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Beach Soccer : le Cameroun en vedette (19.10.2006)
La ville de Douala va abriter prochainement un tournoi international.
C’est au cours d’une conférence de presse donnée hier à Douala que le Français d’origine ivoirienne, Basile Boli a dévoilé les contours du Douala Beach Soccer, le projet qui l’amène au Cameroun. L’ancien international français qui a été nommé ambassadeur de cette discipline pour l’Afrique par la Fifa, lance ainsi un processus de vulgarisation du football de plage, via la Basile Boli Evenement (BBE), la structure de marketing et production audiovisuelle pour le sport, qu’il a créée il y a neuf ans. Les 24, 25 et 26 novembre 2006, la ville de Douala va se mettre résolument au beach soccer. Toujours est-il qu’à l’occasion du séjour de Basile Boli au Cameroun, CT aborde avec ce footballeur retraité de 39 ans aux facettes multiples, sa reconversion à la télévision comme consultant, son combat pour la promotion du football africain et la lutte contre le racisme sur les stades. Basile Boli se livre sans réserve.
Quel est l’objet de votre présence au Cameroun ?
Après ma carrière sportive, j’ai crée une société qui fait dans la production et le marketing sportif. Et dans le cadre de nos activités, nous organisons depuis quelque temps des tournois de beach soccer en Afrique. En Afrique, on joue au football à l’état nature dans la rue et sur les terrains vagues, quoi de plus normal donc que le continent puisse s’inscrire dans la mouvance de ce sport qui ne nécessite pas des infrastructures colossales. Je me trouve au Cameroun pour organiser un tournoi international de beach soccer. A titre de rappel, il y a quelque temps, j’ai insisté auprès de la Fécafoot pour que le Cameroun participe à la première CAN à Durban. Après moult négociations, le Cameroun y est allé et est devenu champion d’Afrique. Je m’en félicite. En tant que responsable de l’ " African Pro Tour " dont je suis le directeur technique, mon objectif est de permettre aux jeunes africains de s’intéresser à ce sport nouveau et convivial. J’ai été chargé par la Fifa d’assurer la promotion de ce sport en Afrique.
Peut-on avoir une idée précise des contours de la compétition que vous allez organiser ?
Il y aura quatre équipes : les anciens joueurs du Paris Saint germain, ceux de l’Olympique de Marseille, une équipe des anciens internationaux camerounais et l’équipe du Cameroun, championne d’Afrique à Durban. C’est un challenge demi-finale, finale. Le tournoi va se dérouler au stade Mbappé Leppé à Douala où on va aménager un espace avec quatre tribunes et une quantité suffisante de sable pour respecter les normes. En marge du tournoi, on va faire des formations pour les arbitres et des séances d’initiation pour les jeunes.
Parlons du football traditionnel. Quel regard portez-vous sur le football camerounais ?
J’ai de nombreux copains camerounais et si je vous ouvre vraiment mon cœur, ils vont me tuer, parce que je vais les chambrer. Plus sérieusement, je pense que le Cameroun est un vrai pays de football. Mais vu de loin, j’ai le sentiment que la Fédération camerounaise de football ne s’est pas assez impliquée dans l’encadrement des jeunes spécialement. Je sais qu’il y a de nombreux centres de formations qui ont été créés par des particuliers, mais il n’y pas un réel encadrement ou suivi des activités de ces centres. En Côte d’Ivoire par exemple, il y a eu une forte implication de la Fédération dans l’encadrement des jeunes à travers les centres de formations comme celui de l’Asec. Et aujourd’hui, on commence à récolter les fruits. Chez les Eléphants, il n’y a guère que Didier Drogba qui ne soit pas issu d’un centre de formation. De manière générale, je peux dire que le Cameroun a stagné, mais reste une équipe redoutable. Par ailleurs, je suis surpris du fait que le Cameroun n’ait jamais accepté d’accueillir une compétition internationale sur son sol. On aimerait tous venir ici pour apprendre la recette du succès camerounais. Il faudrait vraiment que les autorités camerounaises fassent quelque chose en ce sens.
Votre avis sur la rivalité sportive entre la Côte d’Ivoire et le Cameroun ?
