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Roger Milla: «Mon ami Ayissi pense qu’il est né et va mourir entraîneur» (09.11.2009)
Écrit par Lindovi Ndjio
L’ambassadeur itinérant et ancien Lion indomptable de football parle de l’Assemblée générale extraordinaire du Tonnerre kalara club (Tkc) handball dont il vient d’être porté à la tête du conseil d’administration, et du match Maroc-Cameroun (football) du 14 novembre prochain.
Qu’est-ce qui justifie la nouvelle configuration de l’administration du Tkc, avec désormais ce conseil d’administration que vous présidez ?
Je pense qu’il fallait apporter un souffle nouveau à cette équipe. Vous savez que ce club existe depuis plus de quarante ans. C’est le seul club civil des années 70 qui existe encore. Tous les autres, Camship, Cnps, Cami Toyota, …ont disparu. Donc il n’y a que le Tonnerre qui continue son chemin. Il fallait donc apporter un renouveau à ce club. C’est ce que nous avons essayé de faire, moi-même et quelques anciennes joueuses de l’équipe pour trouver des voies et moyens pour chercher à ce que ce club soit un des meilleurs d’Afrique.
Les travaux ont été émaillé par des échauffourées verbales entre vous et votre compagnon de toujours, le coach Ayissi qui devient manager général.
Non, il n’y a pas eu de couacs ; je pense que dans la vie, il faut que chaque personne accepte de comprendre les autres, et surtout de comprendre ce qui rime dans la société. Lorsqu’on comprend cela et qu’on vous donne un poste important à gérer dans l’association, il faut accepter parce que ça fait 35 ans que mon ami Ayissi entraîne cette équipe. Il a tout gagné au Cameroun. En Afrique, avec ce palais des sports, les Camerounais ont besoin de résultats. Sans frustrer qui que ce soit, le message ne passe plus entre lui, des joueuses et d’autres dirigeants. Il fallait donc apporter un changement et c’est ce changement que nous avons demandé que les anciennes joueuses qui sont cadres dans des sociétés au Cameroun et qui sont toujours dans le handball puissent aussi apporter leur expertise à cette équipe pour qu’elle retrouve un autre environnement. Je pense que c’est ce qui a été fait. Mon ami Ayissi pense qu’il est né entraîneur et qu’il va mourir entraîneur. Non ; je pense que même dans le gouvernement du président de la République, quand on change un ministre, il doit comprendre que le changement n’intervient pas parce qu’on ne l’aime pas ou quoi que ce soit. On veut dépasser la limite de ce qui s’est passé avant. C’est ce que le Tonnerre a voulu faire, et je pense qu’il a dû comprendre plus tard que ce changement était nécessaire et qu’en tant que manager général, c’est lui qui va toujours gérer cette équipe.
Est-ce que ce n’est pas une porte de sortie qu’on lui prépare déjà ?
Pas du tout ! Depuis 20 ans que nous dirigeons ce club, je pense que si c’était une porte de sortie, on devait carrément l’évincer du club. Nous avons jugé nécessaire de trouver un encadrement technique beaucoup plus dynamique, plus jeune pour qu’il puisse donner du ton aux filles ; parce qu’il faut le dire, il ne pouvait plus parce qu ces filles lui sont familières. Le travail n’était plus sérieux. Lui-même il le sait. Mais comme il dit qu’il n’a fait qu’entraîner, et il n’y a que ça qu’il peut faire, je ne pense pas que dans la vie, un individu ne sache faire qu’une seule chose. Et puis, manager général ça concerne toujours de l’entraînement ! Il pourra apporter son expertise, son expérience aux entraîneurs qui seront là. Et il peut même former d’autres jeunes joueuses.
La sérénité est-elle revenue entre vous ?
On ne s’est pas encore vu depuis cette soirée, mais je pense qu’il a sûrement compris. Nous allons seulement nous revoir bientôt. Son poste est là et il sait que c’est lui qui doit gérer l’équipe. Personnellement, j’ai voulu qu’il soit toujours à mes côtés pour qu’on ne soit pas sur le terrain mais en dehors, pour gérer cette équipe. Je pense qu’il l’a compris. Lorsque le championnat va démarrer, il verra bien évidemment que c’est lui le patron de cette équipe.
Parlons maintenant des Lions indomptables. Avez-vous l’impression que ce sera facile le 14 pour le Cameroun en totale confiance contre des Marocains dos au mur ?
Il n’y a pas ce genre de situation dans le football. Vous pouvez avoir dix Pélé dans une équipe, onze Roger Milla, ou vingt Maradona, mais une équipe qui n’a aucun nom vient vous damer le pion. Je pense que c’est une rencontre très sérieuse pour nous. C’est le dernier match qualificatif pour la phase finale de la coupe du monde 2010. Quel que soit le Marocain qui sera dans le stade, nous devrions le prendre au sérieux.
Des absences remarquables tels Adji, Chamack ne peuvent-ils pas laisser croire que la victoire
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est à notre portée ?
