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Etats généraux du sport:En quête d’une nouvelle vie (19.11.2010)
Le forum de trois jours s’est ouvert hier, au Palais des congrès de Yaoundé.
Michel Zoah ne pouvait s’empêcher de revenir sur le passé, afin de ressortir l’urgence de la situation. Dans un ton majestueux, mais empreint de nostalgie, le ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep) a égrené, pour rappeler à la conscience populaire, s’il en était encore besoin, les meilleurs moments de l’histoire du sport camerounais. D’abord au niveau mondial : «la médaille d’or de Joseph Bessala en 1968 à Mexico, la médaille de bronze de Ndongo Ebanga en 1978, la médaille d’or en football à Sydney en 2000, la double médaille d’or au triple saut de Françoise Mbango,… en 2004 et 2008». Au niveau continental, le patron des sports cite «les exploits des clubs camerounais, en football en 1965, 1971, 1975, 1979, 1980 et 1981», années qui ont vu le sacre des clubs du championnat national camerounais sur la scène africaine. Sans oublier les quatre trophées de la coupe d’Afrique des nations de football. Tant d’exemples qui «témoignent de ces moments de fierté, de gloire et de dépassement d’un peuple vers l’éternité qui est son destin».
Et pourtant, au-delà des deux médailles de François Mbango, le Cameroun est de plus en plus malade de son passé glorieux. Lions indomptables, toutes disciplines, toutes versions et toutes catégories confondues, sont de plus en plus devenus domptables. Capables de s’abaisser devant n’importe quel adversaire qui jadis était une proie à ses yeux. Et Michel Zoah dans son discours d’ouverture des états généraux du sport et de l’éducation physique hier au palais des congrès de Yaoundé, a cru devoir présenter la situation réelle de son pays. Même si le patron des sports tente de mettre dans le même panier des méformes, des crises et des accidents que l’on ne peut imputer à la gouvernance humaine, en mélangeant par exemple le décès de Marc Vivien Foé décédé en plein match à Gerland le 23 juin 2003, la défaite à domicile du Cameroun à la finale de la Can 1972, la contreperformance du Cameroun aux coupes du monde de 1994 aux Etats-Unis, 1998 en France, 2002 en Corée et au Japon, et «récemment la pire de toutes, en juin 2010 en Afrique du sud», l’homme ne manque pas de reconnaître implicitement la responsabilité des uns et des autres.
Crises répétitives
«Depuis une dizaine d’années, une récurrence de crises et de dysfonctionnements au sein des structures en charge de l’administration du sport au Cameroun : crises répétitives entre le ministère des sports et les fédérations, notamment la fédération camerounaise de football, crises au sein des fédérations elles-mêmes, crises entre les fédérations et les clubs et les sportifs». Outre «l’absence ou l’insuffisance des enseignements dans les écoles, les lycées, collèges et universités, la frustration des personnels dont les problèmes liés à leur statut juridique sont récurrents et non solutionnés» à cause Et de conclure que «tout cela a entrainé des conséquences néfastes sur le développement des sports au Cameroun».
Alors, il est recherché «la redynamisation du sport et de l’éducation physique au Cameroun», pour reprendre le thème des travaux de Yaoundé. Un thème qui résume bien, selon Michel Zoah, la situation du sport au Cameroun : «il fait allusion, de manière implicite, un passé généreux, il illustre surtout un présent de crise et il projette un avenir d’efforts et d’espoir», a indiqué le ministre des sport. Alors, pour l’organisateur en chef, les assises de Yaoundé «constituent un moment privilégié de mise en question ou en débat du sport camerounais, un lieu de constats suivis de propositions… concrètes assorties d’un plan d’action ou de mise en œuvre pratique et réaliste».
Six
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ateliers meublent le forum, et portent sur l’éducation physique, les disciplines sportives olympiques et paralympiques, les disciplines sportives non olympiques, le football, le financement et le partenariat et la question de la formation en sport et en éducation physique. Et en dehors des présidents des fédérations non admis aux travaux, la réflexion sera menée par des experts issus de divers corps de métiers.
A en croire le Minsep, c’est le 29 août 2010 que le Président de la République a «prescrit au gouvernement l’organisation des Etats généraux du sport et de l’éducation physique». Donnant ainsi sa caution à une initiative que la primature avait déjà voulue pour le troisième trimestre de l’année. Et durant les mois de septembre et d’octobre, les instances départementales et régionales ont initié les réflexions à la base, alors que les présidents de fédérations, exclus des travaux de Yaoundé, avaient déjà eu à travailler sur le projet.
Réactions :
Didier Mveng Evina, président de la Fédération camerounaise de billard:«Je n’attends rien de ces travaux»
Je n’attends rien de ces travaux ; tous les présidents sont en train de rentrer. Est-ce que c’est normal qu’on parle du mouvement sportif, et que les présidents des fédérations soient absents ? Nous n’avons rien comme support. Mais des experts sont là, le public est là ; je vois même des anonymes venus des quartiers qui ont le support, mais pas nous. Pourtant, nous avons travaillé sur ces états généraux à l’hôtel des députés. On a débuté sur un certain nombre de préoccupations et nous savions que ces préoccupations seraient l’objet de débats en ateliers ici. Nous sommes frustrés. Ce qui nous frustre un peu ici c’est que tous les présidents de fédérations n’ont reçu aucun badge. Je dis, tous les présidents de fédérations. Nous sommes perdus. Nous ne savons pas dans quelles commissions nous devons travailler. Sinon, nous savons que nous avons déjà travaillé sur ces états généraux et nous attendons que les résolutions qui vont en découler soient appliquées.
Pius Ottou, observateur de la scène sportive camerounaise:«Que le déclic se produise»
Les états généraux du sport de 1996 ont permis d’avoir une Charte des activités physiques et sportives ; mais elle ne peut pas être appliquée efficacement parce qu’il lui fallait 16 textes d’application. Il faut que ces travaux permettent de regrouper la Charte à cinq ou six textes, qui permettent d’avoir une charte opérationnalisable, avec un programme d’opérationnalisation, un programme qu’on peut mettre en œuvre.. Je crois que c’est ce que les acteurs attendent. Parce le sportif vit mal pendant que les autres acteurs vivent bien. On dit généralement que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Pour faire des choses sérieuses et efficaces, on n’a pas besoin de 500 personnes. On aurait pu prendre cinq ou six personnes et les mettre au travail. Depuis 1996, on aurait pu prendre une approche stratégique, technique et opérationnelle pour que le sport au Cameroun génère de l’argent, que cet argent permette d’ériger des infrastructures. Que le sport ait un fonctionnement qui lui permette de durer et de produire des résultats. Souhaitons seulement que le déclic se produise. Je n’ai jamais vu dans le monde là où on veut faire de grandes choses avec autant de personnes. Il y a les problèmes alimentaires, de voyeurisme,… nous disons une seule chose : que le sport camerounais soit à la dimension du potentiel qu’est celui du Cameroun.
Propos recueillis par Lindovi Ndjio
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