La Côte d’Ivoire était à l’heure camerounaise lors de la CAN de 1984. Tous les Ivoiriens étaient
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fous du Cameroun, de ses footballeurs et de sa culture. Et au fil des années les Ivoiriens se sont posés la question de savoir ce qui faisait gagner les Camerounais. A partir de là, ils se sont mis au travail. Aujourd’hui, la fédération est très bien organisée et tout est mis en œuvre pour obtenir de bons résultats. En ce qui concerne la rivalité, je dirais qu’on se ressemble trop, sur le plan morphologique et même culturel. A partir de là, naît donc un challenge sain entre les deux peuples qui veulent toujours donner le meilleur d’eux-mêmes.
Les Camerounais vous trouvent pourtant trop chauvin et forcément trop injuste vis-à-vis du Cameroun ?
Et en Côte d’ivoire on trouve que je suis pro camerounais. Je suis né à Abidjan c’est vrai. Mais moi, j’aime particulièrement trois joueurs camerounais. J’adore Song. C’est un joueur fantastique. Un vrai guerrier. Il ne se laisse pas faire et n’a peur de rien. Maradona ou n’importe quel attaquant serait en face de lui qu’il ne se défilerait pas. Geremi, c’est la maîtrise de soi, c’est le calme, c’est le respect de l’adversaire. Il n’a presque jamais de gestes déplacés sur un terrain de football. Il est exemplaire. Quant à Samuel Eto’o, c’est une étoile. Il a quelque chose de magique sur le terrain. Il est vraiment très fort. Je pense qu’il peut encore faire plus que ce qu’il démontre actuellement. Je n’aurais pas aimé marquer un tel joueur. Il fait des ravages dans les défenses et est très altruiste.
Le ballon d’or européen sera bientôt désigné. Quel est votre pronostic ?
Je l’ai dit en Côte d’Ivoire sans me faire beaucoup d’amis vous imaginez bien, que pour moi, Samuel Eto’o mérite largement le ballon d’or européen. Il a été " pichichi ", il a gagné la liga, la champions League et lors de la dernière CAN, il a porté l’équipe du Cameroun tout seul. Il a fait une saison exceptionnelle. C’est vrai qu’il est blessé en ce moment. Mais depuis qu’il est à Barcelone et même avant, il a prouvé qu’il méritait autant de considération que Ronaldihno ou Beckham. D’ailleurs, je trouve qu’il est dix fois meilleur que Beckham. Eto’o c’est vraiment un super joueur et je serai content qu’il remporte le ballon d’or. Il le mérite.
Quelle est votre position par rapport au problème du racisme dans les stades ?
C’est le fait de quelques imbéciles qui sont dans chaque stade pour essayer de déconcentrer les joueurs noirs sur le terrain. Quant j’étais joueur cela me rendais plus fort. C’était la preuve qu’on avait peur de moi et qu’on cherchait à me déstabiliser. Mais il faut que les dirigeants prennent leurs responsabilités, parce qu’ils savent qui sont les fauteurs de trouble dans les stades. Mais ils hésitent à prendre des sanctions, parce qu’ils veulent être réélus. Par ailleurs, moi un mec comme Di Canio -joueur italien notoirement raciste-, si j’étais dans son équipe, je le frapperais même dans les vestiaires. Il est bête. Le football doit être débarrassé des imbéciles et des abrutis comme lui et les autres.
Vous avez été l’architecte d’un match de solidarité en faveur de Marc Vivien Foé. Qu’est ce qui vous a motivé?
Je garde de bons rapports avec la veuve de Foé. Lors des fêtes ou toute autre occasion je peux me permettre de l’appeler. Le match que j’ai organisé en 2003, n’était pas un business pour moi. Le jour où Foé est décédé, c’est ma fille qui m’a annoncé qu’un joueur camerounais était mort sur le stade. J’étais bouleversé et j’ai pleuré. Je me suis dit que ça aurait pu m’arriver à moi, à mon frère Roger ou à tout autre joueur africain. Et quand la ligue de football professionnel française m’a contacté pour l’aider à organiser ce match, j’ai sauté sur l’occasion. C’était comme si on me demandait d’enterrer un frère. Malheureusement la ligue et le club de Lyon se sont désistés et j’ai hérité tout seul de l’affaire. J’ai été scandalisé et j’ai décidé d’organiser ce match à tout prix. Je suis allé voir Zidane, Beckham et les stars du Real qui ont donné leur accord pour m’accompagner. En fin de compte, nous avons bénéficié de l’adhésion de beaucoup de joueurs et nous avons rendu un bel hommage à Foé et j’en suis heureux. Lui ou un autre Camerounais aurait pu faire la même chose pour moi.
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