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Gestion de la Fenassco : Le sport scolaire en sursis (13.04.2005)
Les jeux scolaires qui se déroulent depuis lundi à Bertoua ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Jadis très animés parce que bien organisés, ceux-ci ont perdu de leur superbe. On accuse les chefs d’établissement et les administrateurs de la fédération de détourner les fonds alloués à ces jeux.
Il y a quelques années, c’était un privilège et un plaisir pour les jeunes des établissements scolaires de la République de participer aux finales nationales des jeux de la Fédération nationale du sport scolaire (Fenassco). Mais cet enthousiasme disparaît progressivement. En témoigne le nombre d’athlètes, d’encadreurs et de disciplines qui ne cesse de maigrir au fur et à mesure qu’on progresse dans le IIIe millénaire. Cette logique de diminution des effectifs s’est encore confirmée pour l’édition 2005 par l’absence de la plupart des jeunes ayant passé le cap des finales provinciales et régulièrement admis à compétir dans le chef-lieu de la province de l’Est, Bertoua, qui abrite cette année les finales nationales de la Fenassco B (enseignement secondaire). Jusqu’au week-end dernier, c’est-à-dire à un jour du démarrage des compétitions, seulement 600 personnes environ avaient déjà rejoint Bertoua. Ainsi, plusieurs délégations n’avaient pas encore fait acte de présence. Par ailleurs, seulement cinq disciplines sportives sur une douzaine sont au programme.
C’est que le triste souvenir des éditions précédentes reste encore gravé dans la mémoire des chefs d’établissements, des encadreurs et des athlètes. Ils ont dû, au cours des éditions passées, mettre la main à la poche pour financer leur transport et parfois leur nutrition, sans pour autant être remboursés par la fédération à qui en incombe la responsabilité. En effet, les conditions dans lesquelles se déroulent aujourd’hui les jeux ne sont pas des plus enviables. Et la raison que la fédération avance pour justifier ces insuffisances c’est le manque de moyens financiers. Pour l’édition 2005, il est prévu un budget de Fcfa 10 millions. Lorsqu’on essaye de diviser ce budget par le nombre de participants qui selon les textes est de 1000, on se rend compte que chacun d’eux devrait avoir droit à des services équivalents à une somme de Fcfa 10.000 ; ce qui est absolument insuffisant pour une compétition d’une semaine.
Bertoua, le budget
de la misère
Dans cette répartition, on n’a même pas évoqué les frais de transport – sachant qu’il y aura des représentants de toutes les provinces avec les distances que l’on sait – les primes des encadreurs, les frais de mission des administrateurs de la fédération, les primes de matches des athlètes, les trophées, la logistique, le déplacement urbain, l’animation sur le lieu de l’événement, la communication, etc. A la limite, ce budget 10 de Fcfa millions semble insignifiant, surréaliste. Nombre d’observateurs se sont en effet demandés si les responsables de la fédération ne veulent pas “ se moquer ” des élèves. Cela est d’autant plus difficile à comprendre que la Fenassco est considérée comme étant la fédération la plus riche en théorie et même dans la réalité. Car en dehors des prélèvements faits sur la contribution exigible des élèves, la fédération dispose de façon réglementaire, d’autres sources de financement.
De la contribution exigible des élèves de l’enseignement normal et secondaire général et
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technique, public et privé confondus, 150 Fcfa sont dégagés pour financer la Fenassco au premier cycle et 170 Fcfa au second cycle. Chaque élève de la République, qu’il soit athlète ou pas, est tenu de verser cet argent qui est directement prélevé des frais obligatoires de scolarité et réparti comme suit : 45 Fcfa pour la Fenassco départementale, 35 Fcfa pour la provinciale, au 1er cycle d’une part, et 50 Fcfa pour la Fenassco départementale, 40 Fcfa pour la provinciale, au 2nd cycle d’autre part. Les quotes-parts qui reviennent à la Fenassco nationale, celle qui organise les jeux de Bertoua, sont donc de Fcfa 70 et 80 Fcfa, respectivement pour chaque élève du premier et du second cycle. Sachant que l’enseignement secondaire et normal a une population de 1.025.657 élèves répartis dans 1.759 établissements, l’argent que la Fenassco attend au niveau national avoisine les 90 millions Fcfa. On comprend dès lors que près de 80 millions ont ainsi été détournés de leur vraie destination. Comment comprendre cela ?
Mort lente
des jeux scolaires
En réponse à cette question, on pointe généralement un doigt accusateur sur les trésoriers provinciaux qui collectent les fonds provinciaux et nationaux. Ces derniers refilent souvent la responsabilité aux délégués départementaux qui à leur tour mettent en cause les chefs d’établissements – surtout du privé – qu’ils accusent de ne pas verser leurs quotes-parts. Certes il y a une faiblesse dans le recouvrement des fonds du privé, mais ces établissements ne constituent pas plus du tiers des institutions d’enseignement secondaire au Cameroun. Où passent donc les sommes recouvrées dans les établissements publics sur lesquels les délégués ont la mainmise ? L’an dernier, la majorité des responsables de la chaîne de collecte a affirmé avoir placé l’argent à la Caisse d’épargne postale qui, comme on le sait, était en cessation de paiement. On aurait pu croire que la situation serait améliorée cette année. Que non ! Ainsi, les responsables de la Fenassco rejettent la responsabilité de cette situation sur les dirigeants des services des ministères en charge des enseignements.
Mais l’analyse de la situation permet de constater qu’ils ont une grande part de responsabilité dans cette déchéance. On se rappelle qu’aux jeux de Garoua, la gestion de la trésorière avait été vivement contestée et on l’accusait d’ailleurs ouvertement de s’être entendue avec le président de la fédération pour détourner de l’argent. Même si le président s’est débrouillé à l’époque pour se blanchir, il reste vrai que la gestion des fonds de la Fenassco qui occasionnait souvent des tiraillements entre l’ex-Mineduc et l’ex-Minjes, n’est pas toujours claire. Le contrôle financier, s’il existe, doit probablement être assez laxiste. Par ailleurs, les dirigeants de la Fenassco semblent paresseux ; ils ne se gênent pas pour explorer les autres sources de financement qui leur sont ouvertes par voie légale et réglementaire. Ils savent seulement qu’ils ont une boite à pandore qu’ils entendent exploiter à fond pour des fins qu’eux seuls peuvent élucider.
Cette attitude, encouragée par l’impunité généralisée du système, contribue à tuer le sport scolaire duquel on attend pourtant les espoirs qui remplaceront les Lions de demain.
Par Alexandre T. Djimeli et Laure Ngatsing
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