Elle a posé des conditions inacceptables et nous n’avons pas voulu marcher. Surtout que nous voulons inculquer un esprit à l’équipe de France qui n’est pas qu’une constellation de stars », répond-on dans les milieux de l’athlétisme français. La réalité du terrain laisse pourtant sceptique. Françoise Mbango rase les murs des stades d’entraînement en France, où elle est presque persona non grata.
Le chemin de croix de Françoise Mbango reste également marqué par les turpitudes de la Confédération africaine d’athlétisme (Caa). En Tunisie, aux cours des championnats africains d’athlétisme, édition 2002, la Camerounaise explose son record personnel et celui du continent grâce à un bond de 15 m 02. Les officiels valident l’essai concluant de l’athlète. Mais, la performance n’est pas homologuée, plusieurs mois après. Argument invoqué : la vitesse très favorable du vent. L’athlète s’en émeut. « J’ai bien consulté le tableau électronique après mon saut. Tout était normal ». A la Caa, on affirme le contraire. La
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Camerounaise crie à l’injustice. Depuis, le conflit a fait le lit d’une relation tendue et suspicieuse entre les deux parties. Le refus de participer aux championnats d’athlétisme, édition 2004, à Brazzaville, en dit long sur la nature des relations entre Mbango et la Caa.
Mbango contre les siens
La Fédération camerounaise d’athlétisme a toujours affiché un silence éloquent face aux déboires de Françoise Mbango. Point de prises de position ; ni de soutien officiel. Il n’en saurait être autrement pour une fédération faire-valoir. En effet, la Fédération camerounaise d’athlétisme présente l`image d`un gadget sans réel impact dans la promotion de la discipline au Cameroun. Les conditions difficiles d’encadrement des athlètes (autant du terroir que de la diaspora) sont le modus vivendi. Tenez ! Pour Athènes 2004, les plénipotentiaires camerounais manquent d’équipements sportifs. Le sursaut d’orgueil de Roger Albert Milla aura certes permis de sauver les meubles. Mais, les couleurs arborées par Françoise Mbango sont loin de symboliser la bannière tricolore nationale.
Bien plus, la motivation proposée aux athlètes, au titre de leur prime de participation, est des plus dérisoires. «500 000 FCFA ne représentent rien du tout. Nous préférons ne rien percevoir et compétir pour l’honneur». Le comble des injustices : le parasitisme criard des autorités – fédérale et publique – qui sautent sur la moindre occasion pour se faire les poches sur le dos des athlètes. Parfois, à l’insu des plus hautes autorités du pays. D’où les coups de gueule, désormais coutumiers de la vedette mondiale du triple saut dames. Tout en évitant de sombrer dans la dénonciation abjecte, et refusant de remettre son sort aux mains d’une poignée de dirigeants à la moralité et la compétence généralement douteuses, Françoise a toujours puisé dans ses dernières réserves pour dominer la scène. Sa couronne …d’olivier le rappelle à l’envi. « La victoire de Françoise Mbango Etonè est celle d`une Camerounaise, pas du Cameroun » conclurait un Gérard Dreyfus qui pense que « c`est une belle récompense et un espoir pour toutes celles qui ne comptent que sur elles-mêmes, quelques complicités bienveillantes et leur débrouillardise pour aller toujours plus loin. Plus haut et plus fort. C`est dire si le sacre du 23 août est surtout une victoire personnelle »
Par Thierry NDONG
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