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Essepo Etone : L’or est Hélène (13.09.2004)
Cette jeune fille de 23 ans a entraîné sa sœur aînée, Françoise Mbango Etone, pour un podium olympique honorable.
Hélène Essepo Etone. Cette jeune fille passerait quasiment inaperçue dans les rues de Yaoundé et Douala. Même ceux-là qui claironnent allègrement et à longueur de journée le sacre de Françoise Mbango aux derniers J.O ne la reconnaîtraient pas. Ou du moins ce serait une colle que de demander aux Camerounais de coller exactement un nom et une profession à cette fille de 23 ans dont le physique a généreusement conservé ses rondeurs d’adolescente. C’est pourtant elle, jusqu’à une date très récente, grande inconnue du public camerounais, qui a coaché sa sœur aînée, Françoise Mbango, pour les 28èmes olympiades. L’aventure sportive entre les deux sœurs a débuté en décembre 2003, sans une très forte conviction. « Au début, je n’avais pas mesuré l’ampleur de mon travail », révèle Hélène Essepo Etone. L’habitude a forgé l’ambition.
Hélène s’est alors trouvée un credo « faire et bien faire » et un cobaye, Françoise Mbango. Le travail d’Hélène, lors des entraînements de Françoise est relativement simple. « Elle m’a fait venir pour contrôler le niveau de son pied sur la planche ; j’ai commencé à regarder son approche de planche », résume-t-elle sa tâche pendant les entraînements de Mbango. Petit à petit, l’expérience a grandi et « j’ai remarqué qu’elle [Françoise Mbango, ndlr] avait de bons sprints qu’elle n’appliquait pas bien. Car il fallait que les triples bonds soient une continuation de la course d’élan. On a donc travaillé son approche de planche, les foulées et la course d’élan », se souvient Hélène Essepo Etone.
Tatyana Lebedeva a toujours dompté Françoise Mbango. Hélène en est consciente ; elle ne vit pas cependant le succès récurrent de la sauteuse russe devant sa sœur aînée comme un traumatisme. Les prouesses de Tatyana sont plutôt une source d’inspiration, qui, après étude, observation et analyses minutieuses de la cadette de Mbango, vont conditionner les exercices et les techniques appropriées aux séances d’entraînement. « J’ai focalisé mon attention sur
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Lebedeva. Je me demandais pourquoi elle battait toujours Françoise. J’ai donc constaté qu’elle observait souvent une période d’attente au niveau de la planche. » Ce qui la propulsait certainement plus loin sur le sautoir. Le gris-gris est trouvé. Hélène commence alors à travailler la technique de Lebedeva sur Françoise Mbango qui a donc entamé la réalisation des bonds dignes d’espoir de médaille olympique selon la confidence de son entraîneur. La mayonnaise prend et le vœu de départ change d’angle. « Tous ces entraînements avaient pour objectif Athènes ; le rêve a évolué pour un podium, une médaille.» La confidence est d’Hélène Essepo Etone qui a, en huit mois seulement, réussi à hisser Françoise Mbango au panthéon de l’olympisme.
Parcours atypique
Cette jeune fille, âgée aujourd’hui de 23 ans, étudie en France. Quoi exactement ? L’ingénierie en manipulation radio-médicale. Un truc dont la parenté avec le triple saut est très incertaine. Son cursus dans cette discipline olympique est similaire, à quelque exception près, à celui de Wolfgang Amadeus Mozart, ce compositeur autrichien, maître de l’art lyrique, qui a composé d’admirables symphonies sans s’être usé le cul et les méninges dans un conservatoire. Hélène n’a pas été moulée dans un institut ou un centre spécialisé en formation d’entraîneur de haut niveau. « Je vais vous confier quelque chose… » Quoi donc ? « Au début, quand j’ai commencé à entraîner Françoise, je ne savais même pas comment se passe le triple saut ». Hélène a finalement lâché le mot. Elle est autodidacte, elle s’est donnée entièrement pour ne pas se perdre dans les dédales de cette discipline. « Plus je réfléchissais, plus je m’y impliquais. »
Sous sa voix câline, son regard sans autorité, sa coiffure de gamine, sa sobriété vestimentaire, couvent une détermination infaillible. Hélène Essepo Etone a réussi ce que les entraîneurs de haut niveau, aux volumineux et éloquents cursus académiques, à l’expérience et à la notoriété avérées, n’ont pas pu donner à Françoise Mbango. Un podium en or. Aux jeux olympiques en plus.
Par Christian LANG
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