Nous ne devons pas regarder ces manquements dans l’équipe du Maroc. Chamack n’est pas le seul grand joueur de cette équipe. Aujourd’hui, le Maroc est en difficulté comme nous l’avons été il n’y a pas très longtemps. Nous nous sommes assis pour voir comment redynamiser notre groupe et aujourd’hui nous avons repris tête et il faut qu’on continue ainsi. Qu’on ne pense pas que comme les Chamack ne sont pas là, ça va être facile. Ça va être un match très difficile ; tout simplement parce que les jeunes qui viendront là essaieront de vouloir prouver qu’ils sont aussi capables de faire partie de cette équipe, qu’il n’y a pas que les professionnels qui peuvent jouer dans l’équipe du Maroc. Donc nous devons être très sérieux, réalistes. Nous devons saisir chaque occasion qui se présente pour frapper un grand coup. Aujourd’hui, notre objectif est d’aller dans la continuité de ce que nous avons fait depuis Libreville. Il y a déjà une dynamique. Il y a déjà du sérieux, de la discipline dans cette équipe. C’est ça qui nous a manqué ; parce que quand les joueurs ne peuvent plus se respecter entre eux, quand les joueurs ne peuvent plus respecter les entraîneurs, quand les joueurs ne peuvent plus respecter les dirigeants, ça veut dire qu’il n’y a pas d’équipe, il n’y a pas d’âme, il n’y a pas de famille. Et c’est ça que l’on observait dans l’équipe des Lions indomptables. Depuis qu’il y a eu ce clash au ministère des Sports et où l’entraîneur est parti, vous voyez que même les joueurs ont changé.
A propos, vous-vous vantez aujourd’hui d’avoir été à l’origine de ce clash ?
Je n’ai fait que ce qu’un Camerounais pouvait faire. Tout Camerounais qui aime les Lions indomptables, qui avait marre de cette situation, ne pouvait que réagir de la même façon. Il faut que les Camerounais arrêtent souvent que lorsqu’ils ont envie de dire quelque chose, qu’ils se rétractent dans leurs coquilles. Le peuple est là pour écouter tout le monde. Le Président de la République est là pour écouter tout le monde. Donc quand il y a quelque chose qui ne va pas, que ce soit au football, en éducation, à la santé, il faut qu’on parle. C’est ça qui va déclencher la locomotive. C’est ça qui va faire que les choses aillent mieux. Moi, j’ai fait ce que j’avais à faire en tant que citoyen camerounais, en tant que sportif footballeur, en tant que ancien des Lions. Parce que personnellement, j’en avais marre. Mes coéquipiers anciens Lions n’ont peut-être pas eu le courage de parler en avaient marre. Tout le monde en avait marre. Il fallait trouver une solution. Je pense qu’aujourd’hui, tout le monde est content.
Sans entrer dans les secrets des dieux, peut-on savoir aujourd’hui si Roger Milla a rencontré le chef de l’Etat pour ce dossier qui a beaucoup traîné ?
Je n’en avais pas besoin, puisqu’il y a un ministre qui est là pour ça ! Le chef de l’Etat a nommé un ministre pour gérer ce genre de problème.
Vous êtes d’avis que le ministre Edjoa s’est entêté à maintenir Otto Pfister contre la volonté des Camerounais et certainement même des joueurs !
C’est vrai que le ministre s’est entêté à le maintenir, mais il a finalement compris qu’il était en train de commettre une grave erreur. Et finalement il a pris sa décision. Et c’est cette décision que tous les Camerounais attendaient depuis très longtemps. Je crois que si cette décision avait été prise à temps, on ne devait pas perdre le match contre le Togo, et même celui contre le Maroc ici. Ça nous a causé préjudice. Heureusement que l’ordre s’est rétabli. Je veux surtout revenir en disant qu’il ne faut pas que les Camerounais pensent que lorsqu’ils sont quelque part, cet endroit leur appartient. Sauf si c’est eux-mêmes qui ont bâti cet endroit. Mais si c’est l’Etat, le peuple camerounais qui a bâti, il faut mettre les choses au clair. C’est ce que les Camerounais veulent.
Voyez-vous une intention cachée du Maroc derrière la délocalisation du match à Fès ?
Chaque club a le droit de choisir le stade où il va jouer. C’est comme nous aussi nous pouvons choisir Mbouda. L’équipe nationale a souvent joué à Douala ou à Garoua. Peut-être la population de Casablanca ne veut pas de ce match parce qu’ils sont déçus de leur équipe, pareil pour Rabat. Vous savez, le Maroc est comme le Cameroun. Là-bas, quand vous jouez bien contre leur équipe, ils vous applaudissent. C’est la même chose chez nous. Les Marocains sont de vrais sportifs. En 1981, nous avons joué contre le Maroc à Casa, mais à Kenitra. Ça n nous a pas empêché de gagner 2-0. Donc qu’importe le stade, c’est de respecter la ligne de conduite qui a été mise en place par Paul le Guen et gagner le match
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